Vous vous souvenez de Lies hebbadj ? vous savez ce polygame nantais, qui avait été déclaré présumé coupable par Brice Hortefeux, ministre de l’intérieur ? eh bien ! il vient de bénéficier d’un non-lieu ! comme Sarkozy !
Flash back : le 2 avril 2010, un motard de la police verbalise Sandrine Mouleres, avec 22€ d’amende, pour non-respect de l'article 412-6 du Code de la route, qui stipule que «tout conducteur doit se tenir constamment en état et en position d'exécuter commodément et sans délai toutes les manœuvres qui lui incombent». En effet, la dame conduisait en niqab et l’agent de la force publique avait estimé que le port de ce voile intégral pouvait nuire à sa bonne conduite… du véhicule. Précisons qu’à l’époque la loi sur ce fameux voile n’était pas encore votée.
Et ce qui avait déchaîné le bouze – parlait-on déjà de "bouze" à l’époque – ce fut surtout le mari, un certain Lies Hebbadj qui était venu appuyer la contestation du PV par son épouse.
Aussitôt, Brice Hortefeux saisit son collègue Besson pour qu’il étudie les conditions dans lesquelles l’individu pourrait être déchu de sa nationalité. Car l'époux de cette femme «appartiendrait à la mouvance radicale du Tabligh et vivrait en situation de polygamie, avec quatre femmes dont il aurait eu douze enfants. Au demeurant, chacune de ces femmes bénéficierait de l'allocation de parent isolé.» «J'ajoute, en outre, que ces quatre femmes porteraient le voile intégral.»
Pas tibulaire, mais presque aurait dit Coluche de ce personnage portant la barbe, vêtu à la pakistanaise d'un khamiss, la tête recouverte d'une calotte et d'un keffieh. Il tenait une librairie mais possédait aussi une boucherie halal à Rezé-lès-Nantes.
Arrivé avec sa famille en France à l’âge de deux ans, il obtient 22 ans plus tard la nationalité française. « Le Figaro » qui a « eu accès au dossier de naturalisation » nous en apprenait de belles sur le « trouble passé de Lies Hebbadj ». Ainsi nous apprenait-il que, bien qu’il n’ait eu aucun lien avec une mouvance islamiste avant 2000, il était « bien connu des services de police ». Polygame donc, il aurait quatre épouses officieuses, mariées religieusement, dont des Françaises converties à l'islam. Des femmes dont il aurait eu douze enfants, puis quinze. Ce qui donnait lieu à une escroquerie aux prestations sociales versées au titre de l'allocation de parent isolé à ses compagnes qui portent toutes le niqab et vivent dans une sorte de gynécée réparti entre trois maisons contiguës. Une fraude estimée à 90 000€.
Mais les charges contre le très étrange Lies Hebbadj ne s’arrêtaient pas là. Des fuites policières faisaient état de coups portés à l’une de ses concubines et surtout, en 2006, de la plainte d’un père de famille pour détournement de mineure, car le libraire était parti en voyage à Dubaï avec sa fille de 17 ans et demi. L'affaire fut classée sans suite, car la jeune fille avait affirmé l'avoir suivi volontairement pour des vacances.
Enfin – last but not the least – le procureur de Nantes révélait, toujours en 2010 mais en août, que Liès Hebbadj était accusé d’avoir violé "de façon répétée" une certaine Nina Gomez entre 2003 et 2006, notamment quand elle était enceinte. La jeune femme a depuis épousé un autre homme, et vit à Dubaï, aux Emirats arabes unis. "Elle a fait spontanément ces déclarations devant le juge d'instruction vendredi, lors de sa mise en examen dans le cadre de l'enquête sur des fraudes aux prestations sociales". (Le Point)
Psschitt…
Ne le dites pas à Hortefeux, mais tous les dossiers ont fait psschitt…
Tout d’abord, la niqabée Sandrine a vu son PV annulé par le tribunal de police: «On est dans un pays de libertés, tout ce qui n'est pas interdit est autorisé». Selon l’avocat, cette décision a été motivée par le fait que le niqab «ne présente aucune dangerosité car il bouge avec la tête» de la personne qui le porte.
Aucune véritable poursuite n’a été lancée pour polygamie puisque, en France, elle ne peut avoir aucune existence légale (les prétendus « mariages religieux » sont nuls et non avenus en droit). Mais, Lies Hebbadj et ses concubines ont aussi bénéficié, en 2012, d’un non-lieu du juge d’instruction pour fraudes aux prestations sociales. "L'examen du dossier n'a débouché sur aucune preuve sérieuse à charge par rapport à Lies Hebbadj. L'essentiel des charges qui pesaient sur lui se dégonflent. La montagne a accouché d'une souris", commentait son avocate Cécile de Oliveira. Le seul élément retenu fut une fausse déclaration de l’épouse légitime sur la présence sur le territoire national de ses enfants légitimes pendant plus de trois mois, pour un préjudice de 3426 euros. (L’Express). Hebbadj sera lui condamné dans un dossier de travail dissimulé, sans rapport donc avec l’affaire.
Restait donc, plus de trois ans après le PV, une plainte d’une ex-concubine pour viols aggravés. « Au terme de trois années d’enquête, la justice vient de rendre un non-lieu, définitif, pour Lies Hebbadj qui était accusé de viol par une ex-compagne. Ce commerçant rezéen voit ainsi ses ennuis judiciaires définitivement clos. » « J’ai toujours cru que c’était une manipulation, souligne maître Cécile de Oliveira, avocate du commerçant, car l’ex-compagne s’était souvent plainte de Lies Hebbadj sur son blog lors de leur rupture. Elle mettait en cause son comportement ou son indélicatesse supposée mais ne faisait jamais état de telles accusations. Celle-ci est sortie du chapeau devant un juge qui la mettait en examen… Tout s’est dégonflé. » (Ouest-France)
Le non-lieu n’a pas été passé totalement sous silence, mais rien à voir avec la flambée médiatique provoquée par les propos incendiaires d’un ministre de l’intérieur assez indigne. Propos qui, comme le rappelait l’avocate, visaient "à discriminer la communauté musulmane".
Propos totalement hors de proportion avec l’incident qui leur ont servi de prétexte. Et qui ont abouti à une instrumentalisation du préfet, des services de police, du parquet chargés de conforter la présomption de culpabilité du ministre. Et, à l’arrière-plan de cette mise en scène assez obscène se profilait la mise en place d’une procédure de déchéance de la nationalité.
Une affaire tristement typique des années sarkozy.
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