Un grand moment quand, récitant son Guaino dans le texte, celui qui fait président assène que le geste fondateur de notre éducation nationale fut la création en 1802 des Lycées par
Napoléon car, cette instauration marquait la fin du privilège de la naissance ; ce n’est plus d’être bien né qui permet de faire partie de l’élite, mais d’avoir fait la
preuve par son travail, de sa valeur : "quel meilleur critère que celui du savoir et de la compétence pour désigner ceux qui doivent exercer des responsabilités
?".
Cela prenait tout son charme avec
l’installation prévue d’un jeune homme de 23 ans qui a pour tout mérite que d’être le fils de son père, à la tête d’un
gigantesque établissement public ! Sans parler de la conception très guainotesque de l’histoire de l’éducation. Les lois Ferry de 1881 et 1882 sont bien plus fondatrices que la
création de lycées réservés à une bourgeoisie urbaine : gratuité de l’enseignement primaire et obligation de l’instruction.
Suivait un historique du lycée et du bac. Le diagnostic de la situation actuelle prenait presque un ton gauchiste. Rendez-vous compte les enfants d’ouvriers ont deux fois moins de chances d’avoir le bac que ceux des cadres ! Les sorties du lycée sans le bac, les sorties de l’enseignement supérieur sans diplôme, etc. que de scandales !
Mais pour les propositions le grand vague qui cache le grand vide. Que de bruit pour rien, déclare Education & Devenir, du travail d’amateur juge François Jarraud du Café pédagogique, réformette, réforme allégée, ironisent d’autres.
Quelques mesurettes surnagent sur l’orientation et la limitation des redoublements, la baisse des heures de cours pour laisser plus de place au travail personnel accompagné, du sectoriel avec les filières (maintenues bien sûr) technologique et littéraire et les langues, un couplet sur la vie scolaire (une quinzaine de minutes consacrées au ciné-club : le lycéen Nicolas S. devait préférer la projection du film Henri Dunant, fondateur de la Croix-rouge à la lecture de la fameuse Princesse de Clèves) : un catalogue hétéroclite pour les uns, un brouillon flou pour d’autres.
Du rapport Descoings, déjà beaucoup moins ambitieux que la feuille de route donnée par Darcos à Jean-Paul de Gaudemar dont le travail largement amorcé laissait escompter que les problèmes du lycée ne seraient pas esquivés, l’omniprésident n’aura retenu que les mesures les plus frileuses.
Aucun des verrous qui bloquent le progrès du lycée et plus globalement de l’école ne risque de sauter. A été abandonnée l’idée de parcours modulables, au profit d’un droit fictif à l’erreur dans des filières toujours aussi figées. L’évolution indispensable mais toujours esquivée du métier d’enseignant laisse place à des trémolos convenus sur les enseignants. Une évolution du bac par la prise en compte de l’évaluation de compétences (travail en équipe, transdisciplinaire, etc.) à côté d’épreuves terminales moins nombreuses passe bien sûr à la trappe.
Monsieur « moi, je » aura donc sorti de son chapeau une réformette qui s’envolera beaucoup plus vite qu’elle n’a mis de temps à apparaître.
PS "La lettre de Tout Educ", insiste sur un aspect que je n'ai pas noté : "Mais, et c'était le plus plus important, il a esquissé le rapprochement lycée- enseignement supérieur, avec des enseignants, les agrégés vraisemblablement, "à cheval" sur les deux niveaux, sans préciser si, pour lui, cela doit provoquer symétriquement, un rapprochement primaire-collège. De cela, les médias ne parlent pas."