Il n’y a pas que les cagots fanatisés, Sarkopé, les mélenchonniens, les faux laïques, etc. pour débloguer. Revenons au vrai sujet, le foute (non je n’ai pas oublié le « r », il s’agit de fouteballe).
Comme tout sportif de haut niveau non pratiquant – nous sommes sans doute plusieurs millions, mais rien à voir, bien sûr, avec des supporteurs bornés (pléonasme) style ex-kop de Boulogne, non des esthètes au jugement impartial – j’ai un point de vue sur ce jeu où 22 manchots essaient de faire avec leurs pieds, ce qui serait déjà difficile de faire avec les mains. « Manchots », pas tout-à-fait quand même, car les coudes cognent, les bras encerclent et les mains, quand elles ne tirent pas le maillot adverse, aident parfois la balle à rentrer dans le but et il y en a quand même deux qui ont le droit absolu de se servir de leurs mains.
Or donc, dans le Libé du jour (18/04/11), je tombe sur un « billet » (« Le Barça, voie unique du ballon »). Un condensé de finkielkrauteries. Non pas que l’auteur tombe dans le travers du professeur de philo à Polytechnique qui parle de « division ethnique » dans l’équipe de France modèle Domenech. Non, il s’agit du procédé favori du penseur demi-mondain : fabriquer un ennemi caricatural. Ainsi, M. Schneider fabrique un scénario délirant sur un « écho médiatique » qui aurait fait du Barça « la plus belle équipe à voir jouer de tous les temps » « comme si on avait attendu l’équipe de « Pepe » Guardiola pour voir des joueurs se passer le ballon ».
Il n’est pas impossible qu’un journaliste Catalan ait commis des propos dithyrambiques sur son équipe favorite. Peu probable d’ailleurs, car nul Barcelonais – à commencer par Guardiola qui en est un disciple - ne peut oublier « l’équipe de rêve » entraînée par Johan Cruyff ! En revanche quand il évoque les délires égotistes de Mourinho et de Ronaldo, il faudrait qu’il développe son plaidoyer en faveur d’un excellent entraîneur et d’un joueur souvent excellent, mais qui brillent aussi par une arrogance qui contraste avec la modestie de Messi, Iniesta, Guardiola, etc.
Le billetiste atteint le sublime quand il profère que « se passer le ballon sans fin et presser dans le camp adverse n’est pas la seule façon de jouer au foot ». Outre que le jeu du Barça ne se résume pas à cette caricature, il préfère sans doute le retour au « catenacio », défense à outrance en attendant de placer la contre-attaque. Mais tout cela n’a qu’un but, aboutir à une insinuation bien vicelarde : « ces partis pris systématiques »– qu’il vient d’inventer - influencent l’arbitrage, en faveur du Barça, bien sûr.
Il y a, de fait, deux grandes conceptions du foute : essayer de prendre moins de buts que l’adversaire, si possible aucun, ou tenter d’en marquer plus que lui. Le Real se situe d’ailleurs plutôt dans le second camp.
Gourcuff, père et fils, aussi. Petite parenthèse d’abord : quand on évoque les difficultés qu’ont connues Marseille, Lyon ou que connaît encore Bordeaux, on oublie un peu la lourde responsabilité de leurs dirigeants. Bordeaux qui laisse filer Gourcuff à l’orée de la saison, Marseille qui perd Niang et Ben Arfa et doit donc acheter des joueurs en catastrophe et Lyon qui achète à un prix astronomique un joueur qui ne trouvera d’autant moins ses marques que le style de jeu à la Puel est assez changeant. Mais non, Triaud vitupère, Dassier parade et Aulas pontifie !
Donc, Gourcuff, le joueur, n’est pas très bon. L’Equipe le dit.
Sauf que, pour être meneur de jeu, il faut qu’il y ait du jeu. Vous savez, doublements de passe, appels de balle, une-deux, décalage, débordement… Le match contre le Luxembourg fut, à cet égard, caricatural. Les joueurs du Grand-Duché étaient à dix derrière. Quand Gourcuff héritait, assez souvent d’ailleurs, du ballon, il n’avait d’autre choix que de repasser la balle à la défense qui ne montait guère. Et si le jeu en retrait, que pratique le Barça, est intéressant avec une équipe qui fait le pressing, là ça ne servait à rien, puisque l’adversaire était scotché derrière. Aucun autre joueur ne se portait à sa hauteur, les attaquants attendaient, statiques, le ballon que les adversaires n’auraient eu aucune peine à intercepter. Il sollicite un une-deux avec Sagna en montant sur l’aile : le latéral préféra envoyer une balle dans le paquet central, au lieu du centre en retrait recherché par Gourcuff.
En revanche, face à l’Angleterre – dans mon souvenir au moins – il y eut une vraie complicité avec Nasri. Sans faire de comparaison trop hardie, une complémentarité à la Iniesta-Xavi, permettrait, peut-être de développer un jeu que le chroniqueur de Libé abhorre, mais que les amateurs du foute à la nantaise d’autrefois adorent.
C’était la rubrique du sportif de haut niveau non pratiquant, devenu auto-consultant.