On rit jaune avec un maître en « fake news » -bobards - qu’est l’eurodéputé Tremosa, franche marrade en revanche avec les retouittes viraux d’un article du Financial Time, et, avec Tabarnia, la parodie n’est pas dépourvue d’ironiques leçons.
L’eurodéputé PdECAT (exCDC), Ramón Tremosa, est un des artisans de l’exil de Puigdemont à Bruxelles. Apparemment très propre sur lui ce Professeur d’université, supporter comme il se doit du Barça, et, plus surprenant pour un membre du parti de centre droit nationaliste, objecteur de conscience. Qu’il ait affirmé qu’en cas d’indépendance la Catalogne resterait en Europe et que cette indépendance était la seule façon de garantir leur pension aux retraités était certes mensonger, mais il n’avait pas le monopole du mensonge. Déjà, plus vicieux, pour barrer la route du groupe libéral aux eurodéputés de Ciudadanos, il avait fait courir le bruit que l’un d’eux avait des liens avec le terrorisme. Mais il a fait encore plus fort !
Un selfie avec Elio di Rupo
Rencontrant Elio di Rupo, ex-premier Ministre belge, Président du Parti socialiste Wallon il fait un selfie avec lui. Et de le balancer sur touitteur en affirmant que di Rupo condamnait la dérive autoritaire de Rajoy et l’emprisonnement d’une partie du gouvernement catalan.
Stupeur du socialiste belge quand ça lui fut signalé.
Mais il est peu sûr que son démenti a été aussi largement diffusé que le mensonge éhonté de Tremosa.
Une fausse UNE du TIME
La révolution des parapluies à Hong-Kong, d’un coup de baguette magique se trouve transplantée à Barcelone. Le mensonge s’accompagne d’un trucage.
Athletic et 155
L'application de l’article 155 – qui place la Catalogne sous tutelle du gouvernement central – a provoqué, dit-il, photo à l’appui, une immense marche de protestation à Bilbao : les Basques soutiennent les Catalans !
Sauf qu’il s’agit des supporters du club de football Athletic de Bilbao.
Répression policière
Magnifique photo d’une jeune fille bloquant courageusement un vilain policier casqué pour l’empêcher de saboter le déroulement du référendum du 1er octobre ! Mais là, le cliché a été pris lors d’une manifestation au… Chili !
Ada Colau, qu’il tenait pour responsable des files d’attente interminables à l’aéroport de Barcelone en lui inventant un poste au conseil d’administration, l’a accusé de mentir de manière TRUMPiste (« estar muy desesperado, para que un diputado mienta de esta manera #trumpismo »).
Grande marrade, en revanche, avec le Financial Times !
« Le monde possède un nouveau et héroïque combattant pour la liberté. De Gaulle, Gandhi, Mandela et maintenant Puigdemont », ainsi démarrait le texte signé du rédacteur en chef, Robert Shrimley, dans le grand journal économique le Financial Times. Eblouis de voir le nom de l’ex-président de la Generalitat associé à ceux de ces grands noms de l’histoire dans un des journaux les plus prestigieux de la planète notre Ramón Tremosa, mais aussi le chanteur Lluis Llach se sont empressés de partager la bonne nouvelle. Ainsi cet article du journal britannique fut le plus partagé de l’année sur les réseaux sociaux.
"The world has a new and heroic freedom fighter. De Gaulle, Gandhi, Mandela and now Carles Puigdemont, deposed leader of Catalonia who, as Spain took central control over his region, fled to Brussels and is refusing to return until he has guarantees about his safety."
Que l’on puisse comparer Carles Puigdemont au chef de la France libre appelant à lutter contre les Nazis, ou au pacifiste indien qui a défié le colonialisme britannique, ou encore au leader sud-africain qui a combattu au prix de sa liberté l’apartheid, ne leur a pas paru quelque peu ironique. Non, eux et de nombreux sécessionnistes ont pris ça au 1er degré et en ont fait le touitte le plus viral de l’année.
TABARNIA
Liberté pour la Tabarnia. La Catalogne vole la Tabarnia. La Catalogne n’a absolument rien pour séduire la Tabarnia. La corruption des politiciens catalans a poussé la Tabarnia dans la misère. Par conséquent, les citoyens de Tabarnia ont le droit de décider de leur avenir. La Tabarnia ne veut pas l’indépendance, elle veut la démocratie.Si la Tabarnia se proclame autonome, elle assurera sa présnece dans l’Union Européenne. Tabarnia la Crimée catalane.
Tabarnia, une hypothétique union des provinces de TArragone et de BARcelone, relève du canular, mais une blague qui n’est pas dépourvue d’un air de vraisemblance. Tous les slogans employés sont ceux martelés depuis des années pas les sécessionnistes. Et depuis 2015, un mouvement baptisé Barcelona is not Catalonia constate que la Catalogne se compose de zones clairement différentes du point de vue économique mais aussi linguistique, identitaire et social. Et ces deux provinces, Barcelone surtout, ne donnent pas une majorité aux partis indépendantistes. Aleix Sarri, assistant parlementaire de notre cher eurodéputé Ramón Tremosa, a comparé, sans rire, cette idée de Tabarnia à la Ligue du Nord en Italie, taxée de populiste ! Evidemment les unionistes de Ciudadanos en font leurs choux gras : si les nationalistes allèguent l’inexistence d’un droit à se séparer, pourquoi veulent-ils le faire ? ironisent-ils.
Pour compléter :Bientôt un référendum dans la Tabarnia catalane ?
Barcelone peut-il se séparer des indépendantistes catalans ?
Courrier International :https://www.courrierinternational.com/article/barcelone-peut-il-se-separer-des-independantistes-catalans
Un eurodéputé, aussi cyniquement menteur que notre Wauquiez, comme un agent double du FSB passé maître dans l’art de lancer de fausses nouvelles à la russe, des amis de Puigdemont des plus jobards qui ne voient même pas l’ironie cruelle de la comparaison de leur héros avec de grandes figures de l’histoire et enfin un canular qui renvoie en boomerang toute l’inanité de l’argumentation sécessionniste.
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