Que le chanoine de Latran nous sorte ce « sanctuarisées » n'étonnera personne. Mais, le 7-10 de France-inter rappelait, qu'il y a treize ans un certain Sarkozy Nicolas brocardait un ministre de l'éducation nationale nommé F. Bayrou qui parlait déjà de cette sanctuarisation.
Faut-il encore souligner que, comme par hasard, ces déclarations populistes interviennent juste avant un scrutin. Darcos doit avoir un peu de peine à se regarder dans la glace après ses propositions démagogiques, mais surtout totalement irréalisables, que son maître s'est empressé cyniquement d'approuver.
Propositions que l'UMP accompagne de mensonges : non, les établissements scolaires des Etats-Unis ne sont pas tous et loin s'en faut dotés de portiques.
Portiques ? Le passage dans n'importe quel aéroport permet de se rendre compte de l'absurdité d'une telle mesure qui nécessite un personnel nombreux avec des passagers convoqués deux heures à l'avance : une personne au moins pour donner les instructions, une autre derrière l'écran qui scanne les bagages sur le tapis roulant, une autre pour la palpation si le portique sonne... Un millier d'élèves : soit on multiplie les portiques et le personnel qui va avec, soit on retarde le début des cours et... bonjour l'ambiance ! Pourquoi ne pas y adjoindre la brigade canine, histoire de détecter aussi le cannabis !
Des actes de violence avec armes ont, malheureusement, toujours existé, à l'école. Il y a environ trente ans, dans un collège de l'Eure, un élève sans problème apparent, tuait un prof d'un coup de pistolet, emprunté à un père collectionneur d'armes imprudent. Il y a une quinzaine d'années, dans un collège du bocage vendéen, à la récréation de seize heures un élève empruntait un couteau « papillon » à un autre pour le planter dans la jambe d'un troisième ; je sais ce dont je parle étant le patron du collège en question.
Fouilles de cartables ? dans un collège, au moins jusqu'à il y a six ou sept ans, l'élève suspecté soit de vol, soit de transporter un objet dangereux, était convoqué dans le bureau du principal et, devant le CPE ou l'adjoint, vidait lui-même son cartable, voire ses poches. Pas d'humiliation (ça se passait à huis clos) et encore moins palpation. Mais envisager une fouille systématique, fusse par une équipe mobile, est aussi irréaliste que l'installation de portiques. Sans parler d'attaques à la dignité de la personne fouillée...
Pour rester dans le vocabulaire cher à notre chanoine, pas d'angélisme non plus. L'école n'est pas, justement, un monde à part, en dehors des lois communes. Le vol, l'agression physique, etc. relèvent de la loi, en sachant raison garder et en n'alertant pas la police à chaque frittage sur la cour de récré (avant l'épisode de l'arrestation de deux gosses de 6 et 12 ans en Gironde, il y avait eu celle d'un gamin de primaire, pourtant sanctionné par le surveillant de la récréation pour une gifle à une camarade, et gardé deux ou trois heures au commissariat en dehors de la présence des parents).
S'il y avait une solution miracle, ça se saurait. Le même qui promettait de passer les cités au karcher promet maintenant des opérations coups de poings dans les mêmes quartiers. Avec ce sens de la prémonition qui l'honore, la police a mobilisé, juste avant son intervention télévisée, deux ou trois cents policiers pour aboutir à découvrir... six conducteurs sans permis. A l'école, aussi, les grands moulinets populistes seront stériles. Les mesures efficaces seront difficiles à mettre en œuvre, comme celles que préconise E . Debarbieux* (stabilisation d'équipes d'enseignement, d'éducation et de direction expérimentées dans les établissements dits sensibles, par exemple) et ne produiront pas d'effets immédiats spectaculaires. Surtout, contrairement à ce qu'imagine l'ex-ministre de l'intérieur, il n'y a pas une formule unique : chaque établissement a son histoire, son implantation et peut, non pas seul mais avec son environnement (parents, associations, collectivités territoriales et, quand elle sera vraiment restaurée, police de proximité), chercher des réponses spécifiques aux problèmes qu'il rencontre.
Mais pourquoi faut-il redire de telles évidences face à des déclarations matamoresques de circonstance qui, en bonne démocratie, ne devrait mériter que le mépris ?
* Comme me le signale Jean-Michel Zahkartchouk, ce n'est pas DEBARDIEUX mais DEBARBIEUX (la sanctuarisation entraîne à toutes les erreurs) : il vient de donner un entretien aux Cahiers pédagogiques