Le Conseil des ministres de mercredi 9 février 2011 a donné lieu à une importantissime communication présidentielle sur le crucial problème des vacances ministérielles.
Cette communication sur la prévention des conflits d'intérêts est très importante. Nous devons impérativement favoriser la diffusion d'une véritable culture de la déontologie dans la vie publique française. […]. Les exigences contemporaines en matière de morale publique se sont considérablement renforcées ces dernières années. […] Les attentes des citoyens sont plus vives que par le passé et elles sont légitimes. […] Ce qui était commun il y a encore quelques années peut choquer aujourd'hui. Cela doit donc être strictement encadré. […] Pour leurs vacances, désormais, les membres du Gouvernement devront privilégier la France. Les invitations à l'étranger seront autorisées par le Premier ministre, en accord avec la cellule diplomatique de la Présidence de la République…
Comme donneur de leçons en matière de voyages et séjours « sponsorisés », celui qui fait président est un expert.
Ne revenons pas sur « Paloma », cette misérable barcasse de Bolloré, où, à peine élu président, Sarkozy a été méditer au large de Malte, haut lieu de spiritualité. Faut-il rappeler, sans être trop mesquin, le séjour étatsunien qui a suivi à l’été 2007 : notons que la famille Sarkozy était venue par vol régulier pour répondre à l’invitation d’anonymes amis, dans une propriété, au bord d’un lac, louée 22 000 euros, la semaine ?
Avec Carla, l’Egypte et la Jordanie, commençait une recette qui s’apparente au pâté d’alouette : une alouette, un cheval ; ici une visite officielle (parfois symbolique) et des congés si possible gratuits. (Ce modèle a été copié servilement par Fillon, pendant ses récents congés égyptiens).
Rappelons-nous la romance de Nicolas l’abandonné. Cécilia l’avait lâché pour de bon. Mais, dans un dîner chez Séguéla – quoi de plus romantique – une sulfureuse chanteuse à voix fluette le charma. La liaison secrète éclata au grand jour à Disneyland ! Puis, nos deux tourtereaux, volèrent vers la fascinante Égypte à bord d’un Falcon 900 de … l’ami Bolloré. Direction Louxor où il loge avec sa belle maîtresse dans un « Old Winter Palace ». Qui a payé ? On ne sait… Puis un coup d’aile vers Charm-el-Cheikh, la bien nommée, puisque, avec le charme incarné par Carla, il va séjourner dans la luxueuse résidence pied dans l’eau du cheikh d’Abou Dhabi. La suite du Président l’accompagnait dans un Falcon de l’ETEC. Mais, pour la partie officielle du voyage – accompagné de Kouchner, Sarkozy alla dire un bonjour à Moubarak au Caire – on fit venir un A319* !
Presque dans la foulée, mais il avait fallu rentrer à Paris pour les vœux de 2009, on retrouve les deux amants, accompagné du fils de la dame, à Petra en Jordanie. Images pitoyables du gamin sur les épaules du concubin. Le séjour, lui-même, se passe à Aqaba, dans une résidence du roi Abdallah. Inversion par rapport à l’Égypte, la rencontre officielle avait eu lieu avant la partie privée.
Le Mexique fut sans doute un point culminant de l’ambiguïté. Les 8 et 9 mars, voyage des plus officiels. Mais, par la bande, on apprend que le couple Sarko-Bruni anticipe de 48 h. Grande surprise, on voit le couple présidentiel verre de blanc à la main, alors que Sarko prétendait ne pas en boire (bien qu’il ait, un certain jour, confondu vodka et eau plate pour refaire le sketch de l’eau ferrugineuse). Et ils se retrouvent dans un hôtel appartenant à un certain Roberto Hernandez Ramirez, un milliardaire soupçonné de narco-trafic. Quant à la note, l’élysée prétend qu’elle a été prise en charge par l’état du Mexique qui dément en prétendant que le séjour avait été financé par "un groupe d'entrepreneurs mexicains". MAM, au moins, était capable de dire qui l’avait prise en stop dans son zinc.
Au Brésil, on a encore eu le mélange des genres, même un triple mélange ! Sarko est là comme président de l’UE, puis comme président de la France, enfin comme gendre pour un séjour privé chez le père biologique de son épouse.
Depuis Pâques 2008, Marrakech et le Palais Royal de Jnane Lekbir semblent aimanter les Sarkozy-Bruni.
Si l’on en croit Arrêt sur images, « la première fois que le couple Sarkozy s'est rendu en voyage privé, c'était lors du week-end de Pâques 2008. Un voyage annoncé par une dépêche AFP : "Nicolas Sarkozy et son épouse Carla Bruni sont arrivés vendredi soir à Marrakech (sud) pour une visite privée de trois jours au Maroc". Sarkozy "a été accueilli à sa descente d'avion par Mounir Chraïbi, la wali (super gouverneur) de Marrakech". Où est-il logé ? La dépêche ne le précise pas. Mais dans certains récits que l'on retrouve sur le net, notamment sur le site purepeople.com (puisque Sarkozy est un pure people), il est indiqué qu'ils "se sont immédiatement rendus dans un petit palais princier, au cœur de la palmeraie, dans un lieu appelé Jnane Lekbir". »
Un petit palais princier ? Il s'agit en fait d'une résidence royale, un grand domaine en forme de U, avec piscine, à 3 kilomètres de Marrakech, nous dit L’Express. « Les jardins? "Somptueux, une végétation sublime!" raconte un visiteur. L'environnement? "C'est le seul endroit où il n'y a jamais de paparazzis", se réjouissait le président. »
Le couple présidentiel y retournera au moins deux fois (sinon trois : pour un voyage à Marrakech en Juillet 2008, aucune information n’a été donnée sur le lieu de séjour) en décembre 2009 et 2010, entre Noël et la Saint-Sylvestre. En 2009, le roi Mohammed VI offrira le 28 décembre un "dîner familial" en l'honneur du président français Nicolas Sarkozy et de son épouse Carla dans ce palais.
En 2010, il les emmène au resto, de façon très décontractée : « Quand le roi vient chercher le président pour l'emmener déjeuner dans un hôtel - celui où logeaient Cécilia Attias et son époux - il conduit lui-même son 4 x 4, avec ses CD préférés à portée de main. Nicolas Sarkozy s'assoit à l'avant, sa femme, Louis et le prince Hassan à l'arrière, et c'est parti. Sur la route, le roi baisse la fenêtre de sa voiture et salue ses sujets... » L’Express.
On voit donc que pour favoriser la diffusion d'une véritable culture de la déontologie dans la vie publique française l’Homme fort du Sarkozistan est un expert. Depuis la Paloma jusqu’à Jnane Lekbir, il a su jouer les pique-assiettes avec une maestria qui fait honneur à sa fonction (du moins telle qu’il l’envisage).
* Notre petit grand homme n’a pas perdu l’habitude de mobiliser la flotte aérienne, puisque pour un récent voyage à Bruxelles, il a fait déplacer son « Air Sarko One » et un Falcon.
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