Quitte à surprendre tous ceux qui me prennent pour un horrible mécréant, je ne peux qu’approuver ce curé de Viveros (province d’Albacete) qui, nouveau Luther, placarde que ceux qui vivent en couple sans être mariés, qui répandent de fausses nouvelles ou sautent la messe dominicale, par exemple, sont à écarter de la sainte-table.
Ce Luther – très orthodoxe au demeurant – a placardé, à l’entrée de l’église San Bartolomé de Viveros, bled de 300 habitants à près de 80 km d’Albacete, une liste des péchés mortels. Péchés qui interdisent donc la communion.
On y découvre que tuer injustement, mais aussi avorter, baiser, ne pas payer ses dettes, voler… sont des péchés mortels.
Mais aussi manquer délibérément la messe dominicale, vivre en couple sans être mariés, inventer de fausses nouvelles, mensonges et calomnies, pratiquer de quelque façon que ce soit la sexualité hors des liens sacrés du mariage que ce soit seul ou avec d’autres personnes, même consentantes, mais encore s’adonner au spiritisme, à la divination ou à la sorcellerie, tous ces péchés écartent les personnes qui les ont commis de la communion et du salut final !
Le curé de Viveros refuse aussi la communion à ceux qui refusent de payer les salaires, les charges sociales et impôts conformes à ce qui est juste ("no paguen sueldos, impuestos y cargas sociales conforme a lo que es justo"). En revanche, l’alcool et les drogues ne font pas partie de sa liste.
Bien que cette liste eût dû recevoir l’approbation de tout bon paroissien, certains l’ont vue d’un mauvais œil, car elle risque d’écarter des fidèles d’une église où tout n'est que péché.
Mais je laisse auxdits fidèles le soin de contester l’affichage des péchés mortels.
Que la religion catholique interdise la fornication hors mariage, que la religion juive impose de manger casher, que la religion musulmane proscrive le porc, etc. c’est leur droit le plus strict.
Sous réserve que leurs interdits et prescriptions ne contreviennent pas aux lois ni ne mettent en cause l’ordre public. Sous réserve aussi que leurs fidèles suivent leurs préceptes de leur plein gré et que les sanctions qui les menacent ne soient que spirituelles. Pas de communion donc, et, sans repentance, l’enfer in fine, comme l’affiche le curé. Mais pas d’arrestation pour non respect du ramadan ou fornication de personnes non mariées, les protagonistes fussent-ils d’hypocrites prédicateurs, comme c’est hélas encore le cas au Maroc.
Et surtout, le rappel constant que ces dogmes n’interfèrent pas avec les règles que se donne la société par le biais de sa législation ou par l’évolution de ses mœurs. Aucune croyante d’aucune religion n’est obligée, par exemple, de pratiquer l’IVG, aucun-e croyant-e n’est obligé-e de contracter un mariage avec une personne du même sexe, mais aucune religion n’a à interdire l’IVG ou le mariage pour tous aux personnes qui n’adhèrent pas à leurs croyances !
Et, n’en déplaise aux bigots, qu’on préserve le droit inaliénable de moquer les tartuferies des religions. Surtout de celle que l’on a pu subir dans sa lointaine enfance.
En prime un court métrage de 1920 sur les dangers de la tentation
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