Deux sondages, à peu de temps d’intervalle, portant sur le même thème Les Français et l’école, réalisés par le même institut (tns SOFRES) avec un questionnaire proche au départ, aboutissent à des résultats significativement différents : le 6 septembre* 89% des parents se disaient satisfaits (voire très satisfaits) de leur école ; le 26 et 27 septembre ils n’étaient plus que 59% à trouver la qualité de l’école satisfaisante.
Certes la question était plus centrée dans le 2e cas.
Certes la méthode d’enquête divergeait aussi : sondage téléphonique de 4000 personnes de plus de 15 ans élèves, étudiants et parents d’élèves le 6, sondage en tête-à-tête, à domicile portant sur un échantillon de 1000 personnes de 18 ans et plus les 26 et 27.
Mais ça n’explique pas la perte en ligne de 30 points, en à peine trois semaines.
La seule conclusion sûre sera qu’une majorité de parents(et dans les deux cas plus encore les parents de maternelle 94 % et 64%) sont satisfaits de l’école.
Un des chevaux de bataille des déclinistes – la formation des enseignants – ne semble pas (avec bien sûr toutes les précautions qu’implique ce qui précède) accrocher l’opinion des parents qui à 88% l’estiment satisfaisante.
Le second sondage présente une fiche technique (http://www.lefigaro.fr/assets/pdf/france2_ecole.pdf) avec des tableaux détaillés. Leur analyse (rapide et non exhaustive) n’est pas dépourvue d’intérêt.
Les taux de satisfaction les plus élevés sont dans la tranche d’âge 25-34 ans et toujours plus élevés que l’ensemble pour les tranches de 18 à 49 ans, les taux de satisfaction les plus bas sont dans la tranche 50-64 (48%) et restent inférieurs à la moyenne pour les 65 ans et plus (49%) : autrement dit les moins concernés – les pépés et les mémés – sont les moins satisfaits. La satisfaction croît avec le niveau d’études : de sans diplôme ou certif à 51% jusqu’à enseignement supérieur 60%. On trouve une minorité de satisfaits aussi bien chez les électeurs PCF (44%) que FN (45% et avec 20 % de très insatisfaits).
Chez les parents d’élèves le taux de satisfaction décroît de la maternelle au lycée de 64 à 44% (le collège toujours présenté comme le ventre mou de l’école s’en tire à 50 %).
Ces mêmes parents jugent satisfaisante la qualité de l’enseignement à 69%. Mais le soutien des élèves en difficulté ne leur semble pas satisfaisant à 55%. Le respect de la discipline par les élèves (c’est-à-dire leurs enfants) est aussi estimé insatisfaisant à 68 %. A noter que les non parents sont partout plus sévères pour l’école.
Sur l’utilisation des nouvelles technologies, pour un taux de satisfaction global de 59% ce sont les plus jeunes (18-24 ans) qui sont les plus satisfaits avec 70%, les moins enthousiastes étant les plus âgés (65 ans et +) avec 50% (1/3 se réfugiant prudemment dans les sans réponses).
Pour le nombre d’élèves par classe l’insatisfaction domine, mais ce sont les électeurs PC qui pulvérise les records avec 97% d’insatisfaits (de Peretti avait fait une étude là-dessus démontrant que la question de l’effectif de classe n’était pas déterminante).
Si de forts écarts peuvent exister dans deux sondages proches d’un institut considéré comme sérieux, il faut, a fortiori, se méfier de nouvelles officines qui procèdent à des sondages par Internet. Là on a affaire à du charlatanisme (le taux de couverture Internet est autour de 50 %, sans parler d’une fiabilité des réponses très fragile). Ainsi quand le sieur Pernaut, de TF1, reprenant un sondage publié dans Le Figaro, proclame que 69% des Français demandent de ne pas céder aux revendications des grévistes, il émet une contre-vérité. Quant aux sondages (ou pire, voir en Suisse : les votations) qui portent sur des questions techniques – lecture, grammaire, évaluation… - ils ont autant de valeurs que ceux qui porteraient sur la meilleure façon de soigner l’asthme ou le diabète !
* http://www.tns-sofres.com/etudes/pol/060907_ecole.htm
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