La primaire citoyenne à Luçon, que restitue agréablement Jean-François Launay, a un goût sucré-salé, du moins pour le « mélenchonniste » (faut-il vraiment deux n ?) que je suis supposé être en tant que soutien dudit Mélenchon. Notre ami JFL prétend que mes camarades sont « plus virulents à l’encontre du PS que contre Sarkozy ». Sans me faire sortir de mes gonds, le propos va me faire sortir de la Vendée sympa, pour une mise au point peut-être utile avant la présidentielle.
Le lecteur d’Hessel-Morin devrait citer ses sources. Dire que JLM (ou Mémé Lenchon pour Canal +) ménage Sarkozy revient à avouer une profonde ignorance des positions du Front de Gauche. Affirmer qu’il est plus virulent à l’égard du PS mérite approfondissement.
Le seul socialiste à l’égard duquel Mélenchon a eu des mots durs, le qualifiant « d’ennemi », s’appelle Dominique Strauss-Kahn. Le mot visait l’ancien directeur du FMI et sa politique néo-libérale à l’égard des pays en difficulté, dont la Grèce, qui compte même des socialistes, au gouvernement et dans la rue, même si les premiers écrasent les seconds. Le Front de Gauche n’a pas eu un seul commentaire dans le feuilleton du Sofitel. Certains des amis socialistes de DSK ont été plus virulents.
Jean-Luc Mélenchon ne partage pas le réformisme de François Hollande. Je crois que c’est son droit. Quand Martine Aubry l’allume en public, c’est un débat fraternel. Quand un bolchevik dit que mon député-maire, Manuel Valls, a des propos contestables sur les finances publiques, c’est un crypto-sarkozyste enfin démasqué. Quand il souscrit à la VIe République et à la démondialisation de Montebourg, c’est un complot gauchiste destiné à favoriser le nain hongrois en déstabilisant ce PS si uni.
Les positions politiques du Front de Gauche sont assez simples. Nous voulons sortir de la dictature du capitalisme mondial et de ses outils, les banques d’affaires, les marchés financiers et les gouvernements libéraux. Il faut donc se débarrasser de Sarkozy, mais ce n’est pas pour le seul plaisir d’accomplir une œuvre de salubrité publique. Qu’allons-nous mettre en place et avec qui allons-nous construire une nouvelle gouvernance de réhabilitation du travail, de l’emploi, de la recherche publique, de la politique industrielle, de la justice fiscale et sociale ?
Même un socialiste borné (mais c’est comme une fourmi de 40 mètres de long, ça n’existe pas !) pourrait comprendre qu’on n’y arrivera pas avec l’UMP ou les débris du centre droit. Le choix n’est donc pas très étendu, et le féroce Jean-Luc Mélenchon en convient : PS et EE-LV sont des alliés naturels et indispensables. Les socialistes ont-ils un avis là-dessus ? Probablement, sinon pourquoi iraient-ils fréquenter ces monstres rouges à la Fête de l’Huma ?
Je serais ravi que mon ami et camarade Jean-François Launay revienne à de meilleurs sentiments envers des gens dont il aura de toute façon besoin s’il veut virer Sarkozy. Autre demande : qu’il cesse d’appeler les partisans du Front de Gauche « Mélenchon(n)istes ». Nous n’avons pas le culte du chef, et je ne traiterai JFL ni de hollandais ni de royaliste. Il peut donc m’appeler camarade déviationniste si ça lui chante, mais mon vrai nom est…
Gilbert Dubant
L’ami Gilbert a fait une lecture un peu symptomale de mon écho de primaire vue de Luçon : « il est probable qu’un Forum d’Arrêt sur images accueillera les propos fielleux des habituels détenteurs de la vraie croix, pardon de la « vraie gauche », les mélenchonnistes plus virulents à l’encontre du PS que contre Sarkozy », ai-je incidemment (et imprudemment ?) écrit. Je visai donc une meute bien précise qui vampirise les forums d’@si.
Mélenchon a certes changé de discours depuis peu. Mais naguère il ne s’en prenait pas qu’aux « petits Valls » ni à DSK, mais au PS qui « décide d’une chose et de son contraire » aux socialistes qui « n’ont pas de stratégie pour gouverner face aux banques », avec ce ton empreint de mépris qui fait tout son charme (http://www.canalplus.fr/c-infos-documentaires/pid3354-c-dimanche.html?progid=514266 : environ 15 mn après le début de cette partie 2, la séquence se termine par l’altercation avec un communiste à la fête de l’Huma).
Je n’aurai pas la cruauté de rappeler le temps jadis (avant les européennes) où Mélenchon, comme de Villiers, attaquait le groupe socialiste au parlement européen (PSE). Et encore moins une tonitruante déclaration prudhommesque sur le fatal destin du PS.