Heureusement qu’il y a les « Gérard » pour décerner le Gérard de la femme politique de l’année à Michèle Alliot-Marie, sinon vous avez vu ce palmarès d’un organe féminin ? Bon, passons sur Anne Sinclair qui bénéficie du succès indéniable de son époux, non seulement homme de l’année, mais du siècle débutant. L’exemple même de la ruine d’une carrière politique prometteuse sans même qu’on lui ait tiré un Tapie sous les pieds. Espoirs bousillés pour une turlutte bâclée, du grand art ! Mais voir surgir en deuxième place Christine Lagarde, au lieu de MAM, est d’une totale injustice. Certes, comme son ex-collègue, elle a l’air d’avoir avalé son pébroque. Certes, elle a aussi bénéficié indirectement de l’autodestruction de DSK*, en lui succédant au FMI. Mais rien qui puisse être comparé au début d’année étincelant de MAM.
Souvenez-vous, en plein cœur de la « révolution du jasmin », le 11 janvier de cette année, notre Ministre des Affaires étrangères , Michèle Alliot-Marie, proposait à Zine el-Abbidine Ben Ali « le savoir-faire de nos forces de sécurité, qui est reconnu dans le monde entier, [pour permettre] de régler des situations sécuritaires de ce type ». Dans la foulée, elle avait prévu une livraison de grenades lacrymogènes… Dans la foulée encore, si l’on peut dire, le volatile malfaisant – Le Canard enchaîné – révélait que la dame, son compagnon et papa-maman avaient passé les fêtes de fin d’année en Tunisie, déjà assez secouée. Et l’on apprend que par le plus grand des hasards, à peine débarqués à l’aéroport de Tunis, ils tombent sur un ami, Aziz Miled – que les mauvaises langues du Canard disent proche des Ben Ali – qui s’apprêtait, dans son jet privé, hasard encore, à rejoindre Tabarka, juste là où le quatuor avait son hôtel. L’ami fidèle prêtera encore son coucou pour une petite excursion dans le Sud. Et papa Marie fera affaire avec lui pour acheter de l’immobiler.
MAM fut superbe, souvenez-vous encore ! A cette époque, cette ministre des affaires qui lui étaient très étrangères ignorait que ça branlait dans le manche en Tunisie. Elle avait d’ailleurs mis sa fonction de ministre entre parenthèses pour des vacances strictement privées. Elle dénonce, raide comme la Justice (n’a-t-elle pas été garde des sceaux ?) la campagne indigne contre elle et ses pauvres parents. Sauf que, du coup ce sera Mediapart qui s’y mettra révélant que, lors de ces vacances privées, elle a téléphoné à Ben Ali.
Et finalement, le 27 février 2011, elle démissionne. Deux mois menés tambour battant, mais depuis un injuste oubli… M. Woerth, spécialiste des courses équestres, aurait pu lui conseiller de ne pas partir ventre-à-terre.
Lui a été en haut du pavois pendant plus longtemps, mais n’a pas, non plus, tenu la distance.
Faut-il rappeler – Français vous avez la mémoire courte, comme disait un sinistre Maréchal – que d’une affaire familiale, opposant la mère et la fille, l’affaire Bettencourt, avec l’habileté qui le caractérise, celui qui fait président fit une affaire d’état, en invitant la mère en son palais ? Le Procureur Courroye-de-transmission, en bon courtisan, a pris lui aussi le parti de la mère. Ce que voyant, l’avocat teigneux de la fille s’empressa de faire fuiter** un maléfique enregistrement où il était question d’Eric Woerth, ministre du budget puis ministre du travail et trésorier de l’UMP.
Les mensonges de Woerth feraient apparaître ceux de MAM comme de pures vétilles. Les enregistrements faisaient entendre le gestionnaire de la dame Bettencourt parlant du ministre et de sa femme. Presque aussi raide que MAM, Woerth prétendit d’abord que ce de Maistre n’était qu’une vague connaissance. Puis, comme il lui avait remis la Légion d’Honneur avec forces éloges, que ce n’était pas lui qui l’avait proposé. On découvrit le contraire : mais tous les parlementaires font des propositions aussi, trouva-t-il à répondre… Sa femme avait été embauchée, à sa demande disait le gestionnaire à sa patronne. Erreur, il n’avait fait qu’évoquer les soucis de plan de carrière de son épouse. On découvrait que, non content de récolter, via ce de Maistre qu’il disait à peine connaître, l’obole des époux Bettencourt pour l’UMP, il ponctionnait aussi la veuve pour un parti croupion à sa dévotion. Mais ce n’était pas illégal, pas plus que de cumuler fonction ministérielle, en particulier au budget, et trésorerie du parti majoritaire.
Une ligne de défense d’une puérilité étonnante ! ce Patrice de Maistre vague connaissance, il faisait parti des membres du premier cercle de riches donateurs dont Woerth organisait les raouts qu’honorait de sa présence Sarkozy.. Même chose, pour l’hippodrome de Compiègne bradé contre l’avis du Ministère de l’Agriculture.
Quand on pense que ce fut le pâlot Baroin qui, selon le Paris-Match du 27/12/ 2010, était « l’homme politique de l’année », on ne peut que se dire « quelle myopie ! ».
Pour MAM, il est encore temps pour d’autres palmarès 2011 de lui donner au moins un accessit, malgré la forte concurrence, dans son camp, des Dati, Yade et Morano. Pour Woerth, espérons que les juges bordelais lui redonneront l’occasion de redéployer son talent en 2012, dans une affaire où l’instrumentalisation de la police et du parquet a été caricaturale.
* Si l’on en croit un sondage Harris (cité dans un Vite dit d’@si) 60 % de nos contemporains seraient agacés par le couple DSK-Anne Sinclair ; il y en a même, masochistes, qui, quand ils voient un article sur eux, vont y mettre un commentaire pour dire… que ça les agace…
** Sur Mediapart (et Le Point), ce qui valut à ce site d’être accusé de « méthodes fascistes » par Xavier Bertrand qui vient d’être renvoyé devant le tribunal correctionnel (de lèche-cul il devient suspect) !