Le Post qui met en ligne des paquets d’articles d’internautes, trop souvent anonymes, est une filiale du Monde. Il s’est doté d’une chartequi édicte notamment que « Les contenus publiés par les posteurs ne devront pas être contraires aux bonnes moeurs, à l'ordre public, ni aux lois et réglementations en vigueur… ». Souvenons-nous que ces « bonnes mœurs » ont valu, dans le passé des censures de grands artistes et écrivains. La seule mention « lois en vigueur » devrait suffire dans un état de droit. Comme il se doit, articles et commentaires sont soumis à une « modération » a posteriori.
Cependant, je commets quelques articles (219) sur ce support. J’avais vu, lors de l’affaire Ribéry-Zahia, un de ceux-ci « retiré » par la modération. En effet, cet article ironisait sur les tartuffes qui feignait de s’indigner sur la contradiction entre la religion affichée du footeux et son penchant pour des jeunes femmes vénales, en rappelant que nos bons bourgeois d’autrefois alternaient le dimanche, la messe le matin, le café l’après-midi et le bordel le soir. Un 3e article qui démontait l’hypocrisie de la censure avait fini par passer. Mais la manœuvre des dénonciateurs n’avait pas totalement échoué, puisque l’affaire avait perdu de son actualité.
Depuis quelques temps, la modération ne se modère plus. Le 3 juillet,
je mets en ligne un article intitulé « Les Woerth chez les Helvètes » qui résume, sous une forme qui se voulait ironique, un article de La Tribune de Genève sur une collecte de
fonds de Woerth auprès des (riches) expatriés français à Genève, avant les présidentielles et les voyages de Mme Woerth, en tant que salariée de Clymène, en Suisse où Mme Bettencourt
possédait des comptes. J’eus droit à ce message standard : « Après lecture et analyse attentive de votre article du 04.07.10 21h55 par notre équipe de modération,
celui-ci a dû être retiré de la publication en raison de sa non-conformité vis-à-vis de la charte d'utilisation du Post.fr
Nous tenons à vous assurer que nous faisons tout notre possible pour accepter le plus grand nombre de messages et que tous nos modérateurs sont tenus à une stricte obligation
d'impartialité.
La neutralité de leur analyse est d'ailleurs régulièrement vérifiée par un superviseur.
Toutes les opinions sont acceptées dans la limite des règles définies dans la charte éditoriale et sous réserve de les exprimer de manière courtoise, argumentée, et sans agressivité.
Le motif de retrait de votre article est : Propos potentiellement diffamatoires
Des éléments de votre article ont été considérés comme étant potentiellement diffamatoires :
-Soit parce que les affirmations formulées dans votre article envers des personnes/entreprises/organisations/associations n'ont pas été attestées de façon formelle par la justice ou les médias
(exemple : condamnation par un tribunal, article de journal local ou national)
-Soit parce que cette affirmation n'est pas rapidement vérifiable, avec les outils de recherche dont nous disposons, auprès des grands médias, des sites Internet d'information et
des encyclopédies.
Si vous disposez d'un document authentifiant les affirmations formulées dans votre article, vous avez la possibilité de nous le faire parvenir à l'adresse email indiquée plus bas. Les pages
personnelles, les blogs ou les commentaires sur des forums ne peuvent pas être considérées comme des sources fiables. » (c'est moi qui souligne)
La source était clairement citée, avec un lien vers l’article précis. J’interrogeais en vain et à trois reprises la modération. Puis je republiais l’article, en précisant en « chapeau » qu’il y avait bien et article et lien vérifiable et en ajoutant un autre lien vers un article encore plus explicite et tout aussi « vérifiable ».
Rien n’y fit : même censure, même message. Soudain le doute m’habite : ne serait-ce pas l’illustration la cause de cette censure répétée. Je la colle en PS (mais non ce PS là désigne un Post Scriptum et non un parti politique) à un autre article qui classait l’avéré, le probable et le plausible dans l’affaire Woerth, ni une ni deux, il est à son tour victime de la « modération ».
