Confessons-le, BRP, même quand on serait tenté
d’être d’accord avec lui, par son arrogance, refrène l’adhésion. En l’occurrence, le côté imprécateur dans un texte où le cliché le dispute à l’imprécision suffit à prendre de la
distance.
S’agissant d’éducation toutes les approximations
sont permises. Ainsi BRP parle de 80 % de bacheliers dans une réponse à un commentaire. Cet objectif, lancé par Chevènement, il y a environ 25 ans, est loin d’être atteint, puisqu’il n’y a que 64
% de bacheliers. Il affirme que la moitié des bacheliers sont en TS. Grossière erreur ! La moitié des bacheliers sont dans les séries générales (L, ES, S). Un peu plus de 30 % donc et cette
proportion stagne depuis plus d’une dizaine d’années. Si le pourcentage de bacheliers augmente c’est grâce aux bacs technos et professionnels, dont BRP doit ignorer l’existence. Donc, l’énorme
scandale, la honte qui entache l’identité nationale, ne concerne pas la moitié des bacheliers, mais le quart ! Et ne concerne pas le quart d’une classe d’âge, mais un petit
1/6e.
Les mathématiques obligatoires supprimées, elles aussi, mais dans la série L,
qu’importe (et ce n’est pas le bachelier philo que je suis qui ira crier au scandale, bac philo qui à l’époque était la filière reine, écrasant de sa superbe les « polars » de Math élem
et les « bâtards » de Sciences-EX). Car, contrairement, à ce qu’affirme le titre, l’histoire-géo n’est pas supprimée en S. Elle devient « optionnelle ». Pour le prof quel
bonheur ! J’évoquais une lointaine terminale philo où mathématiques et physique, par tirage au sort, était matière d’examen au coefficient 1. Le prof de maths, surnommé le
« mataf », non seulement pour la casquette qu’il arborait, mais à cause d’une démarche très chaloupée qui lui faisait rater la marche de l’estrade une fois sur trois, quand il devait
faire cours aux « philos », était bien obligé de s’en mettre un petit coup derrière la cravate. Là, le prof aura en face de lui des volontaires et d’autant plus motivés que la sanction
au bac ne pourra être que positive. Fini le calvaire des cours où la moitié des élèves peaufinent leur devoir de maths, pendant que le prof essaie de les intéresser à PMF en
1954 !
En simplifiant à outrance, cette mini-réforme du
lycée a pour ambitions (?) de créer des secondes indifférenciées (en principe, ce qu’elles devraient être déjà), d’introduire de la spécialisation en première, tout en laissant un droit à
l’erreur ( ?), avant que la terminale soit un peu la propédeutique du supérieur, par une spécialisation du coup plus affirmée. Autre objectif, abaisser légèrement des horaires démentiels qui
laissent peu de place à autre chose que du bachotage, dans le travail personnel.
On est loin, bien loin, des objectifs affichés au
départ par un Darcos qui avait dû attraper un sérieux coup de bambou, et dont la concrétisation avait été amorcée par un recteur (oui, imaginez, c’est comme si Hortefeux décidait de mettre en
place une police vraiment républicaine – sans contrôles au faciès ni bavures – et que les propositions venaient d’un préfet de police). Mise en place de modules semestriels permettant des choix
éclairés par une véritable découverte, interdisciplinarité à travers des travaux de groupe, transformation, au moins partielle, d’un diplôme final global en unités capitalisables, etc. Mais
heureusement, l’ami du crétin de la fabrique (Brighelli, à qui il remettra la « légion d’honneur »), s’est vite ressaisi, aidé par la levée de boucliers de tous les réacs, à
commencer par le SNES, sans oublier UBUprésident qui a mis son nez dans un sujet, l’enseignement, où son incompétence est éclatante, pour mettre son recteur sur la touche.
M. Descoings, le patron de Sciences Po, qui a pris
le relais, à force de tenir compte, à l’avance, de toutes les résistances que pourrait provoquer la moindre proposition un peu audacieuse, a livré un brouet indigeste.
Tous les corporatismes disciplinaires sont donc
mobilisés. Car BRP, à la vision assez myope, oublie que la terminale est précédée de la première*. Les associations de profs des matières scientifiques protestent contre la
diminution des horaires en première. Les plus légitimement inquiets sont les enseignants de SES (Sciences économiques et sociales), dont la discipline est accusée d’être trop critique vis-à-vis
d’un libéralisme économique dont la crise a démontré toutes les vertus, ainsi crée-t-on une matière concurrentielle en seconde, qui elle, montrera aux élèves, toute la beauté de l’Entreprise, si
bien illustrée par France-télécom, par exemple. L’association des profs d’hist-géo s’est bien sûr fendue d’un communiqué qui, oubliant que l’horaire de cette discipline a fortement
augmenté en première, réclame son maintien en terminale S. Implicitement, cette association prévoit l’échec de la revalorisation de la série L, donc de sa reconquête de parts du marché des
terminales, puisqu’elle invoque le poids actuel des S ! Le SNES, si ce n’est déjà fait, à la confluence de tous les corporatismes catégoriels, ne va pas manquer de se faire le porte-voix des
uns et des autres et de tous.
Peut-être même que les mouvements lycéens
vont se lever pour défendre le droit imprescriptible du potache au bachotage !
*BRP, à qui je rappelais que les lycéens avant d’arriver en terminale S avait eu un enseignement
d’histoire de la 6e à la 1ère, me rétorquait qu’un sondage fait auprès d’élèves de secondes d’un lycée réputé lui permettait de conclure qu’ils n’avaient rien retenus de cet
enseignement de la 6e à la 3e. Outre les doutes qu’on peut nourrir sur la validité d’un tel sondage, cela ne veut-il pas dire qu’horaire en terminale ou pas, ils ne vont pas
en retenir plus au lycée ?
<br />
Reçu par courriel "Salutations admiratives pour cette analyse critique de la plaie corporatiste et des dysfonctionnements qu’elle entraine dans l’institution scolaire ! comment une école du chacun<br />
pour soi peut-elle préparer des futurs électeurs à une véritable citoyenneté ?<br />
<br />
<br />
<br />
Joli, le lapsus :<br />
<br />
un sondage fait au prêt d’élèves de secondes<br />
<br />
volontaire ?<br />
<br />
En tout cas, il démontre, une fois de plus, la stupidité de l’approche phonographique, pratiquée par les méthodes de lecture.<br />
<br />
De la part d’un bachelier « philo » de 1954, justement.<br />
<br />
amicalement<br />
<br />
Laurent Carle"<br />
<br />
<br />
Le deblog-notes, même si les articles "politiques" dominent, essaie de ne pas
s'y limiter, avec aussi le reflet de lectures (rubrique MLF tenue le plus
souvent par MFL), des découvertes d'artistes ou dessinateurs le plus souvent
érotiques, des contributions aux tonalités diverses,etc. Pour les articles que je
rédige, ils donnent un point de vue : les commentaires sont les
bienvenus, mais je me donne bien sûr le droit d'y répondre.
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