L’omniprésident nous refait le coup de la repentance !
Dans un entretien accordé, début juillet, sur convocation, à Olivennes et Labro du Nel Obs, il avait regretté la période « bling-bling » (Fouquet’s, Rolex, Paloma, vacances états-uniennes, etc.), le casse-toi pauvr’con et l’humiliation de Joffrin dans son unique conférence de presse ; plus tard, il conviendra que « coupable » n’était pas le bon mot pour désigner le « prévenu » Villepin. Et maintenant, dans un objet journalistique non identifié, un entretien accordé à quelques journalistes, ni « off », ni officiel, il concèderait que la candidature du Prince Jean à la tête de l’EPAD n’était pas opportune. Il faut rappeler qu’à chaque fois, les courtisans récitaient l’argumentaire concocté à l’Elysée pour tenter de justifier la dernière bourde d’UBU président. Ils ont l’ait fin Bertrand, Jego, Amara et les autres, avec leur délit de patronyme, discrimination, fascisme même...
Mais avec le simulacre d’entretien du Nel Obs, il voulait surtout, changer son image, faire croire qu’il était passé du libéralisme échevelé (modèle Thatcher-Reagan) à un colbertisme inspiré. Mais non, dans sa campagne électorale, il ne dénonçait pas le modèle social français, juste ses abus. Avec la modestie qui le caractérise, il proclamait : « La France a été le premier pays à réagir (à la crise). En Septembre 2008, j’appelle devant les Etats-Unis à un nouveau Bretton-Woods » ; mieux encore : « Le plan vert français est le plus ambitieux au monde…la France a montré le chemin en Europe .»
Mieux encore, sous l’influence présumée de Carla Bruni, le contempteur de La Princesse de Clèves, l’admirateur
de Bigard, accomplit une véritable mue intellectuelle et culturelle : il découvre Visconti, il se met à lire des livres, des vrais, des littéraires (on ne nous dit pas s’il
a enfin lu celui qu’il a signé sur Georges Mandel). L’Express ira jusqu’à parler de Révolution culturelle !
Pour la droite traditionnelle, c’est la néfaste influence de Carla qui l’a poussé à choisir le neveu Mitterrand et à le laisser dire qu’il approuvait le soutien à Polanski. En représailles, à la suite de la fille Le Pen, tous les cagots des ligues de vertu, de la même engeance que ceux qui rasaient le crâne des femmes à la Libération, ont ressorti un livre de 2005, dont personne ne s’était préoccupé au moment de la nomination du Ministre de la Culture.
Qui trop embrasse, mal étreint ! À vouloir flirter, très légèrement, à gauche, il déçoit et inquiète son électorat de base. Il n’a pas élu le pourfendeur de mai 68, pour qu’il choisisse un homosexuel à la culture, surtout si celui-ci défend un cinéaste sulfureux. Il n’a pas élu celui se posait en défenseur des valeurs du mérite et du travail, pour qu’il pistonne un fiston flemmard ni qu’il dilapide l’argent du contribuable dans des dépenses somptuaires.
Retour donc aux vraies valeurs, retour donc aux grands thèmes éternels de sa campagne électorale : lutte contre la récidive (on en est pourtant à la xième loi), contre l’immigration et bien sûr contre l’insécurité. MAM, sans doute parce qu’elle se sent la plus fragile en tant qu’ex-chiraquienne, saute sur un fait-divers pour jouer cyniquement sur l’émotion : nouvelle loi sur les délinquants sexuels avec castration chimique et pourquoi pas physique. Besson, le traître et fier de l’être, emboîte le pas en lançant – sur instructions des communicants de l’Elysée – un grandébat sur marseillaise, burqa et charters, pardon sur l’identité nationale. Hortefeux, le fidèle lance l’idée d’un « couvre-feu » qu’il sait inapplicable.
Mais il se peut que même les électeurs de droite les plus obtus commencent à voir les ficelles. Difficiles de faire
croire que si la délinquance augmente encore, malgré de multiples lois, c’est de la faute à la gauche laxiste, qui n’est plus au pouvoir depuis 2002. Avec le prétendu grandébat
bessonien, le calcul est grossier : c’est le traître lui-même qui va en tirer les conclusions (on peut les deviner : grand couplet sur la France généreuse qui, au fil des siècles, a su
accueillir, intégrer, assimiler des populations étrangères, mais, vraie conclusion, qui doit bien sûr savoir se protéger de migrants nouveaux) à la veille des régionales. Difficile de ne pas voir
la manœuvre.
Surtout, la droite parlementaire, se fissure. Une partie d’entre elle est lasse, non seulement des avanies que leur fait subir un petit chef bilieux et coléreux mais aussi et surtout de ces décisions hasardeuses, comme la suppression de la taxe professionnelle, ou difficilement défendables, comme le projet de réforme territoriale. Les plus lucides voient aussi que celui qui fait président mène le pays à la faillite.
Paradoxalement, c’est peut-être l’affaire Clearstream qui l’a le plus desservi, auprès des politiques. Son acharnement quasi maladif et le fait de se constituer partie civile (alors qu’il est censé être la magistrat suprême, au dessus donc des parties), aggravé par l’attitude d’un avocat arrogant et d’un procureur trop visiblement aux ordres, ont abouti à ce que ce soit son ennemi, de Villepin, qui sorte de cette affaire auréolé de la couronne du martyr, comme le remarque Marianne ! Il n’a plus la main, le petit homme, pensent les élus.
Rien n’est joué. Un bon fait divers bien saignant ou une émeute de banlieue bien brûlante et on peut faire confiance aux médias pour orchestrer et à la clique sécuritaire pour exploiter. La division de la gauche, dont les équipes à la tête des régions partent en ordre dispersé, avec une extrême gauche plus prompte à cogner sur la gauche en responsabilité que sur la droite, risque de mettre en route la machine à perdre.
Ça sent le pâté, pour Sarko… mais pas obligatoirement la pâtée.