Avant même que notre grand Conducator et son Besson préféré n'aient lancé le débat sur notre identité, afin sans doute de mieux la contrôler, Yoland Simon avait, dans l'éphéméride 2007*, apporté à la question sa brillante contribution.
C’est un beau roman, c’est une belle histoire. Je veux parler de la France. Comme on l’a rêvée dans le Lavisse de l’école républicaine et dans les manuels de sa
consœur confessionnelle. Tant de bonnes fées se penchèrent dans le passé pour combler le pays de leurs bienfaits. Rome qui eut le bon goût de longuement lui mitonner sa langue incomparable ;
l’Église qui, dans sa grande bonté, lui offrit vingt siècles de chrétienté ; Vercingétorix qui forgea un inébranlable esprit de résistance chez de pittoresques ancêtres gaulois ;
Clovis, cet étranger bien de chez nous, qui tout à la fois battit notre monnaie et les Allemands. Continuons ce merveilleux périple, avec Capet et ses nombreux descendants qui, en mille ans,
arrondirent le magot de nos territoires et de leur royaume.
Saluons,
bien sûr, la bergère de Domrémy qui sauva de la faillite le si gentil Dauphin de nos comptines. Donnons, en passant, un petit coup de chapeau au panache blanc du Béarnais, et honorons, comme il
convient, les soldats de l’an II, le génie de Napoléon et les poilus de Verdun. Enfin, n’oublions pas que cette terre bénie des dieux fut aussi celle des Lumières, des droits de l’homme et de la
Fête de la musique. On comprend, dès lors, la méfiance inspirée par des gens qui ne connaissent rien de ce précieux héritage, qui n’ont jamais cueilli le gui dans nos forêts d’Armorique, ni
secondé Godefroy de Bouillon dans ses escapades moyen-orientales, ni répondu à l’appel de la Pucelle pour bouter l’Anglais de l’autre côté du Channel, ni mangé la poule au pot tous les dimanches
à la table du roi Henri, ni suivi le Petit Caporal sous le rutilant soleil d’Austerlitz, ni, comme tout le monde, accompagné Victor Hugo dans sa dernière demeure, pleuré la mort de Marcel Cerdan
ou cassé quelques fauteuils aux concerts de Johnny Hallyday. En vérité, encore une fois, je vous le demande : comment, sans un sérieux recyclage, donner à ces hordes ignares qui se pressent
à nos frontières une carte d’identité nationale… Pardon, une carte nationale d’identité ?
* "Éphéméride 2007", éd. Quartier Libre
PS Sur l'expression même "Fier d'être français" voir http://www.bernard-defrance.net/