Comme à son habitude D. Schneidermann, après, quand même, avoir dénoncé les indécentes attaques de la droite, s’en prend au PS qui aurait fait « marche arrière ». « Donc, le quotient familial, on ne le supprime plus. On le "modulera". Comment ? Mystère. Modulons, modulons. (…) Jérôme Cahuzac avait (…) parlé de "remplacement" du quotient familial, par un crédit d'impôt. Si remplacement il y a, il y a bien suppression du remplacé au bénéfice du remplaçant, docteur ? » Tout cela pour aboutir au "flou hollandien" (CQFD).
Cet expert en arrêt sur phrases plus que sur images ne peut ignorer le poids des mots. Suppression est, en l’occurrence, un
mot muleta. Tous les actuels bénéficiaires se sentiront visés. C’est d’ailleurs là-dessus que les UMPistes, Sarko en tête foncent : « une folie », « un coup porté à quatre millions et demi de
familles » clame le candidat sortant* ; ses séîdes enchaînent : « Coup de massue sur les ménages », « aberration de plus », « attaque en règle contre les familles »… « Famille, je vous
hais » ne vont-ils pas tarder à faire dire au père de quatre enfants, F. Hollande !
Est-il besoin d’être un grand « communicant » pour comprendre que les promoteurs d’une telle réforme ne doivent, eux, surtout pas
employer un mot tel que suppression ? Remplacement ou même modification sont plus pertinents.
Après les invectives, les UMPistes sont passé au bourrage de mou. La rubrique désintox de Libé (13/01/12) en donne un
exemple flagrant avec la dame Pécresse, qui croit être ministre du budget. Elle prend l’exemple d’un couple avec 2 enfants, gagnant 3500 € par mois. Il paie 1275 € d’impôts. « Si l’on suit la
proposition socialiste telle qu’elle nous a été présentée (sic), il paiera désormais 2614 € (…) soit 1400 € de plus » (la calculette de la ministre a dû s’emballer, car on aboutit à 1339
qu’il est difficile d’arrondir à 1400). « Et je ne vous dit pas ce qu’il paierait s’il faisait 3, 4, 5 enfants… Alors non au matraquage des classes moyennes ! » Pécresse ment
délibérément. Elle fait comme si le PS supprimait purement et simplement le quotient familial. Or, il s’agit de mettre à sa place un crédit d’impôt et la direction du Trésor a fait une note (plus de 150 p. que Mme Pécresse n’a pas dû avoir le temps de lire) où une simulation est faite sur la base de 607 €, correspondant au coût actuel du quotient familial. Du
coup, le couple à 3500 €/mois ne perdrait que 125 € ! En revanche, les couples non imposables gagneraient 607 € par enfant.
Supprimer, remplacer, modifier : on n’est donc pas dans une querelle de mots byzantine du style couper en quatre les poils du
sexe des anges !
Bien sûr que cette mesure ne serait pas neutre. Actuellement,
sur le manque à gagner de 13,9 milliards pour l’état, les 10 % de contribuables les plus riches bénéficient de 6,4 milliards, les 50 % les moins riches d’à peine 1,4 ! Et bien sûr, les 50 % des
ménages qui sont non imposables ne bénéficient… de rien.
Introduire un peu d’équité – qu’un gosse de pauvres donne droit au même avantage qu’un gosse de riches - c’est bien sûr trop
pour la droite** qui préfère mentir et aboyer plutôt que de débattre !
* Avec une indécente allusion au C.N.R. de la part de celui qui s’emploie depuis cinq ans à en détruire les acquis.
** Avec le soutien de Bayrou