Clemenceau à qui l’on prête cette saillie, à propos de Félix Faure, mort dans l’exercice de ses fonctions, pardonnera cet emprunt un peu amodié.
Donc DSK a subi la question ordinaire – mais pas extraordinaire – de la dame Chazal sur télé Bouygues. Fidèle à un double principe – ne jamais regarder TF1 et, en disciple de Tristan Bernard, ne jamais regarder les émissions que je critique, car ça pourrait m’influencer – j’ai fait confiance aux réactions, complétées par les extraits de l’émission sur les autres chaînes, pour savoir de quoi il retournait.
Une féministe d’abord, sur France Inter, qui reprend une affirmation lue sous la plume vénérable de Baubérot, comment une relation consentie, entre deux personnes qui ne se connaissent pas, a-t-elle pu avoir lieu en 8 mn ? Mais on peut riposter : comment une jeune femme de 32 ans d’apparence robuste a-t-elle pu se faire imposer une fellation par un homme, massif certes mais de 62 ans, en aussi peu de temps ? Le mystère de le suite du Sofitel reste entier !
Cette fraction féministe, qui continue de manifester massivement (une cinquantaine), me rappelle « Ni putes, ni soumises » manifestant devant le siège du PS au moment du vote de la loi anti-niqab. Pour elle DSK, le richissime blanc, directeur du FMI, est coupable, forcément coupable ; la plaignante noire et femme de ménage ne peut qu’être victime. Foin des preuves et de cette présomption d’innocence fruit du droit bourgeois et machiste.
Des réactions convenues
Pour le reste des réactions, à droite rien de nouveau : "DSK a TF1 un vieux comédien insincère et finalement terriblement indécent". D. Bussereau*, "Numéro de communication bien réglé. très préparé. Mais tellement surjoué !" N. Dupont d’Aignan. Sans oublier le phénix du Poitou, Jean-Pierre Raffarin : "DSK sur TF1 : plus à l'aise pour afficher sa compétence que sa sincérité". Christ-hi-han Jacob a trouvé l’émission pathétiqueet son maître Copé dérisoire et triste.
Du côté du PS, tout aussi prévisible, sauf Montebourg qui fait plutôt dans le style Copé, on est pressé de tourner la page, et ses amis, enfin ceux qui ont le courage de s’afficher encore comme tels, l’ont trouvé bon. « Son intervention remarquable était pleine d'émotion et de justesse. » (J. Lang).
Il manque l’inévitable radio-trottoir qui nous dirait ce qu’en pense le sage homme de la rue (mais peut-être l’ai-je raté, en m’attardant sur Euronews qui donne parfois des nouvelles des restes du monde).
Les dents gâtées de DSK
Pour compléter, en bon bobo du bas-poitou (espèce rare) abonné d’Arrêt sur images, je n’ai pas été surpris par le mot quotidien de D. Schneidermann, qui ferait passer Gisèle Halimi pour une modérée dans l’anti-DSKisme. Au départ du super Copé ; mais, information totalement inédite, j’ai appris que les dents du bas de DSK étaient gâtées ! C’est bien connu, la pipe gâte les dents. Il ajoute que c’est le « seul détail discordant avec la créature photoshoppée qui jouait au Grand de ce monde détrôné par un destin injuste. Et tandis que déroulait ses fastes, sur le pont supérieur, le numéro parfait qui amusait la croisière, les chicots du bas, rebelles, mal-pensants, archaïques, moyen-âgeux, limite hétérodoxes, totalement a-présidentialisables en tout cas, jouaient leur partition propre, suggérant l'aveu grimaçant… » Depuis l’incisive limée de Mitterrand, ce doit être un exemple unique de commentaire dentistique.
Eh bien cela, les douze millions et quelques de téléspectateurs, qui n’ont pas l’acuité visuelle du patron d’Arrêt sur images pour scruter la bouche gorgonesque de DSK, ne l’ont certainement pas perçu.
Et, si j’ai bien compris, le message était clair : bon, d’accord j’ai fait une connerie (une « faute morale », politique plutôt), mais je l’ai payée comptant ; pour le moment je suis sur la touche, mais on aura sans doute besoin de ma compétence un jour.
Au fait, pendant ce temps-là l’Espagne battait la France en Basket et l’OL marquait deux buts à l’OM (Tapie reviens !).
* A noter que bubusse qui traite DSK de vieux n’a que 3 ans de moins…