Un récent rapport du HCE avance les chiffres 40 % d'élèves aux acquis fragiles à l’entrée en 6e dont 15 % d’élèves en grande difficulté. L’AFP titre sur les 15 %. Le Figaro sur les 40 %. Le Nouvel Obs, aussi. Les deux laissant entendre que ces 40 % sont d’un niveau très insuffisant. La journaliste du Nouvel Obs, Caroline Brizard, ajoutant même que les 60 % restant ne valent guère mieux.
L’annonce, dans la presse, d’un documentaire d’Amara et Amar, "Education nationale, un grand corps malade", sur Canal + le 3 septembre, a mis en avant un chiffre sans doute directement tiré du dossier de presse de l’émission : 160 000 étudiants sortent de l’université sans diplôme ni qualification. Or le rapport parlementaire 2006 sur le budget de l’enseignement supérieur et la recherche notait que sur les 762 000 jeunes ayant quitté l’enseignement secondaire, la moitié avait entamé des études supérieures et que, sur cette moitié, un quart sortait sans diplôme du supérieur ; pour aller vite, disons 400 000 étudiants, le quart ne donnera donc que 100 000 (ce qui est déjà trop) ! Seule cette méthode – le suivi de cohortes – permet d’évaluer un véritable nombre d’échecs et non un chiffre brut qui cumule des entrants d’autres cohortes ayant soit traîné en vain, soit, surtout, déjà abandonné.
Les 50 % d’échecs en 1ére année d’université, mis aussi en avant, sont de la même encre. Le DEUG se fait en deux ans et non en un. Plus de la moitié des étudiants mettent trois, voire quatre ou cinq ans pour le décrocher, donc ces prétendus 50 % ne se traduisent pas par 50 % d’abandons et ne veulent pas dire abandon des études supérieures : réorientation vers une autre filière, vers un IUT, une école spécialisée… Le taux d’échecs au DEUG était d’à peine 25 % en 2001. Une analyse honnête devrait aussi porter sur les bacs d’origine : les bacs généraux, bien qu’écrémés par les classes préparatoires et colonisant les BTS (20 %) et les IUT (60 %), ont un taux de réussite bien supérieur à 50 % ! Les perdants sont les titulaires de bacs techno : devinez l’origine sociale de ces perdants…
Comme le rappelle Christian Forestier, l’école française est dans les meilleures du monde pour la moitié de ses élèves, elle est médiocre pour un bon tiers et lamentable pour 15 % (qui de toutes les façons n’encombreront pas les amphis des facs).
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