On peut constater que, sauf à bannir du Monde les ¾ des dessins de Plantu, il ne présente aucun caractère « potentiellement diffamatoire ».
En réponse à un article d’un « invité » - il y a dans ce site d’informations une catégories dites des invités – un anonyme Richardtrois - qui, tout en feignant de s’en prendre aux attaques de l’UMP envers Mediapart et surtout Plenel, attaquait en fait le PS, j’avais mis en ligne ce fusil à tirer dans les coins.
Ça n’a pas traîné : descendu le fusil. « Le motif de retrait de votre
article est : Propos agressif
Afin de conserver une ambiance courtoise, positive et participative, les propos de nature agressive ne sont pas autorisés par la charte du site.
Sont considérés comme agressifs, les messages contenant des attaques personnelles, les règlements de compte entre posteurs, ou bien de façon générale des attaques brutales ou excessives
contre un autre utilisateur. »
Faut-il rappeler que mes demandes d’explications restaient sans aucune réponse ? Je commettais donc un autre article intitulé « La HEES attitude » : « L’humour, l’ironie, la dérision n’ont pas plus droit de cité sur Le Post qu’à la matinale de France Inter à la rentrée. » La modération m’a vite signifié : « Le motif de retrait de votre article est : Autre motif non précisé » Quel aveu ! Inutile de dire que j’envoyais, pour la xiéme fois une demande du coup d’explicitation, sans réponse bien sûr.
Un nouvel article, intitulé « Anastasie », a été aussi « retiré » comme « potentiellement diffamatoire » : il se contentait de citer in extenso le message de censure précédent avec cette adorable mention de « motif non précisé ». La prétendue modération considérait donc la citation de ses propres textes comme diffamatoire !
Enfin, faute de réponses, cette « Lettre ouverte aux modérateurs »*, à peine parue, déjà retirée. Preuve qu’un très impartial et neutre modérateur était aux aguets !
J’hésite entre deux explications : la censure précédente (« Ribéry et les putes ») était certainement due à une dénonciation donc, pas de risque, on censure d’abord mais quand même si la reprise de l’article explicite bien le propos (pourtant déjà clair), ça passe.
Ici, de fait, on assiste à une censure totalement bornée, qu’avec indulgence je serais tenté de mettre sur le compte des congés estivaux : des vacataires trop fébriles, une supervision inexistante (les non réponses en témoignent) et un modérateur qui, in fine, s’acharne. J’ose donc espérer que ce n’est qu’un accident. Sinon, force sera de constater que la censure privée est pire que l’autre puisqu’elle n’offre aucun recours !
* « Très chers modérateurs,
Je ne voudrais pas paraître plus paranoïaque qu'il ne convient, mais j'ai la forte impression que l'un d'entre vous m'a mis dans son collimateur.
Je me suis vu retirer, par deux fois, un article ("Les Woerth chez les Helvètes") au motif qu'il ne s'appuyait pas explicitement sur un journal or La Tribune de Genève était citée. Un autre article, toujours sur Woerth qui ne semblait vous poser aucun problème (il faisait le point sur ce qui dans cette affaire était avéré, probable, plausible) fut à son tour retiré.
Dans les trois cas des demandes d'explications répétées ont été faites, en vain, sur le formulaire ad hoc.
Un autre article, en fait, une simple illustration, a été à son tour retirée comme agressive.
Un article intitulé "La HEES attitude" qui dénonçait cette censure répétée (et jamais justifiée) a été bien sûr retiré avec cette délicieuse justification : "Le motif de retrait de votre article est : Autre motif non précisé".
Enfin, cerise amère sur le gâteau au poivre, le dernier intitulé "Anastasie" qui se contentait, après trois ligne d'explication, de citer intégralement, le message annonçant la suppression de "La HEES attitude" vient d'être à son tour retiré pour propos potentiellement diffamatoire : de l'autodiffamation en quelque sorte !
Je me crois en droit d'émettre un soupçon de leger doute sur le respect de la "stricte obligation d'impartialité." d'un modérateur qui trouve que citer son propre message est diffamatoire ! ou alors quel aveu ! »