« Harcelé par les ultra-catholiques, le galeriste met les vierges déguisées au placard » titre La dépêche du 2 juillet 2013. Ces fondamentalistes ont réussi à imposer leur charia, en inventant le délit de blasphème. Pensez cinq statues de la sainte vierge qu’une artiste nantaise, disciple de Duchamp, a quelque peu détournées.
Une fois de plus, après la dégradation de l’œuvre de Serrano, Piss Christ, le sabotage de représentations théâtrales comme celle de la pièce Romeo Castellucci 'Sur le concept du visage du fils de Dieu' au Théâtre de la Ville ou Golgotha Picnic au théâtre du Rond point, les cagots s’en prennent, victorieusement hélas, à une exposition de statuettes de la Nantaise Soasig Chamaillard. Sous leur pression, la galerie Alain Daudet à Toulouse a cessé de les exposer.
Ce coup-ci, pas de procession avec prière de rue comme en Avignon – mais un groupe de tradi-cathos avait organisé une messe devant une galerie de Nantes pour laver la vierge de ces outrages -, pas de manifestations et perturbations comme pour les représentations théâtrales, non, la bonne vieille méthode du harcèlement verbal et par courriers ou courriels du galeriste, avec crachats sur les vitrines.
L’objet de l’ire de ces fanatiques qui crient à la christianophobie : cinq œuvres de l’artiste, où elle détourne et réinvente des sculptures saint-sulpiciennes d’un absolu kitsch de la « sainte-vierge ». “Un jour, mon père m’a offert une sainte vierge cassée, j’ai commencé à la transformer, à la replacer dans une époque, mon époque. Pour moi, la figure du super-héros masculin, c’est fini, j’ai voulu replacer la femme au centre de la société”, raconte-t-elle aux Inrocks.
Ces statues revisitées par l’artiste, que l’on peut découvrir sur son site, n’ont pas la force transgressive des photographies d’un Montoya. En mineur, c’est plutôt celle iconoclaste de Marcel Duchamp, affublant la Joconde de bouc et moustache avec la fameuse légende LHOOQ. A peine de quoi choquer les chaisières et autres grenouilles de bénitiers ou punaises de sacristie.
Elles sont pourtant jugées blasphématoires par des bigots qui se situent dans la lignée de l’inquisition. Mais jusqu’à quand laissera-t-on ces fondamentalistes incultes (pléonasme) imposer leur loi liberticide ?
Issue d’une société occidentale chrétienne, ma réflexion est influencée par mon environnement.
Par le jeu d’associations d’icônes, de transformations physiques, ou de combinaisons improbables, je parle avant tout de la femme, de sa place et de son rôle dans cette société.
Ces questionnements m’ont amenés à travailler sur l’image sacrée de la Vierge Marie.
Je travaille à partir de statues abîmées, provenant de brocantes ou de dons, que je restaure et transforme.
Je ne cherche pas à choquer ceux qui croient.
Je ne cherche qu’à toucher ceux qui voient.
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