Qui ne se souvient de cette coupe du Monde en Espagne (peu avant que l’affreux Schumacher dézingue notre Battiston) où un cheikh était venu sur le terrain perturber l’arbitrage. Plus près de nous, à cette coupe du monde, le pauvre Le Guen a subi l’intervention du ministre des sports camerounais.
L’équipe d’Allemagne n’est pas brillante, brillante : je ne sache pas qu’un ministre des sports teuton – s’il existe – ait cru bon de venir sermonner les troupes. Les britishs sont à la peine : Cameron n’a pas envoyé d’urgence un ministre en Afrique du Sud. Même Berlusconi, alors que l’équipe d’Italie n’est pas brillante, s’est, pour une fois, dispensé d’intervenir. Mais dans notre république de plus en plus bananière, une des ministres les moins crédibles y a été d’un couplet grotesque qui n’a pas fait pleurer Margot, comme dans les mélos, mais les branleurs de l’équipe de France.
Si l’on en croit Le Parisien « La voix grave, Roselyne Bachelot a affirmé aux joueurs, a-t-elle raconté aux journalistes, que ce n'était «pas qu'un mauvais moment à passer. Rien ne sera plus comme avant. Je l'ai dit aux joueurs dans un entretien extrêmement émouvant […] J'ai dit aux joueurs : "Ce sont vos gosses, nos enfants, pour qui vous ne serez peut-être plus des héros". Ce sont les rêves de vos compagnes, de vos amis, de vos supporteurs que vous avez peut-être brisés. C'est l'image de la France que vous avez ternie.» À ce degré de puérilité – mais elle essayait de se mettre au niveau de l’âge mental d’une partie de son public – les bras en tombent.
Roselyne Bachelot a aussi évoqué avec eux le match de mardi -aujourd'hui -, contre l'Afrique du Sud. Et la ministre leur a rapporté une anecdote que lui avait racontée Raphaël Ibanez, le capitaine du XV de France en 2007. «Je crois que j'ai vu des larmes dans les yeux de beaucoup, quand le leur ai raconté ce que m'avait raconté Raphaël Ibanez [...] Avant le match contre les All-Blacks à Cardiff (en quart de finale de Coupe du Monde), sur le tableau, Raphaël Ibanez avait écrit "Comment voulez-vous qu'on se souvienne de vous ?" Je le leur ai répété en les regardant chacun dans les yeux», a-t-elle poursuivi. Et d'ajouter que le XV de France avait gagné ce match «ingagnable».
Elle a conclu : «L'heure du bilan va venir et depuis ces derniers jours, j'ai beaucoup consulté. Avec le président de la République, avec le Premier ministre, avec les responsables du sport français... » Le chômage, le problème des retraites, etc. – ne parlons pas des cigares de l’un, du permis de construire de l’autre, de la femme d’un troisième, et j’en passe comme les rétrocommissions - de la bibine, rien de plus urgent que de s’occuper du foot !
Résultat : « et tes larmes n’y pourront rien changer » comme chantait Gainsbourg, l’équipe de France s’est fait battre.
Le joueur qui a été victime du clan des abrutis – Ribéry, Anelka, Evra et sans doute Henry – a été injustement victime d’un carton rouge (sa prétendue victime, la sanction obtenue, a couru comme un lapin). Que Dugarry sur Canal juge la sanction méritée n’est pas un hasard : si l’on en croit Libé son grand ami Zidane a milité pour l’élimination de Gourcuff contre le Mexique. Ribéry a perdu trois fois plus de ballons qu’il n’en a gagné ; il a quand même con-descendu à faire une passe à Malouda pour qu’il marque le seul but de l’équipe de France à cette coupe du monde.
Et, cerise – ou plutôt guigne - sur le gâteau, Domenech a refusé de serrer la main de l’entraîneur adverse ! Toujours plus caricatural que sa marionnette !
Et nos gouvernants s’immiscent, dans une affaire très secondaire, avec cette perpétuelle omnipotence qui ne masque plus leur totale impuissance !