Abjection votre déshonneur ! est-on tenté de s’écrier en lisant la dernière chronique matinale de D. Schneidermann. A force de jouer le donneur de leçons à l’encontre de ses collègues journalistes – il en donne encore un échantillon dans Libération envers Anne-Sophie Lapix – il en vient à basculer dans l’odieux sur la mort de deux journalistes de RFI au Mali.
Ghislaine Dupont, 51 ans, et Claude Verlon, 58 ans, envoyés spéciaux de RFI au Mali, ont été tués près de Kidal samedi 2 novembre 2013. AFP/-
“ La double exécution à peine connue, les rares informations dont on disposait furent noyées, sur toutes les ondes, sur tous les sites, dans une vaste cérémonie funéraire corporatiste. Il ne s’agissait pas d’informer, mais de pleurer les confrères, et de condamner la lâcheté des « barbares ». L’émotion avait fait basculer le système dans la pure et simple propagande de guerre, lui faisant oublier que cette double exécution était un acte de guerre, totalement barbare certes, mais ni plus ni moins que bien d’autres, qui ne parviennent jamais à notre connaissance. »
Procédé très schneidermannien : une globalisation – toutes les ondes et tous les sites, ce qu’il appelle lémédias – ce qui lui épargne l’obligation d’appuyer ses assertions d’exemples précis. Ensuite une énormité : pour lui, ce double assassinat, de deux journalistes armés de leurs micros est un « acte de guerre ». Suivie de plus énorme encore, plus fort que l’habituelle objection débile sur les autres sujets toujours plus important que celui qu’on traite, cette « double exécution » de deux journalistes n’est pour lui, ni plus ni moins que d’autres « qui ne parviennent jamais à notre connaissance ». Sûr que si on assassine les journalistes, il y en aura encore plus d’exécutions et autres crimes de guerre dont on n'aura pas connaissance ! Et, faudrait-il, sous prétexte que d’autres crimes sont commis sans qu’on le sache, taire ceux qui frappent deux « reporters sans frontières » ?
Tout cela aboutissant à cette abjecte dénonciation d’une « cérémonie funéraire corporatiste ».
Journalistes tués au Mali : "Ils faisaient simplement leur métier", déplore un collègue
Face à cette ignominie, il est bon d’écouter un collègue de RFI des deux journalistes, Nicolas Champeaux, qui, avec dignité et pudeur, nous dit qui étaient les deux disparus. Et en vrai journaliste fait le point sur les éléments connus et les interrogations sur les causes du drame.
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