Plus de trois ans après de nouvelles écoutes fuitent : voir en fin d'article !
Y a-t-il au sein de la noble corporation policière un supporter du PSG qui a cherché à déstabiliser l’OM en fuitant des écoutes d’Anigo. Un Anigo dont le « A » est superflu, tant il se montre peu fûté dans ses échanges téléphoniques. Un OM qui renouerait avec le peu reluisant passé d’un Tapie pionnier des matches truqués.
Un halo un peu trouble a toujours enveloppé l’Olympique de Marseille. Sans remonter à un Marcel Leclerc débarqué en 1972 pour avoir confondu les caisses du club avec celles de ses journaux, ni bien sûr à Nanard (B. Tapie) qui a bien des disciples dans l’art de truquer les matches, Robert Louis-Dreyfus avait bizarrement fait appel aux frères Acariès, plutôt porté sur la boxe et à la réputation douteuse, en 1974, pour organiser la direction du club. L’un d’eux, Louis, semble encore jouer un rôle à l’OM. Cette fois, l’OM est soupçonné de verser des commissions à la pègre corso-marseillaise, sur des transferts de joueurs.
Anigo, chargé du recrutement, a été mis sur écoutes car il compte dans ses amis d’enfance un certain Deruda, fiché au grand banditisme et a des rapports professionnels avec des agents de joueurs, Cano et D’Amico, soupçonnés de liens avec la pègre. Ce sont eux qui ont négocié le transfert de Gignac de Toulouse à Marseille.
Richard, l’ami sincère
Les échanges avec Richard Deruda sont empreints d’une virile amitié, puisque celui-ci lui assène : « Déjà, tu m’as mis ton Corse d’enculé sur les couilles (...) José, t’es en train de me faire fumer, t’es en train de me faire péter la casserole. Je crois que si j’étais à côté José, je crois que je fais une connerie (...) Comme je suis capable de te faire vivre (...) La peur, je la connais pas dans des problèmes comme ça (...) Le football quand ça t’arrange hein. Attends que je te rafraîchisse la mémoire. » Anigo semble près de lâcher son poste : « J’ai assez d’argent pour vivre aujourd’hui, pour qu’on m’emmerde plus. Je ne veux plus avoir affaire à ces gens. Y’a plus personne qui va me tenir par les couilles (...) J’en ai marre. Eux, ils se démerderont tous tant qu’ils sont avec leur merde. » Il manque l’accent et le décodage.
La « the Nana »
Anigo va rejouer le sketch de Fernand Raynaud - Tonton, pourquoi tu tousses ? -, avec un certain Maxime Nana, en lui faisant savoir qu’il aurait surévalué le prix de N. Nkoulou. Nana, agent de ce joueur, est obligé de lui indiquer que ce genre de choses ne se dit pas au téléphone. Anigo aurait demandé à Nana « de ne pas mettre à mal son honnêteté car il ne lui a pas demandé un euro sur le précédent transfert. » Traduire cela comme une demande un peu contournée de rétro-commission serait bien sûr très exagéré.
Cash cash
Lucho Gonzalez, argentin, qui avait été acheté au FC Porto pour 18 Millions d’Euros, touchait un salaire annuel de près de 5 M€. Les qatari envisageaient de l’acheter. Anigo le proposait à 12,8 millions, mais précisait que ça pouvait se conclure à 9 millions en cash. Pour le commun des mortels, cela voudrait dire discret paiement en liquide. Que nenni, Anigo expliquera que « cash, ça veut dire en un seul paiement. Moi comme beaucoup d’autres, pour dire comptant, je dis cash. Penser que cash, c’est de l’argent qui va me revenir, c’est faire fausse route. Vraiment. Mon président m’a dit : « Si le club paye comptant, c’est 9 millions d’euros, et s’il paye en plusieurs fois, c’est 12,8 millions d’euros ». Finalement Gonzalez va repartir à Porto pour pas un rond (officiellement).
Pape Diouf en a-t-il croqué ?
Pape Diouf a été président du club de 2005 à 2009. Anigo était donc un loyal subalterne qui semait des peaux de bananes au profit de Vincent Labrune, à l’époque Président du conseil de surveillance. « Quand on vend Nasri 16 millions, je ne m’explique pas tellement comment il reste 10 millions dans les caisses du club (...) Il va se passer que peut-être la justice va tout simplement regarder le transfert de Nasri et où ils sont passés ces 6 millions. Peut-être que Pape Diouf il les a pas mis dans sa poche, mais on peut considérer que le père de Nasri, qui n’est pas agent, il n’a pas le droit d’en toucher une partie (...) On peut considérer que Bernès* en a mis une partie. On peut considérer que peut-être quelqu’un en a rétrocédé à un autre », dans le genre langue de pute, il est pas mal notre Anigo.
