« Qu’ils s’en aillent tous » proclame-t-il ! Mais là c’est Mélenchon qui s’en va au moment de la remise du Prix Sakharov décerné à Guillerno Farinas.
Le grand récitant de la propagande chinoise contre les Tibétains, cet admirateur inconditionnel d’Hugo Chavez, n’a pu supporter que soit honoré ce dissident qui ose s’opposer au régime castriste en luttant, avec pour seule arme la grève de la faim, pour les libertés publiques.
G. Farinas, comme Liu Xiabo pour le prix Nobel de la Paix, avait été interdit de sortie par le très démocratique régime castriste. Comme le commentait J. Bové « l’absence de Farinas montre bien quelle est la nature du gouvernement cubain ».
Communisme sauvage
Dans un message enregistré, Farinas a déclaré aux députés européens que son « plus grand espoir est que vous n'écoutiez pas le chant des sirènes d'un régime cruel de « communisme sauvage » ». « L'unique aspiration (du régime castriste) après avoir simulé des changements économiques imaginaires, est que l'Union européenne et le Parlement lèvent la position commune (de 1996 qui lie le dialogue politique au respect des droits de l’homme) pour qu'ils puissent bénéficier des crédits et des investissements ». (J. Quatremer)
Insupportable donc, ce prix, pour l’imprécateur populiste. Incapable d’expliquer en quoi Farinas est indigne de ce prix – 105 jours de grève de la faim qui aboutissent à la libération de prisonniers politiques – il se lance dans l’habituel amalgame : "Le Parlement européen est embrigadé dans des croisades anticommunistes qui m'exaspèrent. Ca ne veut pas dire qu'on approuve l'emprisonnement, ça veut dire qu'on désapprouve la manière dont le Parlement est bienveillant pour des dictatures fascistes, et malveillant vis-à-vis du camp progressiste".
Les régimes cubain et chinois qualifiés de « progressites », ça donne une idée assez inquiètante de la notion de progrès chez Méchanlon.
Source : J. Quatremer (Libération)
En complément de cet article voir Cuba : le calme plat de la désespérance
Annexe :
Prix Sakharov
Le cinéma de Mélenchon
Ainsi va la vie... On fait le singe en imitant Marchais, histoire d’épater le coco. Et puis on se retrouve en train de recycler tous les vieux numéros de l’ex-secrétaire général du PC. C'était le 15 décembre au Parlement européen. On devait remettre ce jour-là le prix Sakharov au dissident cubain Guillermo Farinas. Jean-Luc Mélenchon, qui a de l'indignation à revendre, a choisi de quitter l’hémicycle en compagnie de quelques camarades. Pour protester contre l’absence du lauréat, qui n'a pas été autorisé à quitter son île pour venir recevoir cette distinction ? Eh bien, non : pour s'indigner qu'une fois encore elle soit remise à un "anticastriste". Car aux yeux du patron du Parti de Gauche, c'est à quoi se résume Farinas. Ce n'est pas un homme privé de liberté. C'est un opposant à un régime dont il se refuse obstinément à voir les tares.
Pour Mélenchon, le monde est partagé en deux : ceux qui emboîtent le pas de la CIA et ceux qui lui résistent, comme dit si joliment dans un communiqué l'un de ses camarades de Midi-Pyrénées. Plutôt que d'user de son influence auprès du régime castriste pour qu'il soit fidèle à l'idéal Qu’il prétend défendre, Mélenchon crie au complot, dénonce la propagande et pointe le nom des coupables. Quand Marchais, en son temps, faisait ce numéro, on pouvait se demander s'il y croyait vraiment.
Avec Mélenchon, il n'y a guère de doute. De Farinas, il n'a vraiment rien à faire.
Tout le reste n'est pour lui que cinéma.
Nel Obs 23/XII/10