9 matches de suspension, mais en fait bien plus puisque Luis Suarez est interdit de stade et d’entraînement pendant quatre mois, voilà la sanction FIFAesque qui rime avec grotesque. Résultat d’une assez indécente campagne d’une presse britannique qui ne s’est pas remise d’avoir été définitivement éliminée par deux buts de Suarez !
Pour Pascal Praud et sa clique Suarez était coupable, forcément coupable. Ne parlons pas de la presse britannique, dont l’équipe a été battue par deux buts de Suarez, qui se déchaîne et le condamne déjà à deux ans d’exclusion. « Make bitter Suarez a pariah »- faites du mordant Suarez un paria ! - titre le Daily Mail. La presse italienne est finalement plus modérée qui déplore plus l’éviction de la squadra azzura que la morsure dont aurait été victime Giorgio Chiellini.
L’excellent Président Uruguayen Pepe Mujica contre-attaquait : "Yo no vi que Suárez haya mordido a nadie" Moi, je n’ai pas vu Suarez mordre quiconque.
Certes, on ne prête qu’aux riches. Et Praud toujours ne s’est pas fait faute de repasser les exploits de Luis Suarez qui, de fait, le 22 novembre 2010, pendant le choc néerlandais entre l'Ajax Amsterdam et le PSV Eindhoven, avait mordu au cou l'ailier marocain du PSV, Otman Bakkal ; il avait récidivé, en avril 2013, mordant Branislav Ivanović au bras lors d'un duel. Force est aussi de convenir que sa dentition proéminente, même si elle ne s’orne pas de canines vampiresques, nourrit, si l’on peut dire, les soupçons.
Mais on conviendra aussi que l’explication qu’il donne est parfaitement recevable. Ce n’est pas sa mâchoire qui se jette sauvagement sur l’innocente épaule du joueur transalpin, mais ladite épaule qui remonte brutalement vers son visage heurtant violemment son innocente mâchoire supérieure.
Certes encore, la courte séquence de l’incident met un peu en défaut l’explication fournie par l’accusé. A la première vision, pendant le match, on a bien l’impression que c’est l’Uruguayen qui se penche vers l’Italien, comme pour un coup de boule. Qu’à cela ne tienne, Luis explique qu’il a glissé ce qui explique son penchant. Et les experts de son pays de montrer que l’épaule complaisamment exhibée aurait subi un traitement photoshop comme les bourrelets d’un petit Président Français de naguère. On y aurait ajouté des traces de dents imprimées dans la chair, alors qu’au départ il n’y aurait que la marque légère d’un choc.
Même en admettant que le pistolero du Rio de la Plata, concession purement rhétorique, ait un peu trop appuyé ses incisives sur l’épaule de son adversaire, on conviendra qu’il n’y a pas mort d’homme. On objectera que dans une étude publiée en 1990 par le British Journal of Surgery, le médecin Mohannad Al-Fallouji, qui travaillait à l’époque au Royal Victoria Hospital de Belfast, que les morsures peuvent provoquer des inflammations d’origine bactérienne, nécessitant parfois un traitement antibiotique et antitétanique ! A noter que les cas abordés dans cette étude portent sur des ébats amoureux se concluant par des claquements de dents un peu trop appuyés (Les mordus de l’amour).
Au pire, donc, Suarez ne voulait que montrer son amour à cet adversaire qui lui avait prouvé le sien en l’enlaçant plus d’une fois dans la surface dite de réparation. Le cher Giorgio aurait même ajouté quelques mots doux sur la maman de Luis. Ce sont les Uruguayens qui l’affirment ajoutant que les remplaçants italiens l’avaient aussi abreuvé de ce style de gentillesses.
Faut-il dire que la Fédération Uruguayenne de foute a plaidé non coupable auprès de la commission de discipline bidon ? Elle arguait d’abord que l’arbitre n’a pas jugé bon de sanctionner les faits qui se sont déroulés sous ses yeux. Il ne s’agit d’ailleurs que d’un choc accidentel dû à la perte d’équilibre de l’un des joueurs.
La FIFA, certainement plus sensible à la campagne de presse britannique qu’aux arguments de la fédération uruguayenne, a donc sévèrement sanctionné El Pistolero : suspendu pour neuf matches de la sélection uruguayenne (donc de tous les matches éventuels de la coupe du monde à commencer par celui contre la Colombie) ; en plus, il ne pourra avoir aucune activité footballistique dans les quatre prochains mois y compris l’entraînement et même l’entrée dans un stade ! L’amende de 100 000 Francs suisses – Blatter oblige – vient comme une guigne sur le gâteau au poivre de la FIFA !
Combien de casseurs de tibias ont récolté une telle sanction ?
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