Qu’un-e concurrent-e conteste un résultat d’élection quand le score est serré est classique et quasi automatique. Donc, Manuel Valls, sans étiquette, n’ayant que 139 voix d’avance voit sa victoire à l’arraché mise en cause par sa rivale, Farida Amrani, France Insoumise. Rien que de banal. Sauf que la concurrente évoque un incongru appel à Amnesty International, le vendredi d’avant le scrutin, « pour qu’ils fassent leur travail d’observateurs » dans les bureaux de vote !
Mme Amrani conteste particulièrement les résultats de quatre bureaux d’Evry dépourvus d’assesseurs de France Insoumise. Elle s’appuie sur des témoignages de citoyens présents : "On a des attestations, des citoyens qui nous ont appelés hier en disant : 'Vous avez raison.' Qui ne sont pas des militants France insoumise."
Cette absence d’assesseurs ou de délégués, tout au long du scrutin et au dépouillement, est des plus étonnantes.
Il suffit de lire l’article 67 du code électoral pour savoir que : « Tout candidat ou son représentant dûment désigné a le droit de contrôler toutes les opérations de vote, de dépouillement des bulletins et de décompte des voix, dans tous les locaux où s’effectuent ces opérations, ainsi que d’exiger l’inscription au procès-verbal de toutes observations, protestations ou contestations sur lesdites opérations, soit avant la proclamation du scrutin, soit après. » Au lieu d’appeler à la participation d’Amnesty international, elle eût mieux fait de désigner ses assesseurs dans chaque bureau de vote.
Quant au dépouillement, il obéit à des règles strictes qui laissent peu de place à la fraude, comme le rappelle Le Monde.
Il s'agit d'un vote de parents d'élèves sur les rythmes scolaires d'où l'aspect insolite des bulletins, mais le dépouillement se fait dans les règles.
"Le dépouillement est régi par l’article 65 du code électoral, et doit être réalisé sous le regard des électeurs présents, et des délégués des candidats.
Dès la clôture du scrutin, la procédure impose de commencer par le dénombrement des émargements. Ensuite, l’urne est ouverte et le nombre des enveloppes est compté. Si ce nombre est différent de la liste d’émargement, cela doit être mentionné au procès-verbal.
Les enveloppes sont ensuite réparties par tranches de 100, puis placées dans une « enveloppe de centaine », cachetée et signée par le président du bureau de vote et ses deux assesseurs. Chaque enveloppe est confiée à une table de quatre personnes. Là encore, le nombre d’enveloppes est recompté pour vérifier la présence de 100 bulletins.
Le dépouillement des enveloppes débute ensuite. Un scrutateur est chargé d’ouvrir l’enveloppe électorale, un deuxième de lire le nom du candidat ou de la liste, puis de déposer devant lui le bulletin, face imprimée vers le haut. Les deux autres scrutateurs inscrivent des bâtons en face du nom du candidat sur la liste de dépouillement. Cette opération peut être observée librement par les personnes présentes, et la circulation doit être facile entre les tables, précise le code électoral.
Si un bulletin de vote présente un problème – l’enveloppe est vide, contient plusieurs bulletins, ou quelque chose d’autre qu’un bulletin – les scrutateurs doivent en faire un constat à l’unisson. Le vote blanc ou nul est ensuite confirmé par un membre du bureau, puis le bulletin est agrafé à l’enveloppe, et signé par le bureau."
Quiconque a assisté ou mieux participé comme scrutateur à cette opération voit mal à quelles « choses graves » Mme Amrani a pu assister, comme elle le prétend, sans plus de précisions. « Choses graves » dont elle avait le droit absolu de les faire noter sur le PV du bureau de vote.
Quand à aller recompter les bulletins de vote à la préfecture, comme elle prétend le faire, c’est de la plus haute fantaisie, puisque ne remontent que les listes d’émargements, les Procès Verbaux et les votes déclarés blancs ou nuls* (les seuls donc qu’elle peut recompter).
Malgré un passé rocardien commun – j’ai eu partagé un buffet champêtre lors d’une réunion du courant C avec le trio Bauer, Fouks, Valls – j’ai nettement divergé de l’ex- premier ministre, notamment sur la laïcité. Et sa déloyauté après la primaire m’a débecté. Cependant, ce prétendu appel à des observateurs d’Amnesty International montre que dès l’avant-veille du scrutin, la candidate de France Insoumise prévoyait de jeter la suspicion sur le résultat… s’il lui était défavorable. Et le flou de ses accusations comme ce recomptage bidon qu’elle évoque ne démontrent pas le sérieux de sa contestation. Qu’elle pourra d’ailleurs porter devant le Conseil constitutionnel…
commenter cet article …