Si les éoliennes sont mues par le vent, les anti-éoliens n’hésitent pas eux à brasser du vent contre ces éoliennes. Ainsi ai-je pu lire sur fessebouc un « témoignage d’une agricultrice bio ».
Déjà l’intro - « un truc à lire jusqu’au bout » - et la ligne finale – « Faites circuler » -sentent bon le classique « on nous cache tout, on nous dit rien » des hoax. Et le titre ne cache pas lui le but du poulet : « Eoliennes : une escroquerie verte organisée ». Quant à l’illustration, elle nous dévoile les dangers imparables de l’éolien.
Cette terrifiante image semble avoir été prise en... Australie
Or donc notre agricultrice bio est sollicitée pour une implantation d’éoliennes. Et figurez-vous qu’elle s’attendait « à rencontrer un représentant de l’Etat, ou de la préfecture » pour ce projet ! Surprise donc que ce soit « une entreprise privée financée par des fonds de pension étrangers ». De diaboliques fonds de pension, dits fonds vautours !
Mais généreux apparemment puisque ladite entreprise propose de lui louer du terrain pour deux éoliennes 30 000 €/an et ça pendant 20 ans. Mais la fermière est non seulement bio mais auvergnate, donc méfiante : elle demande conseil à sa grand-mère qui, avec le bon sens paysan qui caractérise les ancêtres de nos campagnes, lui dit : « ils veulent payer 75 fois le prix de la terre sans la posséder ? ici ? Là où nos terres ne valent pas grand-chose ? … Il y a un loup quelque part. ».
Le loup est d’autant plus gros que « cette société voulait implanter des éoliennes dans un endroit où il y a si peu de vent. » Eh oui ! sont-ils couillons ! Certes ils prévoient d’en implanter de 200 m de haut (les plus hautes prévues en France seront de 196 m : hauteur de pale incluse). Mais, même si, de fait, l’éolien a des prix d’achat garantis (pour s’y retrouver d’ailleurs dans les prix d’achat de l’électricité de différentes sources – éolien, hydraulique, solaire, etc. – c’est coton), on ne voit pas pourquoi des sociétés, fussent-elles financées par l’étranger, iraient s’implanter dans un endroit peu venteux, obligeant à des constructions gigantesques donc coûteuses ?
Mais où est donc le fameux « loup » ?
Une éolienne ayant une durée de vie de 20 ans, la société se débine et du coup, c’est notre pauvre agricultrice bio qui se retrouve avec deux éoliennes obsolètes, aussi haute que la tour Montparnasse, sur les bras. Et pour la démonter, elle lance un 450 000 € la bête, pardon l’éolienne. D’où sort ce chiffre ?
Sauf que ce n’est pas au propriétaire du terrain, mais à celui des éoliennes de démonter l’installation et même de remettre le terrain en état en fin d’exploitation. Il doit provisionner un compte dans ce but. Et le coût du démontage est en partie récupéré par le recyclage.
Donc on a bien à faire à un bon vieil hoax garanti grand teint, avec même cette colossale astuce : la dame veut rester anonyme car elle craint les représailles de voisins intéressés, eux, par le pactole et elle aurait même reçu des propositions de compensations pour prix de son silence par des sociétés de l’éolien !
Et cerise sur le gâteau, si l’on peut dire, figurez-vous que « cette énergie est essentiellement destinée à être exportée ». Elle ignore apparemment qu’alors qu’en Espagne plus de 16 % de l’électricité vient du vent, en France on est à un peu plus de 4%. Et ne parlons pas du Danemark à 40 % ! Et si, globalement, la France est de fait exportatrice d’électricité, la faible production éolienne entre dans le circuit global.
Il se peut que l’éolien ne soit pas la panacée. J’ai même lu un article qui expliquait qu’en coûts environnementaux – béton, acier, etc. – le nucléaire, déchets stockés compris, serait plus économique que l’éolien ! Mais vu la faible implantation en France – l’éolien marin reste encore à l’état de projet depuis une bonne dizaine d’années - le vent sert donc surtout à être brassé dans des débats sans fin (et aussi dans d’interminables procédures judiciaires).
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