La perfide Albion, en tout cas sa presse, a redoublé d’attaques sournoises et vicieuses à l’occasion de la révélation par un journal de caniveau, au titre anglo-saxon, d’une liaison présidentielle avec une actrice-productrice, au délicieux prénom de Julie !
Donnons acte aux journalistes britiches de la pertinence de leur critique de ce cérémonial désuet baptisé « conférence de presse ». Conférence est un mot polysémique, et les quarante minutes introductives, « cette forme de monologue à haute voix, en présence de centaines de personnes » (R. Rolland) relève de l’exposé magistral. Pertinent encore quand, en toute confraternité, ils ironisent sur la déférence quasi obséquieuse de leurs collègues français.
"Après plus de 40 minutes de monologue de Hollande, est venue la première question" (posée par Alain Barluet, journaliste du Figaro président de l'association de la presse présidentielle) "Les journalistes français ont retenu leur souffle, fait la grimace et se sont baissés derrière leurs ordinateurs portables. Barluet allait-il presser le doigt sur la gâchette ?" écrit une journaliste du Guardian. "Je me demande si cet homme est le valet du Président", commente celui du Daily Telegraph. Après la question "Valérie Trierweiler est-elle encore la première dame de France ?" la journaliste du Guardian semble surprise que F. Hollande se retranche derrière sa vie privée.
Sorry, Madam ! dans notre peuplade dévergondée, de fait, on admet que chacune et chacun aient droit à un petit enclos dit de « vie privée ». Enclos qui se réduit, de fait, sous l’hégémonique influence anglo-saxonne. Les révélations de ce « Closer » - hommage évident à votre presse de caniveau – le démontrent.
"Cela se serait-il passé comme cela en Grande Bretagne ou aux USA ?"
Et le même Guardian d’évoquer l’affaire Kelly. David Kelly, inspecteur de l’ONU en Irak, était le principal informateur de Andrew Gilligan, journaliste de la BBC, pour son enquête sur la falsification d'un rapport de septembre 2002, par le gouvernement britannique de Tony Blair, sur les prétendues armes de destruction massive irakiennes. Il avait été retrouvé mort à son domicile, en juillet 2003. Officiellement suicidé. Jonathan Oliver, journaliste du Mail on Sunday avait demandé brutalement au Premier ministre Tony Blair, "Avez-vous du sang sur les mains, monsieur le Premier ministre ?"
Le rapprochement avec des galipettes, fussent-elles présidentielles, est quelque peu indécent.
"Quand leur chef d'Etat est pris dans le plus gros scandale qui ait frappé un politique depuis l'affaire Clinton/Lewinsky, les journalistes s'intéressent seulement à la Sécurité Sociale" écrit le Telegraph.
Eh oui ! Il y a bien un océan entre journalisme à l’anglaise ou à l’étatsunienne et journalisme à la française, qui traduit d’ailleurs l’heureuse distance entre puritanisme inquisiteur et indulgence amusée des opinions publiques. Qu’une gâterie d’une jeune stagiaire, même dans l’enceinte de la Maison Blanche, puisse aboutir à une procédure d’impeachment, il est vrai sous prétexte de mensonge, est quelque peu sidérant pour un français. Et comme le remarque Joffrin dans son édito du 16/01/14, il est frappant de voir que le mensonge de Bush (avec son complice Blair) sur des armes de destructions massives en Irak, qui a abouti à des dizaines de milliers de morts et laissé le pays dans un pire état, n’est pas considéré comme un scandale monstrueusement plus gros qu’une fellation furtive qui n’a provoqué de heurts que conjugaux.
Le sérieux de la presse britiche éclate au grand jour quand, sur la foi d’un touitte d’un internaute, le Daily Mail demande "La maitresse de Hollande est-elle enceinte ?" Daily Mail qui en rajoute une couche : "Les journalistes français n'ont pas osé lui demander pourquoi il avait choisi un appartement lié à la mafia corse" (information controuvée de Mediapart).
Mais la palme revient sans conteste à Christina Odone du Telegraph qui écrit qu'Hollande marche sur les traces de Berlusconi, en devenant, simplement, après Edgar Faure, François Mitterrand et Valéry Giscard d'Estaing "le dernier en date et le plus ignoble des politiciens libidineux".
Ce qui prouve que chez les rosbifs, comme chez les froggies, le ridicule ne tue pas.
La conférence de presse, n’en déplaise à la presse anglaise, a heureusement porté sur les thèmes pour lesquels elle était réunie. Et qui sont bien au cœur des préoccupations de beaucoup de français. Emploi, protection sociale, droit de mourir dans la dignité… méritent peut-être plus d’attention que la découverte d’une liaison présidentielle. Qu’on ne peut d’ailleurs qualifiée d’extra-conjugale, puisque le promoteur du mariage pour tous est allergique à la bague au doigt.
Et puisque les arrogants journalistes cherchent des poux dans le crâne présidentiel, rappelons-leur qu’ils se sont accommodés d’un Prince héritier, Charles, qui cocufiait allégrement sa belle Diana, chère à la presse du cœur avant d’être la proie des tabloïds, avec une divorcée. Divorcée qu’il épousa après avoir lui-même divorcé : dégradation des mœurs, il n’a pas été rayé de la succession, alors que son grand-oncle Edouard VIII dut abdiquer pour avoir lui-même voulu épouser une divorcée (il est vrai récidiviste et étrangère, ce que n’est pas Camilla).
Faut-il aussi leur rappeler les frasques de leur Prince Harry ?
Mme Christina Odone ose-t-elle traiter Charles et son fils Harry de libidineux ?
Source : Hollande face à des journalistes déférents (presse GB)
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