Peu après que M. Jean-Marcel Bouguereau, qui dirige la rubrique « parole de lecteurs » du Nel Obs m’a fait l’honneur insigne de citer quelques phrases d’un envoi sur les finkielkrauttes de J. Julliard (21/10/10), c’est Ouest-France qui publie une lettre dans son courrier des lecteurs (25/10/10).
Cette lettre visait des déclarations d’un certain Michel Godet (professeur au CNAM) qui, s’il avait vécu à l’époque, aurait critiqué les congés payés et les 40 h, en 1936. Là il s’en prenait aux grèves et à Jospin (on échappait quand même à mai 68). Un autre courrier laudatif lui – mais creux – suivait le mien.
Mais, en dessous, une lettre beaucoup plus longue répondait… à la mienne, qui venait de paraître ! Un peu fortiche ! D’où mon interrogation :
« Courriel envoyé le 25-10 à 17h21
Je vous remercie de la publication de mon point de vue sur un entretien de Michel Godet du 14 octobre, dans le journal de ce jour (25/X/10).
Cependant, j’ai été quelque peu surpris de voir, le même jour, une réponse à mon propre courrier, par M. René Cadiou (de Quimperlé). En effet, ma contribution ayant été envoyée par courriel et non mise en ligne sur un quelconque Forum ou même sur mon blog, je me demande par quel miracle M. Cadiou a pu répondre à un texte non encore paru ?
Pourriez-vous m’éclairer sur ce mystère ? »
Réponse à 17h24
« Bonsoir Monsieur,
Les courriers de lecteurs paraissent dans les douze départements. Seulement, ils ne paraissent pas en même temps, c’est selon la place que nous avons dans les différentes éditions.
Votre courrier a dû paraître en premier dans le Finistère, M. Cadiou a réagi rapidement … »
La célérité de la réponse (3 mn) laisse pantois. L’explication est techniquement parfaite.
Reste qu’elle n’explique pas que cette réaction, aussi rapide soit-elle, paraisse, dans l’édition vendéenne, simultanément avec le texte auquel elle répond. C’eût été M. Godet qui se défendait, pourquoi pas. Mais un autre lecteur…
Sauf que ce lecteur, qui bénéficie d’un tel traitement, n’est pas n’importe qui.
On notera que ce personnage qui se dit « le plus ancien membre des mouvements gaullistes de la région », qui fait des remarques acerbes sur Villepin à Chirac, est présenté comme un « ancien haut fonctionnaire ». Ce qui rend plus que sceptique quant à son entrée "sur le marché du travail" en 1945, à 14 ans.
Il commence par émettre une approximation qui peut difficilement être jugée involontaire, en faisant démarrer la négociation suédoise en 1984. De fait une commission a bien été mise en place en 1984, mais ses conclusions ont été rejetées en 1990 ! Le travail a donc été repris en 1991 pour aboutir à une loi en 1998 (on est loin de 1984) et le nouveau système est mis en place très, très progressivement depuis 2003 (http://www.institutmontaigne.org/medias/la_reforme_du_systeme_public_de_retraite_en_suede.pdf).
Sarkozy, non seulement ne l’a pas annoncée, cette réforme, mais j’ai cité la phrase où il niait qu’il y ait problème avant 2020.
Le jeu de passe-passe avec les milliards est assez grossier car jeter 250 milliards aux lecteurs ne veut rien dire. Ce qui compte, ce sont bien les besoins de financement qui vont – selon les hypothèses (croissance, chômage, etc.) - de 40,7 Milliards à 48,8 Milliards en 2020 (http://www.cor-retraites.fr/IMG/pdf/doc-1327.pdf).
Les syndicats ne nient pas ce besoin de financement : ils constatent que l'allongement de la durée de cotisations est une forte contribution des salariés et que d'autres sources sont à trouver (il ne s'agit donc pas comme le suggère caricaturalement M. Cadiou de pourvoir aux besoins de financement par les seuls "riches").
Notre « ancien haut fonctionnaire » ne démontre pas une honnêteté intellectuelle à toute épreuve.
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