Scandale chez les bigots de Challans (Vendée) : la municipalité fait retirer des affiches du diocèse ! La RATP, coutumière du fait, interdit d’affichage « Les prêtres » chanteurs. Et pour un film, les grands groupes d’affichage style Decaux ont refusé une affiche associant un prêtre à une capote !
« Je suis Charlie » ? Et mon cul, c’est du poulet ?
Affiche du diocèse de Luçon
Colère des chaisières et des grenouilles de bénitiers à Challans. Sur plainte de mécréants sans doute, la municipalité fait retirer des affiches du diocèse – style « reborn », pour vanter le baptême - des panneaux publics. En effet, après relecture de la convention liant la ville à l’annonceur qui les utilise, le maire, fort marri, s’est aperçu qu’elle spécifiait que «le prestataire aura le droit exclusif d’apposer, sur les façades réservées à cet effet des mobiliers, toute publicité qui néanmoins ne devra avoir aucun caractère politique, confessionnel ou contraire aux bonnes mœurs et ne devra pas gêner la visibilité des usagers». (Ouest-France 31/03/2015)
Pas de quoi donc crier à la censure : une décision conforme à la loi de 1905.
Décision apparemment semblable de la RATP envers une affiche de concert du groupe « Les prêtres » au bénéfice des « chrétiens d’Orient », puisque Métrobus chargé de l’affichage indique dans ses conditions générales de vente « l’interdiction de publicité à caractère politique et confessionnel [dû] en particulier au principe de neutralité du service public, lequel s’impose à Métrobus dans la mesure où ses supports publicitaires sont présents sur le domaine public de l’État affecté au service public des transports ».
Le très mondain évêque Di Falco qui plastronne, croix épiscopale en évidence, au milieu de ses trois curetons adeptes de la calotte chantante s'insurge contre une règle à géométrie variable en matière de laïcité. "Je demande le même traitement pour tous. Si, il n'y a pas eu de soucis avec l'annonce du film "Qu'Allah Bénisse la France"*, je ne vois pas pourquoi il y en aurait avec la mention "chrétiens d'Orient" sur notre annonce de concert."
Cependant, un député radical de gauche, Joël Giraud, proteste : "Je suis laïc, pas catholique**, mais là c'est de l'abus de qualification (…) J'ai été sidéré par une telle décision, car je ne vois pas en quoi un concert qui a pour objet de venir en aide à un peuple victime d'un génocide que dénonce avec force le gouvernement peut être une entorse à la laïcité". (L’Express)
De fait, deux décisions apparemment semblables peuvent susciter des points de vue divergents. Malgré la faconde de Di Falco et sa croix ostentatoire, l’objet même du concert eût dû amener la RATP a un peu de réflexion.
Il est vrai que la censure est un réflexe de Métrobus. Etienne Daho en fut victime. Stéphane Guillon aussi et bien d’autres.
* La bonne foi du monseigneur de salon est assez relative, car le film est tout sauf islamique puisqu’il reprend en fait la biographie d’Abd-el-Malik. Et, à ce jeu, il aurait fallu interdire l’affichage de « Qu’est-ce que j’ai fait au bon dieu ? »
** L’opposition de fait entre laïque et catholique est surprenante : les deux notions ne se situent pas sur le même plan, un laïque pouvant être athée, musulman, boudhiste, agnostique, protestant, catholique…
Version italienne
Version allemande
La dernière affaire concerne un film Croate, vendu dans 35 pays, bardé de prix, dont le titre en anglais est The Priest’s children : Les enfants du Prêtre. Un curé nommé dans une île qui se dépeuple, perce les capotes, tandis que le pharmacien complice remplace la pilule par des vitamines…
L’affiche de la version anglo-saxonne est très sobre mais austère. Celles de la version espagnole, plus fantaisiste correspond sans doute mieux à la dinguerie joyeusement anticléricale du film. A noter que les ibères reprennent le titre.
Les affiches italiennes et allemandes gardent la thématique soutane-épingle-capote, même si, en Italie la capote reste dans son étui.
En France, au pays de « Je suis Charlie », ce film soutenu justement par Charlie-Hebdo, va connaître une censure de fait de la part des grands groupes d’afficheurs.
Les différentes versions de l'affiche française
Le titre d’abord, plus d’enfants de curé ou de prêtre, mais une « Bonté divine » assez peu explicite. Avant même Decaux et les autres, nous raconte le distributeur dans Charlie (01/04/2015), c’est le magazine Têtu qui objecte que montrer qu’on peut percer une capote pouvait être interprété comme une incitation à ne pas utiliser le préservatif ! Exit donc l’aiguille. La croix à sa place ! Mais du coup pour Decaux, MediaKiosque et Media Transports, les afficheurs, la capote associée à un prêtre, ça leur flanquait des boutons. Nouvel essai avec la capote dans son emballage, au lieu d’être déroulée, nouveau refus.
Finalement, un visuel qui gomme complétement le ressort comique de l'histoire, si ce n’est un petit dessin de Charb, qu’il faudra cependant ôter pour un des trois afficheurs.
Inutile de dire que la censure de la RATP a provoqué des échos dans les médias avec dénonciation véhémente de l’intégrisme laïcard. En revanche, la censure privée, sans aucune autre base que l’arbitraire des afficheurs, à l’encontre de « Bonté divine », n’a eu d’autres échos que Charlie, bien sûr, et … Schneidermann.
Jeanne-Emmanuelle Hutin, la fifille à papa du journal, surnommée «Buisson Ardent» par les mauvaises langues de la rédaction d’Ouest-France, et la «Nouille de bénitier» par le reste du monde, y va de son prêchi-prêcha dominical. « Pâques et libertés » donc. Et, sans vergogne, elle assène d’abord un mensonge : « Le diocèse de Vendée a dû retirer sa campagne de communication sur le baptême au nom de la laïcité ». Avec son saint sens de l’amalgame, elle avait œcuméniquement évoqué un rabbin prié d’enlever sa kippa pour voter au 1er tour des départementales. Puis elle nous donne évidemment du Di Falco à propos du refus de Metrobus d’accepter l’affiche du concert des Prêtres en faveur des Chrétiens d’Orient.
Lit-elle Ouest-France ? On peut en douter, car sinon elle saurait que les affiches du diocèse de Vendée n’ont été retirés que des panneaux municipaux de la ville de Challans – et non des panneaux commerciaux – et cela au nom de la convention liant l’afficheur à la ville.
L’excès de zèle d’une assesseure PCF à Toulouse à l’encontre d’un rabbin –sottise certes – n’a pas empêché celui-ci de voter.
Quant à Di Falco, s’il avait su faire preuve d’un minimum de modestie en ne s’affichant pas avec sa croix pastorale ostentatoire au milieu de ses prêtres chanteurs, il serait mieux placé pour s’en prendre à un « intégrisme laïc » qui, d’ailleurs, n’est que l’application de règles claires, les mêmes qui ont obligé le maire de Challans – volens, nolens – à faire retirer les affiches du diocèse des panneaux municipaux.
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