Souvenez-vous, le 2 juillet 2008 Charlie Hebdo publiait une chronique de Siné ou celui-ci fustigeait l’arrivisme de Jean Sarkozy en ces termes : "Jean Sarkozy, digne fils de son paternel et déjà conseiller général de l'UMP, est sorti presque sous les applaudissements de son procès en correctionnelle pour délit de fuite en scooter. Le Parquet a même demandé sa relaxe ! Il faut dire que le plaignant est arabe ! Ce n'est pas tout : il vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d'épouser sa fiancée, juive, et héritière des fondateurs de Darty. Il fera du chemin dans la vie, ce petit ! ». Le 16 juillet le dessinateur apprenait dans Charlie Hebdo qu’il était renvoyé, accusé d’antisémitisme par Philippe Val.
Devant la surprise après ce renvoi express, les soutiens apportés au viré, BHL prit sa plus belle plume pour commettre une longue opinion dans Le Monde : « De quoi Siné est-il le nom ? » (21/07/08). De l’antisémitisme bien sûr. Sans jamais citer une ligne du texte incriminé, il fait un implacable réquisitoire : « La question n'est pas de savoir si tel ou tel - en l'occurrence Siné - "est" ou "n'est pas" antisémite. Ce qui compte ce sont les mots. Et ce qui compte, au-delà des mots, c'est l'histoire, la mémoire, l'imaginaire qu'ils véhiculent et qui les hantent. Derrière ces mots-là, une oreille française ne pouvait pas ne pas entendre l'écho de l'antisémitisme le plus rance.
Derrière cette image d'un judaïsme tout-puissant auquel un Rastignac contemporain se devrait de faire allégeance, elle ne pouvait pas ne pas reconnaître l'ombre de notre premier best-seller antisémite national : "Les Juifs, rois de l'époque", d'Alphonse Toussenel (1845). C'est ainsi. C'est affaire, non de psychologie, mais d'acoustique, donc de physique, de mécanique. » La porte-parole de la bande à Baader est même convoquée !
Il obtenait le soutien de Jean-Paul Enthoven qui dans un amalgame hardi prêtait aux anticléricaux « une incontestable, mais fâcheuse, généalogie » d’antisémitisme chrétien, bien illustrée par un Bernanos écrivant : «Hitler a déshonoré l'antisémitisme».
Siné avait déjà été relaxé par la justice en février 2009. Relaxe confirmée en appel en novembre 2009. Mais, à cause de l’acharnement de la LICRA, ce jugement fut cassé par la cour de cassation.
Le Tribunal de Grande Instance de Paris lave, à nouveau, Siné de cette infâme accusation d’antisémitisme !
Il juge qu'"il ne peut être prétendu que les termes de la chronique de Siné sont antisémites... ni que celui-ci a commis une faute en les écrivant..." Cette chronique, rappelle le jugement était d’ailleurs soumise à la relecture du directeur de la publication, Philippe Val ! Le tribunal reproche aussi à Val l’absence de préavis et la « façon d’annoncer à un collaborateur que le contrat liant les deux parties a cessé ».
Charlie Hebdo devra publier un bandeau en première page : « Par jugement du 30 novembre 2010, le tribunal de grande instance de Paris a condamné la société Les Editions Rotatives, société éditrice du journal Charlie Hebdo, à payer à M. Maurice Sinet dit Siné la somme de 40 000 euros à titre de dommages et intérêts pour rupture abusive de leur collaboration à la suite de la parution de la chronique de Siné dans le numéro du 2 juillet 2008 ».
Parions que BHL, Enthoven et les autres vont battre leur coulpe et demander pardon à Siné… Et Philippe Val puiser dans son épargne pour contribuer aux dommages et intérêts dont il est responsable et coupable…
Je rêve ? Ah bon !
Source : @si