Inutile de dire que Pape Diouf de sa belle voix de basse a remis le personnage en place tout en se payant son successeur Vincent Labrune.
Le mystère du stade vélodrome
Deux questions se posent :
- comment et pourquoi des compte-rendus d’écoutes policières sont tombées aux mains de journalistes (RMC met en ligne des fac-similés) ?
- comment et pourquoi un personnage aussi nuisible que cet Anigo continue à sévir à l’OM ?
Les fameuses bandes du dictaphone du majordome de L. Bettencourt étaient entre les mains de l’avocat de sa fille, le mystérieux enregistrement d’une conversation de Cahuzac était chez un adversaire politique – et si des interrogatoires policiers sont tombés entre les mains de Mougeotte et du Figaro toujours dans l’affaire Bettencourt c’est par le procureur Courroye, via l’Elysée (ce qui était évidemment illégal). Dans tous les cas on sait l’origine précise de la fuite vers la presse. Mais là, qui a transmis ces écoutes policières, alors que l’enquête ne semble pas close, et dans quel but ? A qui profite la fuite ? La déstabilisation de l’OM avant ce prétendu classico est un prétexte fantaisiste. Un jeu de billard à trois bandes dans le nid de vipères que semble être la direction de l’OM ? Un sabotage de l’enquête ? ou l’inverse – coup de pied dans la fourmilière pour voir les réactions des suspects ?
Il faudrait un OMologue – comme autrefois on parlait de kremlinologue – pour nous expliquer comment ce personnage, certainement habile manœuvrier mais quand même bas de plafond, a pu se maintenir contre vents et marées (il est vrai très peu perceptibles, les marées, en Méditerranée) dans l’organigramme de ce club. Il a eu, après avoir savonné la pente à d’autres, la peau de Deschamps. Il semble avoir l’oreille du président actuel, président dont la seule compétence paraît être d’avoir la confiance de la veuve de R. Louis-Dreyfus. Sa loyauté est pour le moins douteuse. Son rôle – à part semer la zizanie – est imprécis. Est-il défendu par des clubs dits de supporters, parasites de l'OM, au soutien intermittent ? Bénéficie-t-il de parrainages plus dangereux ? Le mystère reste entier.
* Jean-Pierre Bernès faisait partie de l’équipe de direction du temps de Tapie. Il a récolté deux ans de prison pour le match truqué VA-OM. Il s’est reconverti en agent de joueurs (Menez, Nasri, Ribéry…) et entraîneurs (Deschamps, Blanc, Galtier).
PS Anigo, qui ne manque pas de souffle a fait publier un communiqué où on lit : La publication de ces écoutes démontre au demeurant sans ambiguïté qu'il a toujours œuvré dans l'intérêt de l'Olympique de Marseille et sans qu'aucune irrégularité ne puisse lui être reprochée.
Le Canard Enchaîné du 20 avril 2014
Donc, un peu plus de trois ans après c'est le Canard qui nous livre de nouvelles écoutes au langage fleuri !
Même DD - l'exquis sélectionneur de l'équipe de France, Didier Deschamps - succombe au charme de la langue verte en usage, non à Sainté, mais dans les milieux (le milieu ?) gravitant auprès et autour de l'OM.
On y retrouve donc Bernès, devenu maquignon et qui compte dans son cheptel, outre des joueurs, les deux entraîneurs les plus prestigieux de France, Deschamps et Blanc.
Le pauvre DD, d'ailleurs, est soupçonné, dans un encadré, d'avoir soutiré une somme rondelette à la veuve Louis-Dreyfus ; or ce sont les manoeuvres conjointes d'Anigo et Labrune qui l'ont poussé vers la sortie et il a donc - ou plutôt Bernès pour lui - négocié une indemnité de départ correspondant en principe à l'année de contrat encore en cours (et réduite après qu'il a pris la succession de Blanc à la tête de l'équipe de France).
Les écoutes révèlent ou plutôt confirment toute la vulgarité de ce milieu et en particulier celle de Charles Villeneuve à qui le Canard décerne la palme de l'élégance, révélent aussi toute la chaude affection qu'a su cristalliser Labrune ! sans oublier l'emprise présumée de quelques caïds sur l'OM et ses dirigeants !
Reste l'éternelle question, toujours posée à M. Cazeneuve, Ministre de l'Intérieur : comment se fait-ce que des écoutes, en principe liées au fameux secret de l'instruction, se retrouvent en quasi libre-service journalistique ?
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