APL, emplois aidés, taxe d’habitation, trois exemples de la méthode macron.
Le constat que les Aides personnalisées au logement au sens large (APL proprement dit, ALF et ALS) ont pu entraîner une dérive inflationniste des loyers, autrement dit que les proprios ont pu indûment augmenter les loyers sans améliorer la qualité des logements, semble en partie fondé. Mais sucrer 5 euros par mois aux bénéficiaires est sans aucun rapport avec ce constat (très, très partiel). Si le gouvernement a tordu le bras aux bailleurs sociaux en les forçant à baisser d’autant les loyers, pour les proprios privés ça reste du domaine du vœu pieux, d’autant que la dérive des loyers est d’abord liée au manque de logements.
Qui voudrait d’un emploi aidé ? a osé demander le Président.
D’abord ceux qui pouvaient en bénéficier, et qui vont en être exclus, ensuite les milliers de bénévoles associatifs pour qui directement ou indirectement ces emplois représentaient un sérieux coup de pouce à leurs activités. Et là, la justification – les emplois aidés ne débouchaient pas sur des emplois pérennes – n’est pas étayée par des études sérieuses. Et même le chiffre lancé par le 1er ministre (75% d’échecs) est controuvé : le service des études et statistiques du Ministère du travail (DARES) constatait que "67% des personnes sorties en 2014 d’un CUI-CIE (privé) et 41% des personnes sorties d’un CUI-CAE (public) étaient en emploi".
La taxe d’habitation est injuste.
Là nul n’en disconviendra, car elle n’est pas assise sur le revenu. Sans parler de sa disparité entre les communes. Injustice reconnue et en partie corrigée puisque exonération ou plafonnement de taxe peuvent s'appliquer en cas de faibles revenus.
Sauf que ladite taxe est une source de revenus essentielle des communes. Et dont elles peuvent, dans certaines limites, fixer le montant. Sa quasi suppression traduit en fait une sorte de recentralisation, la négation des lois Deferre. Car en remplacer le produit par des subventions veut dire – la diminution des dotations de l’état, malgré les promesses passées, le démontre – que les revenus des communes seront en bonne partie entre les mains d’un état qui ne résistera pas à la tentation de les diminuer en cas de contraintes budgétaires. Un état central qui n’hésite déjà pas à intimer aux collectivités territoriales une baisse de leurs emplois et plus globalement de leurs dépenses. Donc une négation totale de leur autonomie dans le cadre de leurs compétences.
Manœuvre dilatoire ou prise de conscience tardive des effets pervers de cette suppression, le gouvernement parle maintenant de réfléchir sur une nouvelle taxe pour remplacer celle arbitrairement supprimée. Autrement dit, on a bien mis la charrue avant les bœufs, signe d’un total amateurisme.
Donc de grandes affirmations plus ou moins étayées mais des pseudo-solutions brutalement imposées : telle est la méthode Macron.