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7 novembre 2017 2 07 /11 /novembre /2017 15:35
Intentions de votes après la fuite de Puigdemont

Intentions de votes après la fuite de Puigdemont

Si l’on en croit un récent sondage de Sociométrica, réalisé entre le 27 et le 31/X,  la gauche républicaine indépendantiste (ERC) deviendrait le premier parti catalan, suivi de Ciudadanos (C’s farouchement anti-indépendantistes) du PSC (branche catalane du PSOE) puis du Parti démocratique européen catalan (PDeCAT) qui, sous un autre sigle, a dirigé la Catalogne autonome de 1980 à 2003 notamment, avec Jordi Pujol. Mais tout cela repose sur des hypothèses de listes indépendantistes… indépendantes les unes des autres.

Rien n’est simple

Difficile de s’y retrouver dans la politique catalane car, outre la division principale entre indépendantistes et anti indépendantistes, il y a toujours un clivage au sein des deux blocs droite-gauche et même une gauche, dont la figure de proue est Ada Colau, Maire de Barcelone, qui ne prône pas l’indépendance, tout en admettant un référendum.

Avec ERC, Esquerra Republicana de Catalunya, Gauche Républicaine de Catalogne, pas d’ambiguïté, puisque son sigle même indique clairement qu’il se situe à gauche. Cependant, il s’était allié au Parti démocratique de Catalogne, centre-droit, au sein d’une coalition Junts pel Si (Unis pour le Oui, oui évidemment à l’indépendance) aux élections de 2015.

Passons à ce Parti Démocratique de Catalogne : sous le nom de CDC, avec Jordi Pujol à sa tête,  il a dirigé la Catalogne de 1980 à 2003 (seul ou dans des coalitions comme CiU). De 2010 à 2015, avec une majorité relative, il reprend les rênes de la Catalogne avec Artur Mas. Et c’est lui qui est à la tête de la coalition Junts pel Si avec Carles Puigdemont. Ce sondage marquerait donc une chute lourde puisque aux dernières élections où il se présentait seul (2012), il comptait encore 50 députés.

Dernier membre de la coalition indépendantiste sortante la  Candidatura de unidad popular (CUP) extrême-gauche anti-capitaliste, anti européenne, qui a fait l’appoint de Junts el Si pour la majorité absolue dans la chambre sortante,  il perdrait des plumes.

Côté anti-indépendantistes, Ciudadanos (C’s), centre droit, qui a pris naissance en Catalogne, le Parti socialiste catalan (PSC) et le Parti Populaire (PP), droite, conserveraient à peu près les mêmes scores, C’s et PP gagneraient 1 siège.

Enfin, en même temps, comme dirait Macron, non indépendantiste mais contre l’application de l’article 155, Catalunya Sí que es Pot (CSQP Catalogne Oui c'est possible), coalition de gauche dont le noyau est Barcelona en Comú, le groupe conduit par Ada Colau, maire de Barcelone, mais qui agrège aussi des verts, des ex-PC et, en principe Podem (branche catalane de Podemos).

Pour ceux qui n’auraient pas tout suivi, résumons : trois partis indépendantistes (ERC, PDeCat, CUP), trois branches de partis nationaux anti-indépendantistes (C’s, PSC, PP), une alliance localo-nationale non indépendantiste, mais pro-référendum (CSQP).

Tout se complique

Malgré cette prévision favorable, ERC se dit prêt à une grande alliance indépendantiste, mais à condition que la CUP en fasse partie. Positionnement tactique* pour paraître unitaire pour trois ?

Podem-os, lui, connaît une crise puisque si le niveau national prône l’alliance avec Ada Colau, au niveau local son responsable catalan, Alberto Dante Fachin, démissionne car plutôt pro-indépendance.

Et, pour faire bon poids, la position du PSOE qui soutient l’application du fameux article 155 au niveau national est loin de faire l’unanimité au sein du PSC.

Catalogne : en un combat douteux

Un coup pour rien ?

Si cette estimation des votes se réalisait, à peu de choses près on retrouverait le même rapport de forces au parlement catalan. Les anti-indépendantistes perdraient 4 sièges, et quelques dixièmes de %, mais garderaient la majorité absolue d’un poil, avec 68 sièges. Les anti indépendantistes purs et durs gagneraient 2 sièges et quelques dixièmes de %.

Seuls les ni indépendance, ni 155, de CQSP, progresseraient significativement de 2 sièges et de plus de 1%.

