Rien à dire, sinon du bien, à propos du Philippe Val décrit comme « serin » par J-F Launay. Ce gauchiste de salon Louis XV est ambitieux, arrogant, amoral, carpette s’il le
faut, brutal s’il le peut, bref un courtisan à la Saint-Simon du pauvre. Ne pas oublier deux détails : c’est un journaliste politique et, privilège du service public, son patron s’appelle
Sarkozy. Banalité : la politique est l’inverse du rugby. Il paraît que ce dernier est un sport de voyous joué par des gentlemen.
Pour nombre d’intellectuels habitués du studio de maquillage, les lucarnes françaises sont des miroirs sarkozystes. Pour les copains de
Nadine Morano, les radios et télés du service public sont des repaires de criminels néo-trotskistes. Tous oublient une évidence : les journalistes, chroniqueurs et humoristes, sont des salariés,
en CDI ou à la pige. L’emploi est sacré. Dire « J ‘encule mon patron ! » fait-il garder son job ?
L’audiovisuel public me fait penser à l’Occupation, avec ses deux bouts de l’omelette. D’un côté, les loufiats de la droite, extrême ou
moins, les clones de Mougeotte Figaro-TF1. De l’autre, des journalistes à sympathies PS, Front de Gauche, CFDT, CGT ou pire, qui font des reportages sur le verglas en février et les baignades en
juillet. Au milieu, la majorité bien de chez nous, les résistants de la 25e heure gavés dans le marché noir, les Pujadas, Delahousse, Namias, Gessler, qui font là où on leur dit parce que le
journaliste doit être objectif, Môssieu, ce n‘est pas moi qui dirige les conférences de rédaction, et puis, j’ai une famille à nourrir, comme vous !
L’art du faux équilibre
Parmi ces futurs héros, adaptables à tous les retournements, certains sont plus malins. Yves Calvi est de ceux-là. Ses plateaux de « C dans l’air » ou « Mots Croisés » sont des
merveilles de faux équilibre. Tous les partis sont représentés, mais avec des dosages différents, au bénéfice évident de Sarkozy, Bayrou et Hollande. Parmi les syndicats, FO et SUD dominent, au
détriment de la CFDT et de la CGT. Et suprême habileté, les hommes politiques, au moins dans « C dans l’air », sont remplacés par des journaleux, genre Barbier, Thréard, Rioufol, Dély, qui
tiennent le même discours que leurs tauliers, ou des « spécialistes », philosophes comme Dominique Reynié, sondeurs tel Jérôme Sainte-Marie, économiste à la Jean-Pierre Gaillard. On y pose
souvent de bonnes questions et on fournit des réponses qui vont à la plupart, sauf bien sûr aux extrémistes. La dette publique frappe tout le monde, chacun devra faire des sacrifices, et on va
causer des chiffres après la virgule pour montrer la pluralité des opinions. Conclusion : il y a de bonnes idées partout, sauf chez les excités, et l’union nationale est une solution de bon sens.
Le drame est que Calvi a des talents d’animateur, qu’il a oublié d’être idiot, et qu’il vendrait des steaks à un végétalien.
Pujadas sur le sable !
Au dernier étage avant les antennes sur le toit, les dirigeants du service public. La gauche a hurlé sur leur nomination par l’Élysée. C’est hypocrite. Quand la
Présidence tient le CSA, quelle est la différence ? Rémy Pflimlin, Philippe Val, quelle que soit leur origine politique, ont aujourd’hui deux points communs : ils doivent démontrer tous les jours
le bien-fondé de leur nomination, et leur siège est éjectable à tout moment. C’est injuste ? Oui, et alors ? Quel dirigeant a dit vouloir changer l’audiovisuel public ?
Le plus grave est le mépris du payeur de redevance audiovisuelle. Que David Pujadas ressemble à un faux-derche de terminale ne serait
pas grave s’il ne débitait à longueur de JT des contre-vérités unilatérales. On n’est plus dans la préférence politique, mais dans la bêtise. Ouvrir un journal sur des palmipèdes surfant sur la
glace de la Saône, un micro-trottoir débile sur le prix du « petit noir » à Paris, en reléguant la Grèce après un fait divers en Meurthe-et-Moselle, sont non seulement des fautes
professionnelles, mais des insultes à l’intelligence des spectateurs.
Un changement de présidence permettrait-il de nettoyer ces écuries de crétins au profit d’infos et de programmes qui donneraient une
image convenable des medias publics français, dont nos collègues étrangers en poste hexagonal sourient avec politesse ? Je n’ai vu trace nulle part de projets de ce genre. Alors que Pujadas
serait tellement mieux à sa place dans un reportage sur la Grande-Motte au mois de juillet, avec d’espiègles bambins et des Hollandaises bien rouges…
Gilbert Dubant