Bettina Rheims INRI
L’argument est imparable. Pour faire des petits nenfants, il faut un homme et une femme. Toute autre forme d’accouplement est non seulement condamnable au nom de la morale mais également désespérément stérile. A-t-on jamais vu le moindre rejeton naître d’un rapport entre une femme et un âne ou entre un homme et un mouton ? Il en va de même des relations entre deux hommes ou entre deux femmes, perversions plus fréquentes depuis la quasi-disparition du monde rural. Ce sont là des vérités de bon sens que ne manquent pas de nous rappeler Christine Boutin et Monseigneur Barbarin. On demeure cependant surpris que ces deux sommités aient oublié l’illustre précédent de la Vierge Marie qui, semble-t-il se passa du secours de son mari pour un enfantement qui fit jadis quelque bruit. Il est vrai qu’il y fallut l’intervention du Saint-Esprit, personnage à l’identité mal définie mais dont on peut soupçonner, au vu des traditions écclésiales, qu’il serait plutôt de nature masculine.
Concédons-le, le Saint Esprit de Madame Boutin et de Monseigneur Barbarin n’intervient plus que très rarement dans les processus génétiques et la procréation exige la participation active d’un mâle et d’une femelle. La nature a pourtant prévu quelques dérogations à cette règle. Il s’agit du phénomène de parthénogenèse très fréquent chez certaines espèces végétales et animales. Il en va ainsi, si j’en crois Wiképédia, la source sacrée de toute connaissance, des angiospermes, des taxons, des nématodes, des polychètes, des oligochites, des némertiens, des arthropodes, des gastrotriches. Et, pour parler plus simplement des phasmes, des fouette-queues ou des dragons de Komodo. On m’objectera qu’il s’agit là d’êtres plutôt primitifs qui, de surcroît n’ont jamais émis le moindre souhait de se marier.
Le grand varan Varanus komodoensis, dit Dragon de Komodo
Je maintiens pourtant que la parthénogenèse est un moyen radical de clore le débat sur l’homoparentalité et d’éviter le recours à une douteuse assistance médicale qui s’octroie, sans la moindre légitimité, d’exorbitantes prérogatives. Évidemment, je vous vois venir avec vos certitudes scientifiques : la parthénogenèse est impossible chez les mammifères et a fortiori chez les êtres humains. Balivernes de savants qui ne voient pas plus loin que le bout de leurs éprouvettes. Car, dans certaines circonstances exceptionnelles, les plus douées de nos compagnes surent faire avec les moyens du bord. Et on a vu, pendant la dernière guerre, nombre de femmes de prisonniers trouver en elles les ressources suffisantes pour offrir à un époux tendrement aimé et enfin revenu d’un lointain stalag, le fruit totalement personnalisé de leurs entrailles. J’ajouterai que nier le phénomène de parthénogenèse risque d’ébranler les fondements de la société, si chers à Christine Boutin et à Monseigneur Barbarin. Et en effet, faute de cette reconnaissance, le risque est grand de voir se multiplier les recherches de paternité et ses désastreuses conséquences pour des couples qui sont toujours prêts à sauter sur le moindre prétexte pour divorcer. Bien entendu, je ne dis pas que les modes traditionnels de reproduction soient totalement à proscrire, surtout s’ils s’exercent dans le cadre réglementé de l’institution matrimoniale. Mais si l’on veut éviter tous les inconvénients qui découleraient d’unions entre partenaires du même sexe, voire de sexe différent, n’hésitons pas à l’affirmer, la parthénogenèse est l’avenir de l’homme.
Yoland Simon