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22 décembre 2014 1 22 /12 /décembre /2014 18:32
Cannabis, drogues et réflexe pavlovien

NB L'OBS du 30 juin 2016 sort un dossier (voir en annexe)

 

Le rapport de Terra Nova, Cannabis : Réguler le marché pour sortir de l’impasse, a déclenché, comme en un réflexe pavlovien, les critiques umpenistes. Mais aussi de la vice-présidente de l’UDI (mais si) Rama Yade, qui a sorti quelques niaiseries. Nul n’a rappelé un rapport de la Commission mondiale pour la politique des drogues de juin 2011 !

Les membres de la commission pour la politique des drogues

Les membres de La commission (de haut en bas et de gauche à droite) : 1 Asma Jahangir, 2 Carlos Fuentes, 3 César Gaviria, 4 Ernesto Zedillo, 5 Fernando Henrique Cardoso, 6 George Papandreou, 7 George P. Shultz, 8 Javier Solana, 9 John Whitehead, 10 Kofi Annan, 11 Louise Arbour, 12 Maria Cattaui, 13 Mario Vargas Llosa, 14 Marion Caspers-Merk, 15 Michel Kazatchkine, 16 Paul Volcker, 17 Richard Branson, 18 Ruth Dreifuss, 19 Thorvald Stoltenberg

 

La guerre mondiale contre la drogue a échoué. Avec des conséquences dévastatrices pour les hommes et pour les sociétés du monde entier, écrivent-ils d’entrée. Et ils préconisent de mettre un terme à la criminalisation, à la marginalisation et à la stigmatisation des consommateurs de drogues qui ne causent pas de préjudice à autrui.

 

Mme Yade jugera-t-elle donc stupide ce rapport commis, entre autres, par un ex-secrétaire général de l’ONU, cinq ex-chefs d’état ou de gouvernement, sans oublier de joyeux bambocheurs comme un ancien président de la réserve fédérale des E-U ; certes le patron de Virgin a un louque un peu à la Beigdeber (le vrai, celui de Lui, pas son franginde droite extrême), mais à part lui, même les deux grands écrivains s’ils sont accros à une ligne c’est à celle qu’ils tracent sur la page blanche.

 

Eh bien Mme Yade figurez-vous qu’ils encouragent l’expérimentation par les gouvernements de modèles de régulation légale des drogues, de manière à réduire le pouvoir du crime organisé et à protéger la santé et la sécurité de leurs citoyens. Et, tenez-vous bien ils ajoutent que si cette recommandation s’applique particulièrement au cannabis, pour d’autres drogues ils encouragent également d’autres expériences en matière de dépénalisation et de réglementation capables d'atteindre les mêmes objectifs.

Certes ils n’ont pas bénéficié de votre expertise. "En plus le cannabis, on peut m'expliquer tout ce qu'on veut, c'est nocif pour la santé; on ne peut pas m'expliquer que le cannabis c'est bon pour la santé. Ça envahit les poumons, ça se fixe dans les graisses du cerveau et ça reste là longtemps, il n'y a rien qui l'arrête. L'alcool, c'est dangereux mais l'alcool est ingéré par le système digestif. Je ne suis pas de ceux qui pensent que le cannabis ce n'est pas si grave". (L'Express) Pour l’alcool, vous n’avez pas dû entendre parler du delirium tremens, trouble neurologique du sevrage alcoolique, qui prouve que le cerveau est en état de manque.

Evaluation du niveau de risques

Droits de l'Homme et santé publique

 

Mais surtout vous n’avez pas compris ce qu’affirme Terra Nova, après la commission mondiale : Les faits démontrent de façon éclatante que les stratégies répressives ne résolvent pas la problématique des drogues, la «guerre à la drogue» est vouée à l’échec.

