Une nouvelle contribution de Gilbert Dubant qui a dû fumer la moquette !
Le parti se renforce en s’épurant. C’était le discours des procès de Moscou, repris par les Khmers rouges. Le camarade Jean-François Launay était jusqu’à présent plus connu pour son humour et son sens de l’équilibre du centre-gauche que par ses envolées d’avocat général. Mais changement d’herbage réjouit les veaux, dit-on, et Hollande semble avoir bien accroché les potes à Rocard. Bayrou s’en étrangle de solitude.
Voici donc le chroniqueur vendéen sommant le bourguignon Arnaud Montebourg de dire pour qui il roule. Et que ça saute, avant d’avoir la croix des traîtres au revers de sa veste de renégat et la croix des vaches sur la gueule pour avoir fait gagner « celui qui fait président » !
Au risque de concurrencer les guignols de Marianne qui passent leur temps à expliquer que Sarkozy est fou, ce qui n’a vraiment aucune importance, lançons-nous dans des spéculations intra-socialistes !
Démasquons le serpent !
Première évidence à la vision de ses prestations depuis 2006, Montebourg est une tête à claques doté d’un humour dévastateur. Le « compagnon de Ségolène » en avait pris une giclée dès le départ, la primaire de 2011 n’a rien arrangé. Le petit marquis, qui se dit descendant de boucher d’Autun et de grand-père d’Algérie, agace par son vocabulaire châtié (Ah ! ces impétrants !), son ironie d’avocat bobo condescendant envers la partie adverse, son physique de danseur de tango qui a séduit la belle Audrey Pulvar et sa mauvaise foi digne des collègues politiciens, tous collèges confondus.
Deuxième observation, ses arguments tiennent debout, qu’on les partage ou non. Dénoncer le rôle des banques, de la finance internationale et la soumission boudeuse de la social-démocratie européenne, sent le pâté au PS, mais est-ce inexact ? 17 % de salopards infiltrés conjointement par Mélenchon et Sarkozy lui ont donné la troisième place aux primaires. Il est temps de faire le ménage dans ce parti qui tolère vraiment n’importe quoi.
Le sinistre Arnaud Montebourg ne se contente pas de propos iconoclastes. Il mord la main qui le nourrit, le resto du cœur de la rue de Solférino. Après avoir terni la réputation de l’honnête Jean-Noël Guérini, qui vend des poubelles et des ordures avec son frère embastillé, uniquement pour les pauvres des Bouches-du-Rhône, le voilà qui s’en prend au temple de la blancheur politique, le Pas-de-Calais, ses beffrois, ses chtis, ses frites, sa fédération et son député-maire de Liévin, Jean-Pierre Kucheida.
Où c’est qu’j’ai mis mon flingue ?
Kucheida est accusé d’abus de biens sociaux et de détournements de fonds par un sale type que le PS avait eu la mauvaise idée de faire élire maire d’Hénin-Beaumont, et qui est en taule. C’est évidemment par hasard que cet ex-socialiste d’élite accuse son ex-camarade de gestion. S’occuper de trois sociétés qui font dans le logement social n’amène jamais à distribuer de la thune à ses amis en se servant un peu. Ce n’est pas la lilloise d’adoption Martine Aubry qui donnerait dans la calomnie envers ces amis du 13 et du 62 auxquels elle doit d’être première secrétaire du PS après une élection un peu chahutée et des cartes d’adhésion fraichement imprimées.
Il est évident que parler de politiques pourris au PS est aussi calomnieux que d’imaginer Édouard Balladur touchant des rétro-commissions pakistanaises, ou Nicolas Sarkozy s’asseyant sur l’usage et la légalité pour se faire de l’oseille et caser sa famille. Mais l’implacable Jean-François Launay ne s’arrête pas dans sa juste dénonciation de l’infâme Montebourg, même s’il tente de défendre l’indéfendable en voulant qu’on ne dénonce pas les escrocs. C’est suicidaire.
Avant Jean-Luc Mélenchon comparant l’ami Hollande à un capitaine de pédalo, l’avocat marron l’avait déjà traité de « flanby ». Et histoire de charger la mule avant la visite du Corrézien à ses potes du SPD, il anoblissait Angela Merkel en l’égalant à Otto von Bismarck. La plupart des Français, même de gauche subtile, ignorent que la comparaison est flatteuse en Allemagne. En France, un peu moins, c’est vrai.
