« Edvige fait la une d'Ouest-France (1er quotidien de France) du 10 septembre 2008. Le Décret n° 2008-632 du 27 juin 2008 portant création d'un traitement automatisé de données à caractère personnel dénommé « EDVIGE » est paru au J. O. du 1er juillet. Il a immédiatement provoqué des réactions hostiles d'un grand nombre d'organisations. La pétition, qu'elles ont lancée, a reçu une centaine de milliers de signatures pendant l'été. Mais ce n'est que maintenant qu'il fait grand bruit !
La genèse de ce fichier (que même un de ses défenseurs, Alain Bauer, juge écrit avec les pieds) peut se reconstituer ainsi : la fusion RG-DST obligeait à actualiser un précédent décret (1991)* qui autorisait déjà les RG à ficher des militants ; au passage on en rajoute une couche dont une partie sera rejetée par la CNIL (comportement, déplacements) et dont une autre (santé, orientation sexuelle) provoque la surprise à retardement de Morin ou Yade. Mais surtout, comme l'a bien montré la Présidente du syndicat de la magistrature, on a greffé un autre fichage, celui des mineurs dès 13 ans, pour complaire à Rachida Dati qui, au lendemain de "l'affrontement de deux bandes rivales dans le 19ème arrondissement de Paris, le 21 juin, laissant un blessé grave sur le trottoir, victime en outre d'insultes antisémites avait immédiatement annoncé qu'elle allait créer un fichier des "bandes"".
La méthode employée est classique. Si la CNIL n'avait protesté, le décret n'était même pas publié. Paraissant début juillet, le pari était fait qu'une fois passée les protestations quasi inaudibles en période estivale, il s'instaure finalement sans trop d'encombres. Calcul déjoué : Bayrou notamment a su relancer le refus par une lettre aux élus.
Mais autre méthode classique, celle des deux pas en avant et du pas en arrière. Celui qui « fait président » l'a esquissée : on lâche du lest sur le fichage des personnes ayant exercé ou exerçant un mandat politique, syndical et économique, mais sur l'ajout du fichage des mineurs dès 13 ans, on ne concède qu'un vague droit à l'oubli. Alors qu'il faudrait oublier l'idée même d'un fichage ne reposant sur aucune donnée objective (quel ado n'est pas, peu ou prou, susceptible de troubler l'ordre public ?). »
Réaction envoyée sur le Forum du Café pédagogique, le 10/IX.
Ça n'a pas raté : le pitbull de l'UMP - Frédéric Lefebvre - a immédiatement jappé. Pas question d'abandonner le fichage des mineurs dès 13 ans ("Que ceux qui espèrent en profiter (...) pour remettre en cause le fichage des mineurs ayant troublé l'ordre public (mensonge ou ignorance : voir plus bas) et donc affaiblir les moyens de lutte contre les nouvelles formes de délinquance, n'aient pas de doute sur la détermination de la majorité à maintenir les avancées d'Edvige").
Et MAM - l'ineffable ministre de l'intérieur qui endosse les gamineries de notre OUF 1er en Corse - d'ajouter, benoîtement, que lesdits mineurs seront rayés du fichier à leur majorité, s'ils n'ont pas commis de nouvelle infraction. Elle n'a même pas dû lire le décret qu'elle a signé : il n'est pas question d'infraction (pour cela un fichier existe déjà, de longue date : le casier judiciaire), mais de mineurs « susceptibles de troubler l'ordre public ».
* Ce décret avait été initié par M. Rocard, 1er ministre, qui l'avait retiré devant les protestations ; Edith Cresson l'avait repris. Outre qu'il était beaucoup plus limitatif, ce fichier, issu d'un gouvernement de gauche, avait pour but premier de cadrer des pratiques illégales des RG (qui ont cependant perduré, avec les notes blanches). Il ne concernait pas les mineurs susceptibles de...
PS (qui n’a rien à voir… quoique…) Ça n’a pas tardé, ceux qu’un internaute cité par Libé du 11/10/08 nomme les pseudos-laïcs ont violemment réagi à l’ajournement d’un procès prétendument pour cause de Ramadan, au grand plaisir de notre Vicomte, Le Jolis de Villiers de Saintignon.
commenter cet article …