Rentrée en 6e en 1982
L’éducation offre à nos médias au moins deux marronniers annuels. Au début de l’été, le bac et en fin d’été, la rentrée. Laissons le bac (bradé bien sûr) et focalisons-nous sur la rentrée. Passons sur les vrais-faux chiffres du style « un enseignant pour 14 élèves » lancés par les réactionnaires (pardon, je veux dire les auteurs de réactions qui colonisent les commentaires). Passons aussi sur les habituels néo-poujadistes et leurs profs toujours absents, les élèves aussi d’ailleurs et l’école à feu et à sang. On y reviendra. Mais commençons par une affirmation sous la plume d’une journaliste spécialisée qui, contrairement à un de ses collègues du Monde qui a réussi à s’extraire de l’éducation pour accéder à la nécrologie, s’incruste à la rubrique éducation de son hebdo comme la bernique à son rocher.
« Il faut réduire l’échec scolaire au primaire, où près d’un quart des élèves n’acquièrent pas le minimum nécessaire pour réussir au collège » écrit-elle. Une de ses collègues d’un quotidien du soir est moins sévère, puisqu’elle dit que « 15 % sortent non lecteurs du primaire ». D’où ça sort ? De la DEPP de l’Education nationale mais toutes les études, nationales ou internationales sont au moins d’accord sur ces données. Tout au moins approximativement puisque pour les non lecteurs on oscille entre 15 et 20% selon les critères choisis, m’a répondu fort obligeamment, la seconde. Or on lit dans L’état de l’école 2011 (dernière parution) : En fin de CM2, 87,9 % des élèves maîtrisent les compétences de base en français et 90,1 % des élèves maîtrisent les compétences de base en mathématiques. Le même « état de l’école » synthétise une autre évaluation (« Cedre ») qui estime à 13 % les élèves en difficultés en CM 2 dont 2 %, en très grandes difficultés.
Peut-on convenir qu’un non lecteur est un illettré en puissance ? Si oui, il faudra aussi convenir que le collège n’est pas si minable que cela, puisqu’à la sortie, à 17 ans, aux JAPD devenue Journée défense et citoyenneté, seuls 4,9 % - surtout les garçons – sont estimés illettrés (chiffre cohérent avec une enquête INSEE sur 10 000 personnes qui chiffrait à 4,5 % les 18-25 ans illettrés).
Autre chiffre catastrophe mis en avant, 120 000 à 150 000 jeunes sortent du système sans diplôme. VRAI : une étude commandée par la Haut conseil à l’éducation estime ces sorties à 140 000. Mais seulement 40 000 d’entre eux sont considérés comme sortant « sans qualification ». Avec une diminution de 75 % pour ces derniers de 1975 à 2005.
Les profs, c’est bien connu, c’est feignasses et compagnie.Toujours en vacances et, quand ils ne sont pas en grève, en congés maladies, jamais remplacés bien sûr. Et un prof pour 14 élèves, les rares fois où ils sont au boulot, ils se la coulent douce.
La France a le taux d'encadrement le plus faible des 34 pays de l'OCDE, selon une note de 2011 du Centre d'analyse Stratégique (CAS), organisme rattaché à Matignon, prenant pour référence l'année 2007. Vous avez bien lu, 2011 ! avant que les hordes barbares socialistes n’envahissent le pouvoir, illégitimement.
Quant aux absences des profs, une étude commandée par Darcos à un truc privé tendait à faire croire que près d’un enseignant du primaire sur deux posait un congé maladie. L’étude, à ma connaissance, n’a jamais été publiée in extenso. En revanche, l’éducation nationale en a diffusé une d’où il ressort que le taux d’absence, dans le 1er degré, est de 7,31 %, ce qui n’est pas divergent des chiffres de la Fonction Publique. Mais le gros problème des absences, c’est le remplacement : il est assuré à 81 % (hors congés de maternités ou de longue maladie assurés à 100 %).
D’accord, 140 000 élèves qui quittent l’école sans diplôme (autre que le Brevet du collège) : c’est beaucoup trop. La violence à l’école, qui n’est mesurée que très récemment, est insupportable, comme est totalement indécent – et absurde – une proposition d’une mutuelle (?) d’assurer sur le racket (elle le propose aux commerçants corses ?). Les absences injustifiées des élèves nourrissent l’échec scolaire.
Pour autant, faut-il caricaturer l’école et son fonctionnement, en lançant des chiffres infondés, en exagérant ses maux et en masquant ses progrès ?
Pour ceux qui veulent avoir une vue d’ensemble, outre « L’état de l’école », ils peuvent consulter « Repères et références statistiques sur les enseignements, la formation et la recherche ».
La MGEN a parrainé deux études « Le climat scolaire dans les lycées et collèges. Etat des lieux. Analyse et proposition » et « La qualité de vie au travail dans les lycées et collèges », étude qui se penche sur le « burn out » des enseignants.