 

Et nos chenus experts mondiaux énoncent comme principe que les politiques des drogues doivent être basées sur les droits de l’homme et la santé publique. Il faut cesser la stigmatisation et la marginalisation des personnes qui consomment des drogues, et de celles impliquées aux niveaux inférieurs de la production et de la distribution. Il faut traiter les personnes dépendantes comme des patients, non pas comme des criminels. Autrement dit, l’objet des ces préconisations n’est pas de discuter de la nocivité relative de telle ou telle substance, mais d’agir dans une optique de santé publique. Ainsi préconisent-ils des mesures ayant fait leurs preuves de "réduction des risques" : une approche incluant l’échange de seringues et les traitements ayant démontré leur efficacité comme la méthadone ou la buprénorphine, pour réduire le risque de décès par overdose, ainsi que la transmission du VIH et d’autres infections véhiculées par le sang. Tout ce que vous et vos amis rejettent.

L'échec d'une politique répressive

Le constat est clair et net, ne vous en déplaise.

 

Durant la majeure partie du siècle dernier, c’est le gouvernement états-unien qui a imposé le développement et le maintien de politiques répressives contre les drogues. La France, malgré une politique répressive à grand spectacle dans les années Sarko, est en tête de la consommation de drogues avec le Danemark, en Europe. Loin devant les laxistes Pays-Bas. Un élève de troisième sur quatre a fumé du shit.

 

Les statistiques mondiales qu’affiche le rapport de 2011 confirment l’échec de cette politique répressive que les Etats-Unis eux-mêmes commencent à mettre en doute. Vingt états y admettent l’usage thérapeutique du cannabis et deux son usage ludique. Les États ayant introduit ces réformes n’ont pas connu une plus forte augmentation de l’usage du cannabis parmi les adultes ou les adolescents que les états restés dans une politique répressive.

Il y a actuellement 250 millions de consommateurs de stupéfiants illicites dans le monde et des millions de personnes impliquées dans la culture, la production et la distribution. Nous ne pouvons simplement pas tous les traiter comme des criminels. Sur les 250 millions de consommateurs de stupéfiants estimés dans le monde, l’organisation des nations unies estime que moins de 10% peuvent être classés comme dépendants, ou « consommateurs problématiques de stupéfiants », constate la commission.

Arrêter et condamner les consommateurs de stupéfiants a très peu d’impact sur la réduction du niveau de consommation de stupéfiants, évincer les dealers de bas niveau crée simplement une opportunité de marché pour d’autres. L’éradication de la culture de l’opium, du cannabis ou de la coca déplace seulement la culture illicite vers d’autres régions.

La majorité des vendeurs de drogues à petite échelle arrêtés ne sont pas des gangsters ni des membres du crime organisé – ce sont des jeunes qui sont exploités pour faire le travail risqué de vente dans la rue, des toxicomanes qui tentent de faire de l’argent pour leur propre consommation, ou encore, des « mules » menacées ou intimidées afin de faire passer des drogues à la frontière.

Les gouvernements remplissent les prisons de délinquants mineurs, de « petits poissons », purgeant de longues peines, à grands frais, et sans aucun impact sur l’échelle ou la rentabilité du marché, car facilement remplacés.

Des milliards de dollars sont gaspillés dans des programmes inefficaces. Des millions de citoyens sont envoyés en prison inutilement. Des millions d’autres souffrent de la toxicomanie de leurs proches qui n’ont pas accès aux soins de santé et aux services sociaux. Des centaines de milliers de personnes meurent de surdoses et de maladies qui auraient pu être évitées grâce à la réduction des risques.

 

Le réquisitoire de ces sages est donc sans appel. Et ils encouragent l’expérimentation par les gouvernements de modèles de régulation légale des stupéfiants (par exemple avec le cannabis) conçus pour contrecarrer le pouvoir du crime organisé et protéger la santé et la sécurité de leurs citoyens. Il est absurde d’ignorer ceux qui argumentent en faveur d’un marché taxé et réglementé des stupéfiants actuellement illicites.

