Le graphiste Claude Baillargeon vient de mourir à 67 ans, . Cet autodidacte était l’une des figures les plus engagées du graphisme français, et un adversaire résolu de la publicité.
Voir en complément l'hommage de Pierre Laurent PCF
Voir aussi l'exposition virtuelle du PS et l'hommage de Jean Daniel
« Je me considère comme affichiste et comme photographe. En un mot, on pourrait dire photographiste »
Claude Baillargeon
L'image est une rencontre qui interroge et dérange. Il m'est impossible de parler de mes images sans parler de mes idées pour la bonne raison que mes images sont l'expression de ce que je pense.
Je me considère comme affichiste et comme photographe. En un mot, on pourrait dire photographiste. Prendre une photo, c'est conserver la trace d'un lieu et d'un moment, c'est une mémoire vitale dans un monde où tout disparaît de plus en plus vite.
Un jour, à la campagne, j ai découvert un arbre enchaîné que je me suis empressé de photographier. La nature dans laquelle j'ai grandi et que je respecte, est pour moi une source d'inspiration inépuisable.
Malheureusement, je n'ai pas toujours la chance de trouver dans la rue ou dans la nature des images qui illustrent mon propos. C'est pourquoi je recours souvent au photomontage qui permet d'oublier la frontière entre la fiction et le réel.
Je crée mes images à la manière d'un prestidigitateur et le meilleur compliment qu'on puisse me faire, c'est de me demander comment je m'y suis pris.
Certaines personnes pensent que je travaille avec un ordinateur. L'ordinateur, c'est ma tête.
En complément :
Décès de Claude Baillargeon : réaction de Pierre Laurent
Claude Baillargeon, le grand affichiste, nous a quittés pour rejoindre ses maîtres et amis, Roman Cieslewicz et Hector Cattolica.
Il avait mis son talent au service du Parti socialiste dans les années 70. Après 1981, la cohabitation était devenue impossible, entre l'artiste, les agences publicitaires et les puissances de l'argent attirées par le pouvoir. Claude Baillargeon avait alors travaillé pour des organisations œuvrant pour l'émancipation dont les municipalités communistes, pour des musées, pour Graphisme dans la rue à Fontenay et des théâtres. L'homme était modeste mais ses images de l'affiche réalisée pour la libération de Mandela à la série de Bagnolet, marquaient les militants qui les collaient comme ceux et celles qui les regardaient. Ne pouvant plus faire face à son loyer, il est expulsé, de son atelier du Faubourg Saint Antoine à Paris. Il part se réfugier à Hermet en Mayenne où il se consacre, presque en ermite, à son jardin et sa maison.
Tout cela se passait avant l'essor d'internet ; l’œuvre de papier, non numérisée, de Claude était menacée de disparaître. C'est pourquoi, un collectif de graphistes dont ses amis de Grapus, a organisé l'année dernière une grande rétrospective de l’ensemble de sa production au siège du Parti communiste, dans l'écrin de Niemeyer, puis à Laval, tout près de chez lui. Depuis, ses créations, alliant politique et poésie, ont retrouvé leur place au sein du graphisme, montrées dans les écoles, présentes à l'exposition Graphisme contemporain et engagement(s) à la Bnf, à Internationales Graphiques de la BDIC... Ultime hommage, sa dernière affiche, Austérité, commandée par le PCF, est aujourd'hui sur les murs de France.
Sa disparition nous remplit de tristesse. Nous transmettons nos condoléances à toute sa famille des deux rives de l'Atlantique, à ses amis et aux graphistes qui l'aimaient.
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