Rêvons un peu

Si on était dans une élection classique où le clivage se ferait en droite/gauche, la gauche – ERC+PSC+CQSP+CUP - pourrait crier victoire, frisant la majorité absolue des voix et avec une majorité de sièges confortable, même en excluant de son alliance l’incommode CUP.

Mais il n’en sera, de toutes façons, rien, puisque la « fiction narcissique » nationaliste va continuer à dominer le jeu politique catalan et le laisser dans l’impasse.

* Finalement ERC partira seul au grand dam de PDeCat

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23 septembre 2015 3 23 /09 /septembre /2015 17:21
CATALOGNE 27S

“A Madrid je travaille librement. A Barcelone le nationalisme a tout infecté.” Ana Nuño, auteure et traductrice Vénézuélienne

Voir les résultats en annexe

Dimanche prochain – 27 S comme on dit de l’autre côté des Pyrénées – auront lieu les élections catalanes. Artur Mas, président sortant de la Generalitat, veut en faire une élection référendaire pour l’indépendance. Si l’on en croit le sondage de metroscopia, la coalition un peu hétéroclite qu’il emmène - Junts pel Si – avec l’appui d’un parti indépendantiste de gauche – CUP – obtiendra la majorité absolue des sièges et frôlera la majorité absolue des suffrages. Ce scrutin risque donc de percuter la vie politique espagnole – dont les élections générales auront lieu en décembre – et porte en germe une balkanisation de l’Europe. Il risque aussi de précipiter la Catalogne fièrement vers l’insignifiance culturelle !

 

 

Contrairement à l’hexagone, où l’on voit proliférer des officines sondagières douteuses (style ODOXA), l’Espagne semble ne connaître que deux instituts : Metroscopia et CIS. Le 1er a été relativement fiable dans les élections andalouses.

Le sondage de Metroscopia constate un effritement des forces coalisées par Mas : séparément CIU, conservateur, et ERC, gauche, comptaient 71 élus, coalisés avec d’autres ils en auraient 4 ou 5 de moins, la dynamique de l’union ne se sent guère. Mais cette perte est largement compensée par la CUP qui bondirait de 3 à 10-11 élus. Les indépendantistes seraient donc majoritaires dans le futur parlement. Et quasi majoritaires en voix.

Les non indépendantistes, eux, avancent en ordre très dispersé. Entre le PP, figé dans le statu quo, Ciutadants (C’s) très espagnoliste et le PS Catalan assez ambigu ou la coalition de Podemos et d’IU ouverte à de profondes évolutions de l’autonomie, il ne peut y avoir de front uni.

   Cependant les indépendantistes auraient tort de prendre leur probable victoire pour un blanc-seing vers l’indépendance. Le même sondage révèle que seuls 22% des sondés considèrent que leur victoire serait un mandat pour proclamer l’indépendance catalane tandis que 66% la considèrent comme un mandat pour négocier avec le gouvernement espagnol les termes et les modalités d’une possible indépendance. Et si un référendum pleinement légal avait lieu les sondés se partagent à part égale (49-49) et même les indépendantistes deviennent minoritaires si l’indépendance se paye d’une sortie de l’Europe (41-49).

Manque la question sur l’exclusion du Barça du championnat Espagnol !

   Mais le prix à payer pour ce repli nationaliste, comme le montre l’écrivain péruvien  Santiago Roncagliolo, est la fin d’une époque où la Catalogne avec Barcelone était admirée pour son esprit cosmopolite et son ouverture. Pendant des décennies, son bilinguisme parfait était le propre d’une société cultivée, fière d’elle-même et en même temps ouverte au dialogue.

Pour les écrivains de langue espagnole Barcelone a toujours été plus importante que n’importe quelle capitale. L’essor de la littérature latino-américaine s’est forgé en Catalogne. Pour lui, Barcelone est en train de perdre son statut de capitale éditoriale. Et il rappelle aux politiques catalans à la vue basse, que la langue espagnole, qu’ils répudient, est la langue de 500 millions de personnes. Dans cet immense monde hispanophone, plein d’énergie créatrice, Barcelone a toujours été un New-York. Aujourd’hui, elle s’entête à devenir la Lettonie.

Comme tout nationalisme, celui des Catalans est fondé sur la conviction de leur propre supériorité. Le nationalisme catalan est convaincu que son peuple est plus travailleur, plus moderne, plus cultivé que les Andalous ou les Galiciens, et il résume ces qualités par le concept « plus européen ». Face à des gens qui se considèrent plus européens que d’autres européens, que pouvons-nous espérer, nous autres Latinos-Américains ? Tout ce qu’un nationaliste catalan méprise dans l’Espagne, c’est ce que nous représentons.