 

C’est-à-dire ce que propose le stupide rapport de Terra Nova qui s’inscrit dans le droit fil de celui de la commission mondiale et ses vénérables membres. Et ce qui est mis en place dans le stupide état d'Uruguay*.

 

Jose Pepe Mujica, Président sortant de l'Uruguay,  pays qui, sous son mandat, a initié le mouvement pour la légalisation de certaines drogues en Amérique latine, disait, modestement qu'il ne savait pas quel pourrait être le résultat de cette politique. Mais ce qu'il savait c'est que 70 ans de répression avaient échoué : pire que la drogue qui est un poison, c'est le narcotrafic qui empoisonne, l'état, la société, tout ! "Vale la pena que discutamos estas cosas pùblicamente." Est-ce si stupide, Mme Yade ?

 

ANNEXE

L'OBS du 30 juin publie un dossier :

Cannabis : et si on légalisait ?

La France est le pays d'Europe le plus répressif avec les joints… et aussi celui où l'on en fume le plus ! Comment sortir de cette absurdité ? Chez nos voisins européens comme aux Etats-Unis, le mouvement de dépénalisation, voire de légalisation est enclenché. Alors pourquoi pas chez nous ?

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7 juin 2012 4 07 /06 /juin /2012 11:16

cohnbenditduflot

Ayrault est en pétard. Valls fulmine. Et Rama Yade a fumé la moquette ! Cécile Duflot, erreur de jeunesse (?), a remis inopportunément la question de la dépénalisation du cannabis sur le tapis.

 

Guaino, le bafouilleur, Bertrand, le gros méchant mou, ont tout de suite clamé : « C’est un désastre moral », «si la gauche l’emporte, il y aura légalisation du cannabis ». Mais la plus comique fut Rama Yade qui dans un amalgame hardi a rapproché cette proposition des Verts, de celles de Peillon sur la notation et les évaluations des élèves, dénonçant une idéologie post-soixante-huitarde qui consiste à donner tous les pouvoirs aux élèves, à dire que l’enfant est roi, à estimer qu’il ne faut pas lui demander d’efforts, que le mérite ne compte pas , « le laxisme éducatif », c’est « le retour de Woodstock dans l’Education Nationale ».

 

Certes, à quelques jours du 1er tour des législatives, ce n’était peut-être pas le moment de remettre cette question-là sur le tapis, même en prenant la précaution de préciser : « Je sais que ce n’est pas la position du gouvernement », ce qu’évidemment la meute UMPiste fait semblant de ne pas entendre.

 

Une répression coûteuse, arbitraire et surtout inefficace

 

Cependant, avec Daniel Vaillant ou François Rebsamen, hors échéance électorale directe, sera-t-il permis de demander à ce qu’on sorte de l’hypocrisie ?

 

La chasse aux consommateurs et aux petits dealers a été plus qu’encouragée par la politique du chiffre imposée par Sarkozy. Quoi de mieux pour les policiers, puisque, avec une seule interpellation, on obtient au tableau statistique : le délit, le coupable et une augmentation du pourcentage des affaires résolues. Elle a autorisé aussi des opérations à grand spectacle, mobilisant des centaines de membres des forces de l’ordre, sous les yeux des caméras, qui, au petit matin, se conduisent dans les quartiers comme une force d’occupation, pour un résultat quasi nul. Au bout du compte, l’économie parallèle, dans ces quartiers, dits zones de non droit, ne s’est jamais mieux portée. La vie des habitants y est toujours et encore pourrie par les petits dealers.

 

En revanche, le trafic global lui-même ne s’est jamais mieux porté : seulement 5 à 15 % des importations de cannabis clandestines sont interceptées. Les mafias locales s’entretuent comme au bon vieux temps d’Al Capone à Chicago. Et le vrai travail policier, consistant à remonter les filières pour les démanteler jusqu’au sommet est négligé, car peu rentable pour la politique du chiffre.