La situation est donc claire. Arnaud Montebourg, en flétrissant les dérives du PS à Liévin ou à Marseille, en défendant son point de vue et ses 17 %, n’est qu’un suppôt de la réaction. Il nous prépare un nouveau 21 avril en faisant monter les cocos et Marine Le Pen. Son parti construit, lui : il a signé un bel accord bien électoraliste avec Cécile Duflot, indéfectible copine de la juge psychorigide Éva Joly, qui se serait occupé de Guérini et Kucheida on aurait vu comme…
La conclusion s’impose. Il faut barrer la route à ce fasciste rampant. Cherchez partout, fadettes, empreintes ADN, corruption financière, pratiques sexuelles pénalement réprimées, cherchez bien et susurrez… Et si rien ne marche d’ici janvier 2012, il faudra se résoudre à une solution qu’un grand socialiste nommé lui aussi François n’aurait jamais utilisée : faire flinguer cette crapule. On peut passer par Roland Dumas. Il connaît plein de mercenaires africains au chômage, et il en va de l’avenir du pays…
Gilbert Dubant
Pulvérisé, le fameux point Godwin, sauf que là Hitler et les nazis sont remplacés par Staline (« les procès de Moscou ») et les Khmers rouges. Le camarade Montebourg joue les épurateurs ? mais non, c’est moi qui suis l’avocat général. L’ami Gilbert feindrait-il de défendre Arnaud Montebourg pour mieux descendre le PS et Hollande ? Au prix de quelques amalgames et contre-vérités.
Passons sur l’attaque personnelle qui me prête des attirances coupables pour Bayrou. Bon, je le confesse, cédétiste depuis 1962 ou 63, membre du PS dès 1973, rocardien certes je le fus. La discipline républicaine, le social-traître que j’étais, l’a toujours appliquée, même quand il fallait déposer le bulletin de vote pour Larmanov de Gisors, PC grand teint, dans la IVe circonscription de l’Eure (devenue Ve). J’ai ouï dire que dans une élection partielle en janvier 1981, alors que mon candidat PS dépassait enfin Larmanou, le « vote révolutionnaire* » a été déclenché : pure calomnie sans doute.
Bon, « les arguments [de Montebourg] tiennent debout » : pensez il « dénonce »… s’il faut dénoncer les moodytes agences de notations, andouillettes AAAAA à la main, je dénonce aussi ! Il a fait 17% aux primaires citoyennes, qui le nie ? Mais en s’y inscrivant, il acceptait explicitement la règle du jeu : le vainqueur devient le candidat de ces primaires. Il a immédiatement bafoué cette règle.
Pour ce qui est de la fédération du Pas-de-Calais, il y a un ex-maire PS (inculpé pour fraudes diverses) qui accuse un député-maire. La Justice ne peut qu’être saisie. On peut faire confiance à Jeanne-Marine La Pen pour orchestrer l’affaire, si besoin était. Pour le moment M. Kucheido – la cible du bel Arnaud – ne fait pas l’objet de poursuites. On peut – même si ça relève du déni de présomption d’innocence – dire tout et n’importe quoi sur cette personne. Le PS, quant à lui, a le devoir d’examiner les comptes de la fédération. Montebourg a le droit de le rappeler. Pas sur la place publique.
De mon point de vue !
JFL
PS Quant aux négociations PS-Verts, elles n’ont absolument rien à voir avec ce débat. Gageons d’ailleurs que le PCF a su, sait et saura négocier aussi. Et que le jeu compliqué qui s’engage pour le PCF qui, pour éviter la déculottée de 2007, a opté bureaucratiquement pour le tribun Mélenchon, est quand même d’espérer la victoire de Hollande.
* L’histoire ne se répète pas, elle bégaie. En 1978, lorsque le « programme commun » s’est transformé en « l’union est un combat », les apparatchiks du PCF ont promu le « vote révolutionnaire » (Pierre Juquin, ancien membre du bureau politique du PCF, a expliqué cette stratégie dans le film de Mosco Boucault, Mémoires d’ex). Il pouvait se résumer par « Mitterrand, c’est pire que Giscard ». Voter Giscard, c’était donc barrer la route du pouvoir aux sociaux-traitres. C’était travailler à l’avènement de la révolution prolétarienne qui ne pouvait survenir que si la droite restait aux affaires. Comme qui dirait que les attaques grotesques de Mélenchon envers Hollande sont comme un mauvais remake de ce lamentable épisode : Hollande, c’est pire que Sarko, vont bientôt dire – certains le disent déjà – les autoproclamés membres de la « vraie gôche » !