Figurez-vous qu’il y a de l’eau dans le « Marais mouillé » ! Beaucoup d’eau ! même que ça « inonde ». Le naïf lecteur pourrait se dire qu’un marais inondé quand il pleut beaucoup, ça n’a rien d’extraordinaire. Mais nos agriculteurs ne l’entendent pas de cette oreille. Et selon le bon principe privatisation des profits et socialisation des pertes, ils ne vont pas tarder à réclamer des indemnisations.
Le Marais Poitevin, si on en croit un spécialiste, se divise en quatre zones :
->Les terres "hautes" des îles : altitude inférieure à 20 m.
->La frange maritime : les prés salés, inondés aux grandes marées.
->Le marais desséché sans arbres et réservés à la grande culture mécanisée.
->Le marais mouillé, inondable, sur une surface sillonnée de canaux.
Et comme l’explique M. G., éminent prof de SVT (Sciences de la Vie et de la terre) « L'eau qui s'écoule dans le marais est en grande partie fournie par les nappes phréatiques de la plaine Luçon-Niort, les rivières étant déjà canalisées ; bien évidemment l'hiver, les précipitations abondantes font monter le niveau des nappes et alors la bordure du marais reçoit davantage d'eau : nos anciens avaient observé cela et prévue une zone d'écoulement, très lent étant donné la platitude du marais, avant la récupération de ces eaux au niveau des canaux dits de ceinture. Ainsi, par ces canaux de ceinture, ils ont délimité 2 zones de marais (pour faire simple) : une zone inondable appelée le marais mouillé, avec des prairies « humides » s'enrichissant des inondations hivernales et jouant un rôle de filtres pour l'eau, et une zone sans inondation entre les canaux de ceinture et les digues de la mer, propice aux cultures, en particulier céréalières. » A noter que les rendements céréaliers sont des plus élevés ! Et que cette petite Beauce se partage entre quelques gros agrariens.
Mais, les prairies du marais mouillé ont laissé de plus en plus la place à des cultures, en particulier du maïs avide d’eau.
On a en quelque sorte remplacé l’éponge végétale des prairies par l’évier d’un sol semé beaucoup moins perméable. Un pari rentable tant que les précipitations sont modérées et la nappe phréatique plutôt basse. Mais qui devient perdant quand la nappe phréatique étant rechargée, les précipitations sont plus abondantes.
« L'évaille de février vaut du fumier » ! ce dicton maraîchin ne semble pas du goût de nos agriculteurs vendéens qui, eux, mettent en accusation, l’évacuation, à leurs yeux insuffisante, des eaux vers la mer. Qu’importe si une trop forte arrivée d’eau douce nuirait aux conchyculteurs de l’anse de l’Aiguillon ! Les propos vengeurs de nos propriétaires contrastent avec le ton serein d’un article de la Nouvelle République dans les Deux-Sèvres où " l'évaille " s'installe dans une douce tranquillité. Mais il parle du marais qui appartient à tous et cette inondation, contrairement à ce que clament nos agriculteurs, est le présage d’une herbe abondante ; le pêcheur lui pense que la crue est propice aux brochets.
D’un phénomène classique, irrégulier comme tout phénomène climatique, mais prévisible, nos « agriculteurs du marais » veulent faire croire à une calamité. Et surtout due à une mauvaise gestion commandée par les écologistes qui imposent leur diktat. Ils réclament déjà des ouvrages adaptés à leurs propres exigences. Autrement dit, ils veulent profiter de tous les avantages que peut procurer le marais mouillé, mais sans en subir les aléas. Oubliant d’ailleurs que si le marais mouillé ne jouait plus son rôle tampon les catastrophes naturelles deviendraient bien calamiteuses.
Une logique productiviste agressive caricaturale. Et qui fait fi de l’intérêt général.
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