Le titre peut paraître insolite, mais c’est une réponse à des confessions-bidons parues sur le + - réponse qui ne va sans doute pas passer – une annexe du Nel Obs qui, pour se distinguer sans doute de la maison mère, publie des articles qu’on s’attendrait à lire dans Minute ou, à la limite, Atlantico : « J'ai voté Besancenot en 2007 et Le Pen en 2012 », « J'ai voté Marine Le Pen en 2012 mais je me considère gaulliste », « Je suis immigré et j'ai voté pour Marine Le Pen » auquel s’ajoutait un témoignage tout aussi bidon sur une « bourgade » du fin fond de l’Aisne (Hirson, près de 10 000 habitants ! la bourgade) d’une journaliste du + « Le Pen a séduit les villages paumés : j'ai vécu à Hirson, c'est la misère »
« Je suis né dans un petit village au nom pas du tout commun… » Non il ne s’appelait pas Saint-Martin et n’était pas entouré de bocages, comme celui de François Béranger, mais au cœur du Saumurois. Je ne vais pas étaler ma généalogie, mais le patronyme même, qui renvoie au bois d’aulnes, prouve la profondeur de racines qui plongent dans l’humus fécond de la francitude !
Sans non plus raconter ma vie, je peux évoquer une enfance bercée de lieux communs chauvins sur les populations des autres régions : le Breton tête de cochon, l’Auvergnat rapiat et le Normand aussi, le Parigot tête de veau, le Corse paresseux sans oublier le Ch’timi poivrot, etc. « Angevin sac à vin » et même sa suite grivoise « Angevine ça se devine » étaient jugés plus flatteurs que péjoratifs. Et, au moment des battages, à l’heure de la pause, les hommes allaient « baiser une fillette à la cave » : entendez, non pas de souterraines et inavouables pratiques, mais boire une petite bouteille -dite « fillette » - de vin blanc. Angevins qui prétendent avec les Tourangeaux parler un Français sans accent !
C’est vous dire que question « de souche », je n’ai pas de leçon à recevoir de nos identitaires à la mode sauciflard-pinard. Et que je reste profondément attaché aux petits vins de soif chers au regretté Jean Carmet, à commencer par le Saumur Champigny. A vrai dire, cette souche ne m’avait jamais préoccupé, d’autant que - n’en déplaise aux souchiais – ni moi, ni eux n’y sont pour quoi que ce soit. Et parmi les idoles foutebalistiques de ma génération outre le polak Kopa, le rital Piantoni figurait la « perle noire » Ben Barek (prénom Larbi ce qui veut dire l’Arabe) !
Je suis donc pris d’une franche rigolade quand je lis, sous la plume d’une « poétesse », ces lignes puériles : « Car je suis une fille de Charlemagne et de Roland, de Saint-Louis et du chêne, car je suis La Pucelle et pas Fatima, car mes ancêtres, oui, sont Gaulois, celtes, vikings. (…) la colline de Vézelay, oui, m'est plus familière que la Pierre Noire de La Mecque. » Oublierait-elle cette Pucelle contemporaine qu’à Fatima (Portugal), comme à Lourdes, la vierge est apparue ! Qu’a-t-elle contre les portos ?
En revanche, ce fatras de clichés historiques caricaturaux et de racines chrétiennes revendiquées me fait grimacer quand il se transforme en islamophobie : la dame qui écrivait ces niaiseries, le faisait pour célébrer une votation Suisse interdisant les minarets.
Elle n’a pas dû noter que le parti à l’origine de ce référendum, l’UDC, donnait dans la xénophobie… anti-française. Ainsi, l'UDC avait publié un encart publicitaire dénonçant la "racaille" et les "criminels étrangers" : les travailleurs transfrontaliers, s’opposant aussi à une nouvelle liaison ferroviaire qui aurait pourtant facilité la vie de Suisses logeant en France à cause de la cherté du logement ! Et l’UDC était en butte à Genève à un parti local, le MCG, au slogan très Lepéniste "Genève et les Genevois d'abord", pour qui Genève risque de devenir un "déversoir pour les 2,9 millions de chômeurs français".
Comme quoi à xénophobes, xénophobes et demi ! Et on voit bien vers quelles dérives nous entraîne le F-Haine (bien aidés par ses sous-marins Buisson et Peltier qui manipulent le pantin Sarkozy). Avait-on entendu parler, même dans la bouche de Le Pen père spécialiste des dérapages antisémites, de la viande casher ? Pendant quelques jours, Le Pen fille, mentant outrageusement, a fait de la viande halal un thème de campagne, grâce au sortant qui a amplifié ses propos.
Sa laïcité, à la mode UDC, comme celle de Riposte faussement laïque, est transformée en pavillon de complaisance de l’islamophobie. Faut-il s’apitoyer sur ses pauvres électeurs victimes de l’abandon des élites ? Vieux fonds de commerce de l’extrême droite que ce jeu poujadiste. Victimes aussi de l’insécurité due aux jeunes beurs ou blacks qui terrorisent les quartiers.
Que je sache, à Moreilles, Vendée, 235 votes exprimés, 67 pour Le Pen (33 %), les délinquants « d’apparence musulmane » n’existent que dans les délires de ces votants. Et les affreux infidêles n’ont pas encore imposé la semoule à la place des mogettes, ni interdit de boire la troussepinette et transformé l’église en mosquée (j’ai entendu cela – les églises transformées en mosquées – dans la bouche d’une catholique intégriste).
Alors, ces ex-électeurs pro-Besancenot, ces immigrés russes de la veille, enfin toutes ces confession bidons de prétendus électeurs de la fille Le Pen, sur le + (annexe du Nel Obs), ras le tarbouche !
Pour aller plus loin :
Le retour du Front national
23 mars 2012 par Pascal Perrineau
UMP-FN : vers un bloc néoconservateur
Le point de rupture
Enquête sur les ressorts du vote FN en milieux populaires - Uniquement en téléchargement -