Née à Paris en 1935, de parents immigrés roumains, Irina Ionesco va passer ses onze premières années à Constanta en Roumanie, avant de revenir en France.
C'est dans les années 70 qu'elle a connu la célébrité. Notamment, pour les photos très controversées de sa fille Eva* qu'elle a photographiée dénudée et maquillée dès son plus jeune âge. Eva deviendra aussi photographe et, pour la première exposition de ses oeuvres y ajoutera une dizaine de photos d'elle prises par sa mère.

"J'aime l'excès, l'onirisme, l'insolite", dira Irina Ionesco. Ses modèles sont saisies parfois dans des décors très kitsch, coiffées de couvre-chefs improbables, rarement totalement nues.
Mais Irina Ionesco possède l'art du noir et blanc. Ainsi de cette Vénus au tatouage, apparemment sans bras, chaussée de noires cuissardes.
Musique de l'orchestre de contrebasses
* Eva Ionesco : "Me photographier, c'était me mettre dans une boîte"

Ma mère m'a fait poser dans des photos à la limite de la pornographie dès l'âge de 4 ans. Trois fois par semaine, pendant dix ans. Et c'était du chantage : si je ne posais pas je n'aurais pas de belle robe. Et surtout je ne verrais pas ma maman. Ma mère ne m'a jamais élevée ; notre seul rapport, c'était les photos. Ce qu'on ne voit pas dans le film, c'est qu'elle m'a aussi vendue à des photographes érotiques, elle a été une mère maquerelle.
Me photographier, c'était me mettre dans une boîte, me dire "sois belle et tais-toi".
Je suis en procès [avec sa mère]. Elle ne veut pas me rendre les tirages et les négatifs. Elle continue à vendre énormément de photos. Les gens croient qu'Irina Ionesco, c'est juste des photos vintage avec une petite princesse qu'on déshabille. Mais je m'en fous du porte-jarretelles ! Il faut parler des choses comme elles sont : je veux faire interdire les photos où on voit le sexe et l'anus.
Extraits d’un entretien au Monde du 28/06/11