Vous avez aimé Lefebvre, vous allez adorer Raoult !
Le député-maire UMP de Raincy, grand copain de l’ex-Iman Rouge, André Gérin, dont il a préfacé( ?) son œuvre( ?) et qui est rapporteur d’une Mission parlementaire sur le voile intégral que son ami Gérin préside, aura besoin d’un bon nègre pour son rapport. En effet, il vient de poser une question écrite au Ministre de la culture qui démarre ainsi : « Monsieur Éric Raoult attire l'attention de M. le ministre de la culture et de la communication sur le devoir de réserve, dû aux lauréats du Prix Goncourt ». Traduit en Français courant cela devrait vouloir dire que d’aucuns (fonctionnaires ou assimilés, car le devoir de réserve ne s’applique qu’à eux) auraient manqué à ce devoir à l’encontre de lauréats du Prix Goncourt. Or, ce grotesque personnage veut dire tout l’inverse.
Dans l’ignominie, il avait déjà fait fort, en accusant une journaliste du Monde de sectarisme à l’égard du très démocratique régime de Ben Ali. Dans un entretien accordé à « berbère.TV », il avait déclaré . "Quand un certain nombre d’observateurs français font de la provocation à l’égard du président Ben Ali, ils savent que quand ils arrivent à Tunis on les remet dans l’avion (…) On ne peut pas écrire dans son journal que la femme du président est une …[moue significative] ou que le président est un… [remoue](…). Elle a fait utiliser ces mots par d'autres personnes à l'intérieur de son article." Or les termes qu’il prête à Florence Baugé, expulsée de Tunisie, sont une pure invention ! "Eric Raoult me prête des propos inventés et gravement diffamatoires. Qui plus est, je ne parle pas une seule fois de Ben Ali dans mon article."
Ce sympathique personnage dont la démarche laisse à penser qu’il a dû attraper des oreillons tardifs (est-ce la cause de son évidente misogynie ?) s’en prend donc avec ses difficultés de maîtrise du français, à Marie NDiaye, prix Goncourt 2009. Quel manquement à un devoir de réserve tout aussi inventé que les propos qu’il prête à une journaliste du Monde a-t-elle commis ? Dans les « Inrockutibles » du 30 août 2009, à la question posée dans l'entretien incriminé,« Vous sentez-vous bien dans la France de Sarkozy ?», Marie NDiaye avait en effet donné cette scandaleuse réponse : « Je trouve cette France-là monstrueuse. Le fait que nous [avec son compagnon, l'écrivain Jean-Yves Cendrey, et leurs trois enfants ] ayons choisi de vivre à Berlin depuis deux ans est loin d'être étranger à ça. Nous sommes partis juste après les élections, en grande partie à cause de Sarkozy, même si j'ai bien conscience que dire ça peut paraître snob. Je trouve détestable cette atmosphère de flicage, de vulgarité... Besson, Hortefeux, tous ces gens-là, je les trouve monstrueux.
Je me souviens d'une phrase de Marguerite Duras, qui est au fond un peu bête, mais que j'aime même si je ne la reprendrais pas à mon compte, elle avait dit : "La droite, c'est la mort". Pour moi, ces gens-là, ils représentent une forme de mort, d'abêtissement de la réflexion, un refus d'une différence possible. Et même si Angela Merkel est une femme de droite, elle n'a rien à voir avec la droite de Sarkozy : elle a une morale que la droite française n'a plus. »
Et ce sont donc ces propos qu’il découvre deux mois après, qui, à la suite son contre-sens introductif lui font écrire : « En effet, ce prix qui est le prix littéraire français le plus prestigieux est regardé en France, mais aussi dans le monde, par de nombreux auteurs et amateurs de la littérature française. A ce titre, le message délivré par les lauréats se doit de respecter la cohésion nationale et l'image de notre pays. Les prises de position de Marie Ndiaye, Prix Goncourt 2009, qui explique dans une interview parue dans la presse, qu'elle trouve "cette France [de Sarkozy] monstrueuse", et d'ajouter "Besson, Hortefeux, tous ces gens-là, je les trouve monstrueux", sont inacceptables.
Ces propos d'une rare violence, sont peu respectueux voire insultants, à l'égard de ministres de la République et plus encore du Chef de l'État. Il me semble que le droit d'expression, ne peut pas devenir un droit à l'insulte ou au règlement de compte personnel. Une personnalité qui défend les couleurs littéraires de la France se doit de faire preuve d'un certain respect à l'égard de nos institutions, plus de respecter le rôle et le symbole qu'elle représente. C'est pourquoi, il me paraît utile de rappeler à ces lauréats le nécessaire devoir de réserve, qui va dans le sens d'une plus grande exemplarité et responsabilité. Il lui demande donc de lui indiquer sa position sur ce dossier, et ce qu'il compte entreprendre en la matière ?»
C’est d’une totale et absolue débilité. L'entretien avec Marie NDiaye a eu lieu avant l'attribution du Prix. Le prix Goncourt, pour prestigieux qu’il soit, est totalement privé. Le ministre de la culture n'a donc aucun pouvoir ni sur le Goncourt, ni sur le Renaudot, ni... Leurs lauréats ne sont tenus à aucun devoir de réserve mais gageons qu’après ces infâmes propos de Raoult, Marie NDiaye va être la cible de tous les UMPistes bornés (pléonasme).
Espèrons que Frédéric Mitterrand aura assez de courage et d’esprit pour rappeler au député que certaines libertés, comme la liberté d’expression, si elles sont interdites chez son ami Ben Ali, sont encore autorisées dans notre pays, y compris pour les Prix Goncourt !