Ex-principal du Collège Jules Ferry à Montaigu – pour les non Vendéens, cette charmante cité, qui doit sa célébrité à un air un peu leste qui décrit les charmes de parcours en venant de Nantes, fut longtemps le canton du Vicomte de Villiers – je suis tombé, dans Ouest-France, sur un compte rendu de conseil municipal des plus instructifs. Car derrière l’attaque sur le non respect de la minute de silence c’est, en filigrane, l’attaque du service public d’éducation minoritaire dans le bocage.
« Le vrai moyen d’avoir la paix c’est de mettre chacun à sa place, chaque chose à sa place : le maire dans la mairie, avec pouvoir administratif ; le curé dans l’église, avec la religion ; l’instituteur dans l’école, avec les éléments de la science et de la morale. » écrivait Jean Jaurès, dont des extraits de sa lettre aux instituteurs et institutrices furent lus lors de l’hommage à Samuel Paty.
Apparemment, le Maire de Montaigu-Vendée et le président de Terres de Montaigu mélangent les genres, qui avaient annoncé, dans un communiqué daté du 12 novembre, avoir saisi les autorités compétentes afin d’avoir connaissance des faits précis et des suites disciplinaires et pénales pouvant être engagées contre deux collégiennes du collège Jules Ferry ayant refusé de respecter la minute de silence en mémoire de S. Paty.
A quel titre ces deux élus ont-ils à connaître des suites, qu’on peut espérer d’abord et avant tout éducatives, décidées par la chef d’établissement, éventuellement le conseil de discipline, le cas échéant le juge pour enfants, etc. après ce refus, juste mentionné par un prof ?
Un élu de l’opposition ayant interpelé le maire de Montaigu - « J’espère que vous pourrez nous confirmer que vos sous-entendus étaient bien à destination de l’institution et non à l’équipe de la direction du collège Jules-Ferry. Tout cela nécessite plus qu’une réaction simpliste de votre part. » - la journaliste (en toute ‘objectivité’) qualifie son intervention de « laïus* ».
Un exemple de l’instrumentalisation assez crapoteuse de faits très isolés de refus d’observer la minute de silence. Tout ça fait dans la tradition locale, puisque le sénateur vendéen Retailleau n’avait pas hésité, au lendemain de l’attentat du 7 janvier 2015, à demander une commission d’enquête sur le non respect de la minute de silence !
* Laïus : long développement verbeux et creux (à peine péjoratif)
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