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14 août 2017 1 14 /08 /août /2017 10:46
Mélenchon est grand, Askolovitch est son prophète !

Autant Claude Askolovitch peut être bon, voire excellent, dans ses billets sur 28 minutes (Arte) le vendredi, autant ce style ciselé devient procédé quand il s’étale sur près de 13 feuillets ! Et il fait plus que friser le ridicule dans ce panégyrique quasi extatique de Mélenchon.

Ça démarre fort : son héros, 66 ans, lui dit sans fausse modestie : « J’ai le cerveau d’un homme de 30 ans… » Quant au désir sexuel : rassurez-vous, pas de problème. Ce mâle de Méditerranée – fils de pied-noirs algériens, il est né dans une Tanger encore ville internationale, celle de Kessel : Au Grand Socco –si l’on comprend bien n’a pas besoin de petite pilule bleue.

Et devinez, brave gens, à qui le grand homme donne des conférences impromptues dans les couloirs de l’Assemblée ? On vous le donne en mille, on vous le donne en cent… vous séchez ? et bien aux députés d’En Marche ! et il emploie des mots "dont il est le seul à conserver le son" (sic) tels que jubilation morbide. Que Mélenchon aime s’écouter parler, tous ceux qui ont vu la vidéo de la découverte de l’Assemblée par les députés insoumis l’ont constaté. Comme ils ont pu constater son mépris du petit personnel.

Mélenchon est grand, Askolovitch est son prophète !

Mais là où Asko fait fort c’est dans la description de la jeunesse quasi misérable du futur grand homme. « Dans les années 1970, il est un journaliste de province sans situation stable. C’est pour survivre qu’il s’expatrie en Essonne, apparatchik à Massy, ville socialiste. C’est pour vivre libre qu’il se fera élire sénateur, en 1986. » Ben voyons ! en quelque sorte un immigré économique, fuyant la misère du Jura, pour, contraint et forcé, devenir, lui, l’ex-OCI, secte trotskyste à laquelle appartenait aussi Jospin, directeur du cabinet de Germon, Maire de Massy. Comme si à Besançon ou Lons-le-Saunier, de prof à journaliste, il était réduit à la soupe populaire. Foutaise.

De la détestation

Quand à se faire élire sénateur, ça démontre de sa part une habileté tactique remarquable pour être désigné candidat et devenir, en son temps, le benjamin de la chambre haute.  « Le Sénat est plus qu’une anecdote dans la vie de Mélenchon. » écrit, sans rire, notre apologiste. Il n’y aura, en effet, siégé que 20 ans ! Et le pauvre a donc dû tenir, n’ayant « plus aucune perspective, d’un point de vue révolutionnaire. La seule chose qui me donnait une identité, c’était de désigner l’ennemi. » Et il va se complaire dans la détestation. Et ce mitterrandiste, champion des petites guéguerres de courants, va se trouver des ennemis  surtout dans son propre camp, s’en prenant en 1988, au premier ministre Michel Rocard.

Mélenchon est grand, Askolovitch est son prophète !

« Au printemps 2000, Lionel Jospin, Premier ministre, le faisait ministre délégué à l’Enseignement professionnel. (…) Mélenchon était le garant des enfants de la classe ouvrière. Il dénonçait les faux-semblants du collège unique et émanciperait par le travail manuel. » Le dithyrambe atteint le sublime et, en même temps, révèle, outre l’enflure du personnage qui se pose en garant des enfants de la classe ouvrière, sa conception rétrograde de l’éducation (pour autant que l’apologiste ne projette pas ses propres préjugés, à l’encontre du collège unique, sur son personnage).

Vive le mélodrame où Asko a pleuré !

Il nous décrit, après la défaite de 2002, un Mélenchon en miettes ! Et il veut nous faire croire que cet apparatchik, ex-premier secrétaire de sa fédération, rompu aux petites vacheries internes (Mme Lienemann pourrait en témoigner), cherchant à se parachuter sur Paris, aurait été accablé par le refus méprisant de Delanoë et d’Hollande de lui offrir une circonscription législative.

Il se consolera en se faisant réélire au Sénat.

"On mesure bien quelle apoplexie de l’esprit a été la mode tactique du consensus. Ce mot, qui sonne comme un résumé de film porno, provoque en réalité une paralysie des organes critiques du citoyen." Outre l’enflure habituelle du style mélenchonnien, sa pensée profonde, cette haine du consensus – en fait derrière ce mot, sa haine du compromis qui est le ciment de toute démocratie  - révèle sa volonté d’imposer son seul point de vue. Et révèle aussi un contre-sens sur le mot qu’il cible : le consensus ne se recherche que dans un domaine déterminé – ainsi des ‘conférences de consensus’ sont-elles réunies sur des thèmes sociétaux – et n’implique donc pas un mol assentiment global.

Mélenchon le latino

 « Mélenchon, traité en France comme quantité négligeable, est respecté dans le monde latino. Il contribue autant qu’il y apprend. » La complainte du mal-aimé, joué en 2002, devient une constante. Mais, heureusement, l’Amérique latine reconnaît son génie. Et il n’hésite pas, invité à un colloque en Argentine où il rencontrait Laclau et Mouffe*, à leur faire la leçon : "Les Argentins parlaient d’un monde multipolaire, je leur ai opposé le modèle français d’un monde unifié : ils ont vu ce qu’était un jacobin !

Mélenchon est grand, Askolovitch est son prophète !

Là où on atteint le sublime c’est quand le glorificator nous décrit  la rencontre, en 2006 de ce laïque, franc-maçon, avec Hugo Chávez, réélu à la présidence vénézuélienne, qui « en appelait au "camarade Jésus". C’était sa première rencontre avec le Comandante. Mélenchon deviendrait son avocat, en dépit de ses dérives : il avait aimé, chez ce militaire en chemise rouge, la rencontre du charisme et du chaos, le sentiment de l’histoire et l’idée d’une révolution pour les pauvres. Chávez convoquait Bolívar comme lui revendiquait Robespierre. »

Tout est dit et la suite du même tonneau va nous expliquer que son ni-ni au deuxième tour des présidentielles – ni Marine Le Pen, ni macron – était « une posture vertueuse ».

Mais là Claude Askolovitch donne dans l’imposture !

 

 

* Ernesto Laclau (1935-2014) et sa collègue et compagne Chantal Mouffe sont de penseurs gramsciens qui ont inspiré Syriza et Podemos.

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