Qu'un ancien ministre signe une pétition intitulée Darcos démission, demandant donc le départ d'un successeur, est sans doute inédit ! Et surprenant de la part de Jack Lang, qui a quelque peu fleureté avec celui qui fait président, jusqu'à apporter la voix décisive qui fit passer une réforme de la constitution censée apporter plus de pouvoir à un Parlement où l'opposition depuis est encore plus bafouée !
Mais là, on ne peut le soupçonner d'opportunisme. Dès octobre 2008, il publiait une lettre ouverte à Xavier Darcos, L'école abandonnée !où il critique d'une plume acerbe la diminution de l'horaire hebdomadaire en primaire et l'appauvrissement des programmes.
Critiques qu'il va reprendre avec Luc Ferry, ancien ministre de l'éducation nationale aussi : « D'aucuns seront sans doute fort surpris de trouver nos deux noms réunis au bas d'un même appel. En dépit de tout ce qui oppose nos choix politiques et philosophiques, nous avons pourtant les mêmes raisons de penser que les «nouveaux programmes de l'école primaire», rendus publics à la fin du mois de février, risquent de nuire gravement à la santé (déjà bien fragilisée) de notre système éducatif ». Dans cette tribune, les deux anciens ministres jugeaient que la seule véritable visée des nouveaux programmes « est un affichage politique qui relève d'une catégorie relativement nouvelle: celle du "populisme scolaire"». «Comment Xavier Darcos peut-il prétendre (...) diminuer tout à la fois l'horaire hebdomadaire (qui passe de 26 à 24 heures en raison de la suppression des heures du samedi matin), augmenter les horaires de sport et de maths, créer une discipline nouvelle (l'histoire de l'art) et malgré cela augmenter le français?». Tout le texte est extrêmement sévère n'hésitant pas à parler de mensonge, d'imposture, de reniement, de vide abyssal !
C'est donc dans le droit fil de ce réquisitoire. Darcos, par ses dernières déclarations sur la mastérisation de la formation dont la morgue le dispute à la provocation, démontre, une fois encore, qu'aucun dialogue n'est plus possible avec lui. D'ailleurs dépossédé de la réforme du lycée, au profit de R. Descoings, grignoté dans ses autres attributions par le Haut commissaire à la Jeunesse, Martin Hirsch, il ne lui reste plus que la capacité de nuire en ajoutant une couche aux difficultés de sa collègue de l'enseignement supérieur.
Ce que résume bien Sylvain Granserre, porte parole de l'Appel des 100 maîtres : « La signature de Jack Lang confirme que le dialogue et la concertation nécessaires pour l'avenir de notre système éducatif ont été rendus totalement impossibles par l'entêtement d'un ministre qui, des IUFM aux emplois de professeurs, en passant par les programmes, les RASED, les associations éducatives ou le temps scolaire, n'a cessé de supprimer les moyens d'une politique ambitieuse qu'il prétendait vouloir mener. »