 

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% d'usagers de cannabis de 15 ans et + (la France championne avec le Danemark)

 

Et surtout, la consommation loin de régresser progresse ! D’après l'Observatoire européen des drogues et de la toxicomanie (OEDT) la consommation de cannabis a très largement augmenté chez les jeunes de l'Hexagone : +60% entre 2007 et 2011. La France arrive en première position en ce qui concerne le cannabis, deuxième au niveau des drogues en général. Et c’est dans une période – 2007-2011 – où les procureurs actuels de la gauche laxiste étaient aux manettes !

 

Subsidiairement, la lutte anti-drogue est arbitraire. La mobilisation contre la consommation touche beaucoup moins les sniffeurs de cocaïne que les fumeurs de joints. La possession de cannabis peut être aussi bien jugée comme relevant de la consommation individuelle ou du trafic : ce qui se traduit par des peines très différentes.

 

Addiction, dépendance : deux poids, deux mesures !

 

cannabis  Le camarade – en tout cas le mien qui l’ai côtoyé autrefois au côté de Stéphane Fouks et Alain Bauer, jeunes rocardiens – Manuel Valls, lors des primaires citoyennes, a eu en substance ces propos : l’idée que l’on puisse légaliser le cannabis est insupportable, car le cannabis crée de la dépendance et être de gauche c’est lutter pour la liberté contre les dépendances ! Outre que, contrairement à ce qu’il assène le cannabis ne crée pas de dépendance, sinon psychologique, faut-il lui rappeler que deux drogues, beaucoup plus addictives, sont, elles,  parfaitement légales : le tabac et l’alcool ?

 

Jacques Attali et Martine Perez sont conséquents qui préconisent d’interdire le tabac Mais ils ne poussent pas leur logique prohibitionniste jusqu’au bout. Attali n’ose pas écrire : il faut interdire la production, la distribution et la consommation de … vin ? (citation exacte au dernier mot près). Quant à l’inverse C. Duflot dit : « Il faut considérer que le cannabis, c’est comme l’alcool et le tabac, même régime : une politique de santé publique et de prévention, notamment vis-à-vis des plus jeunes » a-t-elle complètement tort ?

 

En Juin 2011, un rapport d’un groupe de travail PS, présidé par Daniel Vaillant, ancien Ministre de l’Intérieur se situait dans une optique pragmatique : "Il ne s'agit plus de prôner une abstinence illusoire mais de modérer la consommation des Français". Il prônait un certain nombre de mesures concrètes pour une "légalisation contrôlée" pour les personnes majeures qui permettrait, "grâce à l'encadrement de la production et de la distribution", d'"instaurer une politique de réduction des risques". Ce rapport provoqua les cris d’orfraies de la droite (Eric Raoult – celui qui propose Sarkozy comme prix Nobel de la Paix – en tête). Mais au PS, et pas que Valls, certains s’y opposaient. Jean-Marc Ayrault, président à l’époque du groupe PS à l'Assemblée, calmait le jeu, assurant que la question d'une légalisation "contrôlée" du cannabis n'était "pas tranchée" et que, si la gauche revenait au pouvoir, elle organiserait une "commission de consensus pour essayer de dégager des solutions".

 

Les contre-arguments ne sont pas que sophismes à la Valls. La prohibition limiterait malgré tout la consommation ; sa suppression n’éradiquerait pas ipso facto les mafias qui en vivent, puisque le tabac, bien que légal, connaît aussi des trafics, etc.

 

Sera-t-il possible, dans un climat politique serein, de réunir, sur des sujets de société, des commissions de consensus qui, au moins, permettraient de débattre sans outrance et caricature ?

 

 

Pour compléter

 

Rapport de la commission mondiale pour la politique des drogues

Cannabis : Réguler le marché pour sortir de l’impasse Note par Christian Ben Lakhdar, Pierre Kopp, Romain Perez.

Terra Nova Le 19/12/2014

 

 

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