Ouest-France 31/08/12
Lettre ouverte à Hugues Fourage, député de la Ve circonscription de la Vendée
Cher camarade,
J’ai lu avec surprise l’entretien que tu as accordé à Ouest-France prônant le cumul des mandats. Bien qu’ayant été collaborateur d’un député de la vague rose précédente – celle de 1981 – je n’aurai pas l’outrecuidance de te rappeler qu’un parlementaire est certes élu dans une circonscription ou un département, mais qu’il est d’abord et avant tout l’élu de la nation !
En revanche, il n’est peut-être pas tout-à-fait inutile de te remettre en mémoire que le principe du non-cumul des mandats a été adopté très majoritairement par le Parti Socialiste ce que le candidat que tu as été ne pouvait ignorer. Non plus que c’est une des soixante propositions de F. Hollande. Il se dit même que les candidats aux législatives auraient signé l’engagement* de quitter leurs mandats exécutifs locaux au plus tard en septembre. Ce qu’a déjà fait Sylviane Bulteau, l’autre élue PS de Vendée.
L’allusion à une éventuelle situation personnelle en 2017 – aucun espoir de réélection ? – est assez consternante en ce qu’elle considère les mandats électifs – pour lesquels nul n’est obligé d’être candidat – comme des sortes d’assurance chômage. Et, de fait, cumul ou pas, en 2017 tu peux n’avoir aucun mandat : les élections municipales ont lieu en 2014 et rien n’est jamais acquis, surtout dans les élections intermédiaires.
En revanche, il est légitime de rappeler que le salarié du privé n’a aucune garantie de retrouver son emploi à la fin de son mandat de parlementaire. Contrairement aux salariés du public. Mais aussi aux membres de professions libérales qui, eux, continuent souvent de cumuler activités professionnelles et mandat de parlementaire. Jean-François Copé en fut l’exemple caricatural qui, du temps où il était député et Président du groupe UMP, tout en étant Maire de Meaux, réussissait à émarger à 20 000 € mensuels comme avocat d’affaires. Et ne parlons pas de l’éminent Professeur Debré (Bernard), chef de service d’urologie dans un Hôpital Public qui se gave d’honoraires privés, en plus de son mandat de député. Donc, qu’il faille un statut de l’élu qui interdise aussi ce type de cumuls, qui limite les mandats dans le temps et donne une garantie de réemploi au niveau d’ancienneté correspondant, et qui protège aussi les plus modestes élus locaux, accord total.
Mais l’antienne des cumulards, je parle ici plus de Collomb, Rebsamen et Emmanuelli (que tu as cité) que de toi, sur le parlementaire qui ne doit pas se couper de son « territoire » est, pour reprendre ton mot, une parfaite hypocrisie.Les rares parlementaires non cumulards seraient-ils des députés ou des sénateurs hors sol ? A qui peut-on faire croire que le Sénateur Gaudin, Maire de Marseille, comme le Sénateur Collomb, Maire de Lyon ou le Sénateur Retailleau, Président de Conseil Général de Vendée, etc. peuvent cumuler deux emplois à plein temps ? Ce cumul se fait au détriment des deux mandats !
Et la Ve circonscription ne se limite pas à Fontenay-le-Comte : ayant passé le relais, tu serais d’autant plus disponible pour l’ensemble du « territoire » qui t’a élu.
J. F. Launay
Adhérent de « base »
*"Le Bureau national a souhaité inviter chaque parlementaire concerné à respecter l'engagement qu'il a pris lors de son investiture et à démissionner au plus tard en septembre 2012 de son mandat exécutif local (municipal, départemental ou régional)" (lettre de M. Aubry)