En mettant en ligne l'article sur la Bretagne « historique », sur mon deblog notes et sur Le Post, je m'attendais, bien sûr, à des réactions hostiles. Mais le résultat a dépassé mes craintes.
Sur la quarantaine de réactions, à l'exception près, ce qui saute aux yeux c'est l'anonymat des commentateurs. Au mieux un prénom (Annie, Yann, Pierre, Erwann, Loïc), sinon des pseudos mystérieux (iffig, emsic,kidu, fanch) ou franchement ridicules style loup de mer, aureganne ou roudoudou29 !
Cet anonymat autorise toutes les dérives. Je passe sur les attaques personnelles : un incertain « brieuc » va jusqu'à se tromper sur mes initiales et me faire dire des choses que je n'ai pas écrites. Mais on peut lire « Meme pas 200 ans d'existence et déja presque morte, votre république, plus personne n'y croit ou ne s'en revendique, votre hymne est sifflé sur votre sol, par vos jeunes concitoyens. » par Erwann, approuvé par le fameux roudoudou29 « Elle ne vaut pas tripette la république Jacobines des assassins. » Quant à tizef44, il ne recule devant rien dans l'outrance : « 20 ans après la chute du mur de Berlin, la Bretagne a toujours son mur de la honte depuis 67 ans. Ce vestige des nazis satisfait désormais de minables ambitions personnelles ou politicardes qui trouvent leur intérêt à faire perdurer ce tracé monstrueux qui arrange trop bien une poignée de hauts-fonctionnaires en mal de pouvoir ou de fauteuils confortables et juteux... ».
Ces 67 ans pourraient paraître bizarres, mais c'est le premier à réagir, Loïc, qui donne la clé : « Si je puis me permettre, tu as tout faux. Nantes est administrativement séparée de la Bretagne depuis la triste époque du maréchal Pétain et de ses amis. »
Car, figurez-vous, les Pays-de-la-Loire sont une création Pétainiste et estimer que leur disparition ne s'impose pas c'est, avec la logique implacable qui caractérise nos procureurs, être soi-même Pétainiste !
Mais cette histoire est une totale imposture.
Certes, par un décret du 30 juin 1941, il est créé 4 « préfets régionaux », mais il n'est question ni de Bretagne, ni de Pays-de-la-Loire, puisque lesdites régions sont désignées par le nom de la ville siège du super-préfet (région de Rennes, d'Angers, d'Orléans et de Poitiers).
En fait, ce décret ne faisait que reprendre un découpage de l'hexagone en « groupements économiques régionaux » instaurés par Clementel, ministre de Poincaré, en 1919 et repris dans un décret-loi de 1938 par Daladier.
Parler comme « tizef44 » des nazis est d'ailleurs assez téméraire : faut-il donc rappeler que des nationalistes bretons, déguisés en SS avec une croix celtique en place de croix gammée, ont collaboré avec les nazis ?
Beaucoup moins important est cet argument péremptoire d'un certain « aureganne » : « quand vous êtes à Nantes, en dessous c'est marqué NAONED ça résume ». Or le nom de « Nantes » n'a aucune origine celtique, Naoned est un nom tout droit sorti de forges contemporaines. L'étymologie la plus communément admise est une origine latine Portus Namnetus (port des Namnètes, tribu gauloise qui habitait là et dont les descendants seraient donc les plus historiquement fondés à en clamer la namnètitude !) ; une autre hypothèse serait nantos, en gaulois, signifiant "vallée", Nantes pourrait être définie comme la "ville du fleuve, de la vallée".
Cette double appellation (nom français de la commune, nom prétendument breton) est de la pure rigolade en « pays gallo », un parler d'origine latine (langue d'oïl), dont
la variante ligérienne est fort proche de son voisin angevin.
Un « Office de la langue bretonne », dans une entreprise de celtisation du pays Gallo invente donc une
toponymie assez délirante : Rennes devient Roazhon et Cesson-Sévigné devient un improbable Saozon-Sevigneg (même dans la partie bretonnante on observe de cocasses pancartes).
Assez drôle de voir comment, à l'instar de l'horrible France qu'ils abhorent, les bretonnants essaient d'imposer le breton de Basse-Bretagne en Haute-Bretagne, au détriment des langues gallèses !