Le « Petit journal » fait des retours sur images magistraux. Il a fait des émules. Ainsi, à peine Sarkozy a-t-il promis un peu de proportionnelle que ressortait la même promesse formulée quasi dans les mêmes termes en 2007. Plus cruel encore, celle sur les parachutes dorés, puisque en 2007 il promettait une loi dans l’année même.
Face à un Pujadas filandreux évoquant le Fouquet’s, la réponse du candidat-sortant fut pitoyable balbutiant un "Si je … Si c'était à re refaire, je ne refer..... ne reviendrais pas dans ce… restaurant… puisque que ça été vraiment… le, le feuilleton". François Hollande a eu beau jeu de moquer son côté petit garçon : "Il a même balbutié, bafouillé. Il y avait quelque chose d'émouvant de celui qui était allé au Fouquet's il y a cinq ans et qui promettait de ne plus y revenir". Mais en fait il n’a rien dit sur ce qui était le fond de l’affaire, qu’il aille, à peine élu au Fouquet’s ou ailleurs fêter d’abord cela avec les pontes du CAC 40 !
Là, il faut faire un retour sur écrit.
Car ce pitoyable numéro de fausse repentance, il l’avait déjà joué en juillet 2009. Or donc, un dimanche, début juillet 2009, le patron, à l’époque, d’un grand hebdo est convoqué pour un entretien exclusif avec l’hyper président.
Question . – La soirée du Fouquet’s, au soir de votre élection par exemple, c’est le péché originel du sarkozysme: le CAC 40, les patrons de presse amis, le show-biz ! Votre côté bling-bling !
(Sarko essaie de noyer le poisson en évoquant le Général De Gaulle en 1958, avant de répondre)
N. Sarkozy. – Ces critiques avaient commencé bien avant le Fouquet’s. Cela correspondait à une époque de ma vie personnelle qui n’était pas facile et où j’avais à me battre sur plusieurs fronts. Je n’avais pas attaché à cette soirée une importance considérable. J’ai eu tort. En tout état de cause, à partir du moment où quelque chose n’est pas compris et fait polémique, c’est une erreur. Et si erreur il y a, ce n’est pas la peine de la recommencer.
Il avait aussi, lors d’une conférence de presse, allumé Joffrin, à l’époque patron de Libé. Là aussi, repentance, allant jusqu’à dire que ce n’est pas ce dont il était le plus fier dans son début de mandat ! Mais s’il a commis des erreurs ; c’est qu’Il faut un temps pour entrer dans une fonction comme celle que j’occupe, (…) pour se hisser à la hauteur d’une charge qui est, croyez-moi, proprement inhumaine. Le patron si disponible était Olivennes qui, avant de migrer vers Europe 1, dirigeait le Nel Obs (cette disponibilité fit quelque remous en interne et provoqua des sarcasmes à l’extérieur).
Déjà donc, à l’été 2009, celui qui faisait président, roucoulait à l’inverse d’Iglésias, Oh oui, j’ai bien changé. En novembre de la même année, l’épisode du Prince Jean et de l’EPAD, qui prouvait, qu’il n’avait pas changé, dans un « off » pas off, il concédait que cette candidature n’était pas opportune.
Sarko a donc la repentance répétitive. Fausse repentance au demeurant, il n’a aucune conscience de l’indécence d’aller d’abord fêter sa victoire avec ses potes du showbiz et du CAC 40, il déplore la « polémique », le « feuilleton ». Et aucune insistance des journalistes : Paloma et les vacances de pique-assiette ne sont pas évoqués, pas plus que la pitrerie de Disneyland… Trop de repentirs tuerait-il la repentance ?
Le Sarkonouveau qu’on essaye une fois de plus de nous faire avaler est comme le beaujolais nouveau des mauvaises années, un peu trop chaptalisé, pour masquer son acidité. Ne le gobez pas, sinon gare aux aigreurs d’estomac. Voyez Guano !
Pour rafraîchir les mémoires :
Les invités du Fouquet’s (liste établie par Cécilia)
La famille la mère du Président, Andrée, ses frères François (collaborateur de divers groupes pharmaceutique) et Guillaume (ancien vice-président du Medef).
Les amis de Cécilia : Mathilde Agostinelli (Prada) et Agnès Cromback (Tiffany France) – leurs époux –le publicitaire François de la Brosse et son épouse, David Martinon et des amis proches du couple, Xavier et Sylvie Sarrau et les inévitables Patrick et Isabelle Balkany.
Peu de « politiques » ou conseillers : Alain Minc, François Fillon et Jean-Pierre Raffarin, Rachida Dati, Henri Guano, Claude Guéant, Roger Karoutchi et
Christine Albanel
Les potes du show biz et du sport : les couples Hallyday, Reno, Clavier, Arthur, le maître de ballet Eric Vu-An, les
sportifs Basile Boli, Richard Virenque, Pascal Gentil, Bernard Laporte.
Les gens de presse et des medias : le chroniqueur au Point Nicolas Baverez, le directeur de la
rédaction du Figaro Nicolas Beytout, l’éditeur Bernard Fixot et son épouse Valérie-Anne Giscard
d’Estaing, Pierre Giacometti (Ipsos), le fondateur d’Endemol Stephane Courbit, Jean-Claude Darmon (droits TV du football), Hugues Gall (Institut de financement du cinéma et des industries
culturelles) et le photographe de l’agence Sipa Philippe Warrin, qui immortalisa la soirée.
Les potes du CAC 40 et des affaires: Bernard Arnaud (7e fortune du monde,
luxe), Vincent Bolloré (Havas, communication), Martin Bouygues (BTP, TF1), Serge Dassault (armes, Le
Figaro), Antoine Bernheim (Assurances Generali), Denis Charvet (actionnaire de casinos), Jean-Claude Decaux (mobilier urbain), le milliardaire Paul Desmarais, Albert Frère, première fortune de Belgique, Patrick Kron (Alstom), Henri Proglio (Veolia) et l’hôte des lieux Dominique Desseigne (hôtels et casinos du groupe
Barrière)…
16 de ces invités auront la légion d’honneur ou une promotion dans l’ordre.