Je suis un citoyen attentif et j’écoute parce que c’est dans l’air, tous les économistes qui me prodiguent leurs conseils avisés. Pourtant, je veux vous dire ici toute ma perplexité. Car, en vérité, comment gouverner ce pays ? Jugez-en par ce petit résumé.
Si l’on augmente ou maintient à leur niveau actuel les impôts des plus riches, ceux-ci partent en Suisse, au Luxembourg, voire en Belgique. Donc de ce côté, rien à gratter.
Si l’on augmente ou maintient à leur niveau actuel les charges, on met sur la paille nos P.M.E. Donc de ce côté, rien à espérer.
Si l’on augmente ou maintient la dette à son niveau actuel, on appauvrit les générations futures. Donc de ce côté, rien à prendre.
Si l’on maintient ou augmente à son niveau actuel le taux des prélèvements obligatoires, on désespère l’initiative privée. Donc de ce côté rien à empocher.
Et, pour compléter ce noir tableau,
si l’on s’attaque aux bénéfices des plus importantes sociétés, elles installeront leur siège ailleurs. Donc de ce côté, rien à racler.
Si l’on s’en prend aux actionnaires, ils cesseront d’investir en bourse et mettront nos grands groupes à la merci d’O.P.A. inamicales. Donc de ce côté rien à extorquer.
Si l’on augmente les salaires, on ruine les employeurs et l’on développe le chômage. Donc de ce côté rien à gagner.
Si l’on supprime le droit de licencier, on décourage l’embauche. Donc de ce côté, rien à entreprendre.
Si l’on augmente les minima sociaux, on encourage la paresse et on développe l’assistanat. Donc de ce côté, rien à miser.
Si l’on partage le travail, on affecte la croissance et on diminue la grosseur du gâteau. Donc de ce côté rien à escompter.
Si on met les gens à la retraite, on condamne le régime d’assurance vieillesse. Donc de ce côté rien à attendre.
Si on taxe les heures supplémentaires, on décourage les travailleurs et on réduit la production. Donc de ce côté, encore une fois, rien à gratter.
Rassurez-vous, les Marc Fiorentino qui squattent télés et radios nous laissent quelques pistes à explorer comme : diminuer le nombre des fonctionnaires sans affecter la qualité du service public, augmenter la durée légale du travail et reculer l’âge de la retraite, sans aggraver les conditions d’existence, renvoyer dans leur pays les immigrés et les clandestins de toutes sortes sans devenir un état policier ni renoncer à de nécessaires solidarités.
Oserais-je aussi suggérer à ces subtils dialecticiens, cette bonne vieille recette qui a toujours montré son efficacité, quel que soit le numéro de nos républiques : demander plus à l’impôt et moins au contribuable ?