Et la grève des internes est une grève politique !
Nul besoin de jouer l’air fameux – très prisé pour l’école – du « c’était mieux avant », du temps, pour prendre un lointain passé Douécin, du Dr Alleau, Lesergent, etc. Non, hic et nunc, il y a des médecins – une majorité – pour qui le serment d’Hippocrate n’est pas le serment d’hypocrite. Des médecins hospitaliers qui se sont rebellés contre un « secteur –dit – libre » – dans l’hôpital public. Des médecins libéraux –généralistes ou spécialistes – qui ont toujours respecté les tarifs conventionnels. Des médecins qui ont pris sur leur temps et leurs deniers pour se former aux soins palliatifs, par exemple. Mais qui, devant les abus de certains collègues, doivent commencer à se demander, sauf militantisme bien chevillé au corps, s’ils ne sont pas les dindons de la farce.
Surprise de voir, dans un premier temps, les « internes » se joindre à cette grève des nantis pour qui un accord discutable (qui octroie une marge de dépassement de 150 %) est encore insuffisant et qui ose s’en prendre aux mutuelles ! Entendre le représentant de ces internes au Grand Journal de Canal + a permis de comprendre que c’était une grève politique, pure et dure ! Car le jeune homme, lui aussi s’en prenait aux mutuelles, c’est-à-dire à nous les mutualistes. Et quoi ? les conditions de travail inhumaines auxquelles ils disent être soumis, elles sont apparues au lendemain du 6 mai ?
Quant à la dame qui proclamait ses quinze années d’études (deux fois plus qu’un énarque proclamait-elle) on a dû oublier de lui dire qu’elles ont été payées par nos impôts. Il faudrait d’ailleurs le rappeler à tous ces enfants d’archevêques qui se rengorgent de leurs mérites pour avoir décroché grâce à leurs efforts indéniables de glorieuses timbales, en forme de peaux d’ânes, que leur agrégation, leur doctorat, etc. ils l’ont eu grâce à la République qui leur a offert son Ecole Normale supérieure, ses facs de Médecine, de Droit, etc. Eussent-ils payé le juste prix qu’on pourrait comprendre des dépassements d’honoraires. Mais là, ils veulent faire casquer ceux qui leur ont payé leurs études.
Mouvement politique bien sûr pour ces chirurgiens. La lettre ouverte à Marie-Sol Touraine vulgaire et méprisable en témoigne. La Dr Arielle Salon, Médecin chirurgienne libérale et auteure de cette lettre a montré pendant le Grand Journal, devant un Bartolone un peu apathique, à quel point elle nous méprisait, nous les mutualistes de la MGEN (et les autres bien sûr). Se disant « connaissance » de la Ministre de la Santé, elle la tutoie tel un flic en contrôle au faciès. Elle lance des chiffres sur les mutuelles qui « se gavent avec 35 milliards de recettes annuelles quand les honoraires médicaux représentent tout juste 2,4 Mds ». Dans le Grand Journal, elle va même jusqu'à 38 Milliards ! Poussant la bêtise cynique, elle en vient à comparer la médecine à la restauration en se prenant sans doute pour un chef trois étoiles !
Sauf que la pointe de la chirurgie, on a toutes les chances quand il s’agit de pathologies lourdes, donc coûteuses, de la trouver dans le service public. Et, contrairement à ce qu’insinue cette dame avec une vulgarité inouïe – « quand tu viens te faire soigner, sais-tu au moins combien ça coûte? Mon assistante aux petits soins qui te connait (qui que tu sois d'ailleurs, et bien avant même que tu sois Ministre) » et là c’est un exemple bénin - on peut trouver, par exemple, à l’Hôpital de La Roche-sur-Yon une qualité d’accueil, une humanité même qui ne relève pas du sourire commercial mais du service public.
Ce qui est excessif est insignifiant. Et cette Docteur que, miracle, Aphatie a été le seul à tenter de ramener à un peu de décence, est totalement insignifiante. Elle mérite plus la pitié – car ses prétendues quinze ans d’études lui ont peut-être appris une technique de chirurgie viscérale mais lui ont laissé l’intelligence au niveau des viscères en question* – que le mépris. Les torrents de boue que sa lettre ouverte a libérés montrent à quel degré de beaufitude sont arrivés certains de ses collègues, les plus bénins – modèle Cymes : l’esprit de salles de gardes – parlant de MST ou de Marie Folle, pour Mme Touraine.
Mais il ne faudrait pas que dans un réflexe corporatif, la majorité de médecins, dont les syndicats ont signé un accord dont le moins qu’on puisse dire est qu’il ne paraît pas très intransigeant, soutienne ces ultras sans vergogne. Non, contrairement à ce qu’ils affirment en utilisant la grossière ficelle de la victimisation, les médecins dans leur ensemble n’ont pas été cloués au pilori. Oui, certains médecins généralistes, de moins en moins nombreux dans certaines zones, sont totalement débordés. Oui, leurs départs progressifs à la retraite vont encore aggraver la situation. Voilà de vraies questions, parmi d’autres, auxquelles Marie-Sol Touraine aura à s’atteler. Et il faudra aussi, que les cotisants à la sécurité sociale, les mutualistes aussi que nous sommes, rappellent ces enfants gâtés, « gavés » aux dépassements d’honoraires indignes, à un peu de décence.
* Erreur: Mme Salon citait cet exemple de longues études dans sa méprisable lettre à Mme Touraine, mais elle-même est spécialiste de la main (ce qui ne l'empêche pas de rai/ré sonner comme un pied).
Petit exemple de dépassement d'honoraires relevé par Le canard Enchaïné du 14/11/12
Des carabins "en colère" - mais peut-être commettent-ils une plaisanterie de carabins entre deux couplets du "Plaisir des Dieux" dans leur salle de gardes - m'assaillent de commentaires outrés et outranciers. L'un d'eux m'ayant affirmer que Mme la Ministre de la Santé, Mme Touraine, les avait agressés, eux, les surexploités et les sous payés comme chacun sait depuis le soir du 6 mai, je lui ai demandé de me donner le lien vers ces infâmes agressions ministérielles. C'est une vidéo d'un discours d'une demi-heure à un congrès de la mutualité française. A l'avant-veille d'un accord signé par les organisations représentatives de médecins. Jugez sur pièce :
Lire aussi un entretien avec Etienne Caniard, Président de la Mutualité Française qui répond aux allégations des ultra-libéraux.
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