Les nationalistes construisent une société plus provinciale. Leur seul projet culturel est de précipiter la Catalogne fièrement vers l’insignifiance. (extraits de Perdiéndonos la fiesta, El País, 23/07/15, traduction du Courrier International 17/09/15).

Outre cette régression provincialiste, le prix à payer pour l’Espagne et pour l’Europe d’une crise catalane sera sans doute bien plus lourd que la crise grecque. Le contrecoup sur les élections générales espagnoles risque d’être une crispation nationaliste antagoniste qui ne profiterait qu’au PP. La balkanisation, dont on a pu voir les effets délétères dans l’ex-Yougoslavie, pourrait s’étendre bien sûr au Pays Basque espagnol, avec des conséquences de l’autre côté de la frontière, puis en Italie du Nord, etc. Les souverainistes de tout poil y trouveraient leur compte !

Artur Mas pourrait passer dans l’Histoire, mais comme un apprenti sorcier.

 

 

Résultats des élections catalanes du 27S

CATALOGNE 27S

Annexe

Résultats des élections catalanes (El Pais, 28/09/15)

La coalition indépendantiste (Junts pel si) et le parti indépendantiste CUP ont la majorité des sièges (72), mais pas la majorité des voix (47,8%). Comme le titre El País : « Les indépendantistes gagnent les élections mais perdent leur plébiscite ».

 

Si Ciudadanos (Ciutadans : très anti indépendantiste)  a réussi sa percée, devenant le deuxième parti catalan, Podemos allié à la gauche unie locale (Catalunya sí que es Pot) obtient un résultat médiocre. Le PS catalan sauve les meubles en perdant 4 sièges, tandis que le PP en perd le double.

 

On note aussi que Barcelone et sa région sont les moins indépendantistes avec 44,8%.

 

Artur Mas (président sortant) et son hétéroclite alliance ont beau crier victoire, ils ne sont pas en position de force pour négocier une indépendance dont la ratification par un référendum est très loin d’être assurée. D’autant que les élections générales qui vont suivre vont geler toute discussion dans les prochains mois.

CATALOGNE 27S

Les UNES : victoire pour les uns, échec pour les autres

NB La majorité des sièges aux indépendantistes tient aussi à la répartition des sièges entre les quatre circonscriptions Barcelone, Lleida, Girone et Tarragone.

Barcelone et sa région - les moins indépendantistes (44,3%) - sont sous-représentées par rapport aux trois autres.

CATALOGNE 27S

Le poids en voix des élus selon les circonscriptions

Le schéma montre clairement que les zones indépendantistes sont surreprésentées en sièges par rapport à Barcelone. En gros, un élu barcelonais représente deux fois plus d'électeurs que les autres.

 

 

Ciudadanos refuge du non et substitut du PP

CATALOGNE 27S

Ciudadanos 2e parti de Catalogne

Les élections du 27S ont attribué à Ciudadanos (C’s) deux fonctions : être le parti refuge du vote non aux sécessionnistes et être le substitut du Partido Popular (PP) au centre-droit, en Catalogne.

 

Dans la logique binaire du OUI ou du NON à l’indépendance C’s devenu le 2e parti s’affirme bien en champion du NON, supplantant le PP et le PS catalan (PS affaibli aussi par des défections internes vers l’indépendantisme).

 

  Ciudadanos – Ciutadans - est d’ailleurs né en Catalogne en opposition aux partis souverainistes en 2006. Débuts modestes mais en 2012 il fait plus que doubler son score de 3 à 7,6%, apparemment aux dépens du PS catalan.

 

Mais ensuite, C’s va connaître un nouveau bond en avant, faisant encore plus que doubler ses voix de 7,6 à 17,9% et passant de 9 à 25 représentants de 2012 à 2015. En définitive, en neuf années d’existence C’s a multiplié par 8 ses électeurs – de 90 mille à 735 mille – et ses élus – de 3 à 25 – au parlement catalan !

 

Il surpasse donc nettement PSC et PPC. Et cela en siphonnant largement les voix du PP, après celles du PS. L’étude de Metroscopia montre, à partir de l’analyse des districts barcelonais, le parallélisme entre perte du PP et montée de C’s. Le PP a perdu ses électeurs de centre-droit au profit de Ciudadanos.

 

Est-ce que ce glissement des électeurs de droite modérés du PP vers C’s va se confirmer aux élections générales, c’est un des enjeux du 20D (20 décembre) ?

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